La mort de Rémi Fraisse le 25 octobre 2014 à Sivens résulte du choix "délibéré" de "l'autorité politique" de faire exercer "par les forces de l'ordre un niveau de violence considérable" pour évacuer les opposants du site, affirme vendredi dans un rapport La Ligue des Droits de l'Homme.
Un constat accablant
"Déficit démocratique" dans la décision de construction du barrage, "gestion catastrophique des opérations de maintien de l'ordre" et "désinformation organisée", la commission d'enquête citoyenne de la LDH fait un constat "accablant" des circonstances qui ont conduit au décès du jeune militant écologiste de 21 ans, tué par une grenade offensive lancé par un gendarme, dans la nuit du 25 au 26 octobre, sur le site de Sivens.Des "acteurs" du projet absents de l'enquête
La commission s'est basée sur l'exploitation d'articles, blogs, vidéos, et l'audition de 34 "militants zadistes, responsables politiques et associatifs locaux", témoins "de l'ensemble ou de certains événements" survenus sur la zone. Le président du conseil général du Tarn, le préfet et le commandant de gendarmerie n'ont pas souhaité être entendus, déplore-t-elle.Niveau de violence considérable
Selon ce rapport de 75 pages, que la LDH dédie à la famille de Rémi Fraisse, "l'analyse attentive et détaillée" de l'organisation des opérations de maintien de l'ordre à Sivens "démontre sans ambiguïté que, pour parvenir à faire évacuer définitivement le site de ses occupants, l'autorité politique a délibérément pris le parti de faire exercer à leur encontre, par les forces de l'ordre, un niveau de violence considérable".La survenance d'un drame et la mort d'un homme étaient dans la logique du dispositif mis en place.
Pas le procès des forces de l'ordre
Se défendant de vouloir "faire le procès des forces de l'ordre", elle déplore "l'absence de traçabilité précise des ordres donnés", qui est selon elle "le meilleur moyen pour l'autorité politique de se défausser de ses responsabilités". La commission demande que lors d'opérations de maintien de l'ordre, "les ordres transmis par l'autorité civile soient désormais écrits et identifiables".Elle souligne que si "certains opposants ou prétendus tels, venus sur le site le 25 octobre" (20 à 30 personnes), étaient venus "pour en découdre avec les forces de l'ordre", ils avaient "des moyens matériels limités" qui, "à l'exception de quelques rares engins incendiaires", n'étaient "pas de nature à mettre sérieusement en danger les forces de l'ordre".
En dehors de ce groupe, "certains des opposants se sont livrés à des actes de violence sous l'effet de l'exaspération et de la colère face à la brutalité dont ils faisaient l'objet", explique-t-elle.