Viticulture : ça bouchonne pour mettre le vin en bouteille en Occitanie

Y aura t-il du rosé en bouteille cet été ? Allez-vous l'acheter s'il n'est pas dans du verre transparent ? Depuis plusieurs mois, la filière viticole est confrontée à une pénurie de bouteilles en verre blanc. Un embouteillage chez les viticulteurs que la guerre en Ukraine est venue compliquer.

Il y a d'abord eu la crise du Covid, le confinement et des employés malades quand l'activité a repris. Puis des mouvements sociaux qui ont paralysé un peu plus la production de bouteilles en verre. Enfin le conflit ukrainien qui fait sauter le bouchon de l'embouteillage. La pénurie de verre est une réalité chez les viticulteurs d'Occitanie.

Panne sèche de bouteilles

Désormais quand les vignerons passent commande pour mettre leur vin en bouteille, les délais s'allongent. Et même quand elles sont validées, quelques heures avant la livraison prévue, elles sont encore retardées, voire annulées. Une situation qui exaspère fournisseurs de bouteilles et producteurs de vin.

La société "Embouteillage services" basée au Pouget dans l'Hérault existe depuis 20 ans.

L'entreprise propose aux viticulteurs de venir mettre le vin en bouteille directement chez eux. Ils distribuent 4 M de bouteilles par an. "Quand nous commandons des bouteilles pour nos clients, les délais s’allongent. Sur des références standard, on est passé de 10 jours à 2 mois. Et on ne peut pas tout avoir. Le verre blanc, transparent, est celui où il y a le plus de rupture. Mais tous les modèles sont impactés. C'est du jamais vu", déclare Guillaume Roussard l'un des responsables commerciaux d'Embouteillage services.

Cette année, les prix des bouteilles ont été réajustés à 2 reprises pour atteindre 20 à 25% d'augmentation en tout.

Du rosé dans des bouteilles vertes

Chez les viticulteurs et dans les coopératives, il faut donc s'adapter. La situation est délicate, à 4 mois des nouvelles vendanges, et alors que les cuves et fûts sont plus remplis que d'habitude. 

Vinovalie qui regroupe des producteurs du gaillacois, du frontonnais mais aussi de Cahors est confronté au quotidien à cette difficulté. Parmi les fleurons de la production, la cuvée Inès.

Une AOP fronton double championne du monde des rosés en 2016. Une bouteille de prestige singulière, sérigraphiée, exportée dans le monde entier. Le prix de cette bouteille atypique a augmenté de 20%. "Ce n'était pas possible de continuer car nous ne pouvons pas répercuter la hausse comme ça chez nos clients, reconnaît un employé de Vinovalie. Comme nous sommes partenaires de la verrerie Ouvrière d'Albi (groupe Verallia), nous avons pris une bouteille équivalente mais avec une étiquette toute simple qui est simplement collée. Il a fallu arrêter la sérigraphie mais aussi nos bouteilles magnum. Pour le Tarani, les difficultés sont les mêmes, même si nos fournisseurs ne sont pas en Ukraine, mais en France ou en Espagne".

Conséquence de cette pénurie : annulation, report, changement de contenant et des clients paniqués. Alors ils se tournent vers d'autres modèles. Mais il faut garder le même gabarit car sinon, les bouteilles ne rentrent plus dans les cartons déjà commandés. Des emballages qui ont eu aussi augmenté de 25%. 

Le marché est tendu et il faut souvent parer au plus pressé si on veut vendre son vin, quitte à rompre les traditions comme celle du rosé en bouteille transparente !

Nous avons eu 2-3 clients tellement désespérés que nous avons mis du rosé dans des bouteilles vertes. Du jamais vu !

Guillaume Roussard, responsable commercial chez Emballage Services

Parfois la solidarité joue aussi. "Quand la relation avec le client est bonne, on va appeler les grosses structures qui ont du stock pour voir si on peut dépanner les petits viticulteurs", reconnaît Guillaume Roussard. 

Les marges se réduisent. Traditionnellement, des distributeurs de verre comme Emballage Services réalisent 70% de leur chiffre d'affaires de janvier à juillet. 

Des tensions depuis 6 mois dans la production de verre

Comme pour d'autres secteurs économiques, la crise du Covid a paralysé le secteur viticole. Tout au moins pour la consommation de vin en bouteille car celle en cubis a fortement augmenté. Puis il y a eu la reprise. Plus rapide et plus forte que prévu. Il a fallu trouver des bouteilles. Le personnel des verriers comme les autres a été touché par le Covid. Certaines lignes de production chez deux gros verriers comme le français "Verallia" ou l'américain "Owens Illinois", n’ont pas tourné à plein régime à cause de l’absence de personnel.

En tout début d'année, les 2 grossistes ont aussi été touchés par des conflits sociaux qui ont paralysé l'activité et entrainé la fermeture définitive d'un four. Pour pousser le bouchon encore plus loin, des usines en Espagne ont été bloquées en raison d'une grosse grève des transports.

Dernier point, le conflit ukrainien a provoqué une hausse du prix du verre de 40%, à cause de la flambée des cours du gaz et du pétrole pour les produire. Sans parler de "Verallia" qui a tout simplement stoppé sa production en Ukraine. En tout, 7 usines qui produisaient du verre exporté dans toute l'Europe ont fermé. 

Voilà pourquoi aujourd'hui la filière viticole voit rouge. Un problème de contenant plus que de contenu... En toute transparence.

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