Onze opposants au projet d'autoroute entre Castres et Toulouse étaient convoqués à la gendarmerie dans le Tarn, ce jeudi 30 mai 2024. Tous ont passé la journée en garde à vue sans poursuites judiciaires à la clé.
Plusieurs militants ayant organisé ou participé à une manifestation contre l'autoroute A69 le 9 décembre 2023, ont été placés en garde à vue ce jeudi 30 mai, dans le Tarn. Onze militants avaient été convoqués dès 8h30, dans plusieurs gendarmeries du sud du Tarn, "pour les isoler, pour briser le mouvement de soutien", selon le collectif La Voie est Libre.
Ces opposants au projet autoroutier entre Castres et Toulouse ont été entendus pour des faits de "complicité de destruction de bien d'autrui" ou "complicité de violence" sur gendarme.
"Des convocations sans fondement"
L'une des militantes étant actuellement à l'étranger, ce sont finalement 10 opposants à l'autoroute A69 qui ont passé une bonne partie de la journée en garde à vue avant de ressortir aux alentours de 17h, sans que des poursuites judiciaires soient engagées à leur encontre. Ce qui fait dire au collectif La Voie est Libre, que "ces convocations étaient vraiment sans fondement".
"Ce qui m'est reproché est totalement fallacieux", avait d'ailleurs déclaré, peu avant d'entrer dans la gendarmerie de Castres, le militant écologiste et défenseur des arbres, Thomas Brail.
"Infraction tirée par les cheveux"
Le 9 décembre 2023, une manifestation est organisée contre les centrales à bitume qui vont produire plusieurs centaines de milliers de tonnes de revêtement de l'autoroute. À cette occasion, la préfecture avait déploré le non-respect du parcours déclaré, ainsi que des jets de pierres et tirs de fumigènes sur les forces de l'ordre. "Des chefs d'inculpation extrêmement graves qui auraient entraîné des présentations immédiates devant la justice si les faits étaient constitués", relève ce jeudi soir le collectif d'opposants.
Michel, à 78 ans, c'est pas lui qui va jeter des pierres sur des militaires.
Un porte-parole du collectif La Voie est Libre
"L'infraction est vraiment tirée par les cheveux et particulièrement inquiétante (...) N'importe quelle personne qui voudrait participer à une manifestation serait complice des faits de violence et dégradations qui seraient commis", a estimé, de son côté, Me Claire Dujardin, l'une des avocates des gardés à vue.
Batterie de questions et des perquisitions
Pour toutes les personnes entendues ce jeudi 30 mai 2024, la garde à vue s'est avérée éprouvante. "Les gendarmes ont posé beaucoup de questions pour tenter de comprendre la mécanique de la lutte. Pour les faire culpabiliser", estime La voie est Libre.
Certains domiciles des gardés à vue ont également été perquisitionnés. "Le but, c'était vraiment de faire mal et de nous fatiguer", rajoute un membre du collectif d'opposants. Outre cette dizaine de convocations ce jeudi, d'autres ont été organisées de manière plus isolée auparavant. Selon le collectif, sur cette procédure, il y a eu au total une vingtaine de personnes visées.
Selon le collectif d'opposants à l'A69, 250 à 300 personnes se sont retrouvées lors d'un nouveau rassemblement organisé, ce jeudi soir à Castres, tandis qu'un nouveau week-end de mobilisation, baptisé "Roue Libre" est annoncé du 7 au 9 juin.