En Occitanie, certains lacs, servant notamment de réserves pour la production d'électricité, sont largement en-dessous de leur capacité de plein hiver. Phénomène inquiétant ? Éléments de réponses avec deux spécialistes de la gestion de l'eau.
La Raviège (Tarn), Matemale (Pyrénées-Orientales) ou encore Montbel (Ariège) … Plusieurs lacs sont en manque d'eau en Occitanie. Au point que cela en devienne préoccupant ? On a tenté de déterminer les raisons de ce déficit d'eau, et également ce que cela peut engendrer pour la gestion de l'eau et la production de l'énergie hydraulique.
"Les lacs devraient se remplir"
La Sméag (Syndicat mixte d'études et d'aménagement de la Garonne) est en charge de la gestion de certains lacs en Occitanie, notamment pour l'étiage. Bernard Leroy, qui assure les opérations d'étiage de la Garonne, n'est pas inquiet de voir ces lacs presque vides. "Ils ont été mobilisés pendant la sécheresse intense et rare de l'été dernier. Ils devraient se remplir avec des épisodes de neige et de pluie jusqu'à mi-mars" argue-t-il.
"18 m3 d'eau écoulés par seconde dès juillet" pour l'étiage
EDF assure, quant à elle, la gestion de 65 grands barrages et 82 centrales hydro-électriques. L'entreprise est chargée de l'exploitation des lacs de la Raviège et de Montemale. "On est garant du multi usage de l'eau, en toute sûreté" indique Christophe Cortie, directeur d'EDF hydro sur la vallée du Tarn-Agout.
La société garantit l'approvisionnement en eau potable, le soutien d'étiage, et la préservation de la biodiversité et des activités touristiques. Elle produit également de l'énergie hydro-électrique.
Christophe Cortie est évidemment au courant du manque d'eau que connaissent ces lacs. Comme Bernard Leroy, il le justifie par "un été très sec, sévère en terme de sécheresse".
Pour combler ces manques repérés dès le début de l'été, des opérations d'étiage ont dû être effectuées mi-juin (au lieu de juillet ou août), jusqu'en octobre 2022. Un record. "On a atteint 18m3 d'eau écoulés par seconde pour le soutien d'étiage fin juillet" signale Christophe Cortie.
"On attend les précipitations"
Les retenues d'eau ont peiné à se combler à cause du manque de pluie. C'est ce qui explique ces photos de lacs presque à sec. "La situation est tendue" reconnaît le directeur. "Mais il n'y a rien de critique. Le lac de la Raviège a déjà été plus bas qu'en ce moment."
Surtout, les prévisions météo sont plutôt rassurantes car la pluie est de retour dès la semaine prochaine. "Clairement, on attend ces précipitations" reprend Christophe Cortie. "On verra également l'intensité de la neige car sa fonte permet de remplir les cours d'eau".
L'intérêt de la production hydro-électrique est que les systèmes s'ajustent en fonction des pics de consommation des usagers. Et ils sont très réactifs : ils peuvent produire entre 600 et 900 mégawatt de puissance en cinq minutes.
Christophe CortieDirecteur d'EDF hydro du Tarn-Agout
"Aucun souci pour la production hydro-électrique"
La question se pose aussi pour la production hydro-électrique, qui pourrait être impactée par ce manque d'eau. Mais là encore, Christophe Cortie se montre rassurant. "Il n'y a aucun souci d'exploitation car il y a toujours de l'eau en stock pour faire fonctionner les machines" garantit-il.
"L'intérêt de cette production est qu'elle s'ajuste en fonction des pics de consommation des usagers. Les systèmes sont très réactifs : ils peuvent produire entre 600 et 900 mégawatt de puissance en cinq minutes" ajoute Christophe Cortie.
La gestion de l'eau, "un vrai enjeu"
L'équilibre entre la gestion de la consommation de la population, et le niveau de l'eau à maintenir est donc assuré d'après le salarié d'EDF. En tout cas, à court terme. "Sur le long terme, la question se pose si l'on a des gros besoins d'électricité, comme il y a quelques semaines" admet-il.
Pour ce directeur, la gestion de l'eau est donc devenue "un vrai enjeu" aujourd'hui, "difficile à gérer" mais "réalisé en bonne intelligence avec l'ensemble des parties prenantes".