Le compromis proposé ce vendredi matin par les écologistes a été rejeté par les agriculteurs partisans du barrage.
Les discussions visant à trouver un compromis sur le barrage de Sivens (Tarn) semblaient résolument dans l'impasse, après le refus catégorique par les partisans du projet d'un "compromis" proposé vendredi par les écologistes.
"Nous sommes prêts à faire un compromis", a expliqué à l'AFP Ben Lefetey, porte-parole du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, à l'issue d'une réunion à Toulouse entre les anti-barrage et les experts chargés par la ministre de l'Écologie Ségolène Royal de trouver des "solutions alternatives" au projet contesté.
La solution prônée par les opposants consisterait à abandonner le barrage sur le site de Sivens et à utiliser plutôt des retenues collinaires existantes, des ouvrages de stockage d'eau construits par les agriculteurs eux-mêmes, remplis par
les eaux de ruissellement ou de pompage.
"Si les besoins en eau d'irrigation ne sont pas entièrement satisfaits", une nouvelle retenue collinaire serait construite, mais pas à Sivens, a précisé Thierry de Noblens, président en Midi-Pyrénées de France nature environnement (FNE), à laquelle appartenait Rémi Fraisse, botaniste tué par une grenade des gendarmes le 26 octobre lors d'affrontements sur le chantier du barrage.
Mais les pro-barrage ont balayé du revers de la main ce "compromis". "Ils s'imaginent que des gens qui sont déjà sous contrainte vont lâcher de l'eau à des fins collectives", a ironisé Philippe Jougla, président de la FDSEA du Tarn, tout puissant syndicat agricole grand défenseur du barrage. M. Jougla, qui est également vice-président de la Chambre d'agriculture du Tarn, continue à favoriser "un ouvrage à l'identique" avec pour seule transformation une réduction du volume d'eau alloué à l'irrigation, après les critiques des experts sur le "surdimensionnement" du projet.
"On est dans des positions irréconciliables", reconnaît le syndicaliste. Les pro-barrage ont "une position idéologique", dénonce Ben Lefetey. "Pour eux, perdre le barrage de Sivens serait une victoire des écolos", estime-t-il, soulignant que seul l'abandon du projet pourrait faire partir la grosse cinquantaine de zadistes qui occupe encore le site.
Le porte-parole "voit mal comment" le barrage pourrait être maintenu, en particulier après la procédure d'infraction lancée fin novembre par l'Europe contre la France pour "détérioration de l'état écologique de la masse d'eau". L'Union européenne était censée contribuer à hauteur de près du quart au financement du barrage, d'un coût de 8,5 millions d'euros.
Les experts doivent remettre leur rapport final la semaine prochaine à Mme Royal. "La décision est maintenant politique", estime Alain Hébrard, de la Confédération paysanne, syndicat agricole anti-barrage qui participait lui aussi à la réunion de vendredi matin.