VIDEO: Immersion dans le bleu intense de l'indigo, entre nature et artisanat

Voyage au pays de l'indigo. Découvrez l'univers fascinant de cette teinture au bleu lumineux, éclatant. Une immersion proposée par Françoise Carayol installée dans le charmant village de Lautrec dans le Tarn.

Françoise Carayol s’est passionnée pour la teinture naturelle. Installée dans le Tarn, elle transmet aujourd’hui son savoir de teinturière dans le cadre d'ateliers et de stages. Elle teint des vêtements qu’elle commercialise à la ferme au village à Lautrec.

Les richesses ne sont pas dans le porte-monnaie ! Sans magasin, tout se trouve dans la nature. Il suffit d’y prêter attention et de retrouver les savoirs perdus.

Au fil des siècles, les hommes ont expérimenté les ressources de leur environnement et entre transmission et exploration de la nature, certaines plantes ont été privilégiées pour la teinture des textiles. C'est le cas notamment de l'indigo.

Lorsque nous avons filmé Françoise en train de teindre, nous avons été hypnotisés par l'apparition de la couleur, la révélation du bleu.

Les plantes à pigments indigo

Pour arriver à teindre un textile en bleu, on utilise des plantes tinctoriales à indigo comme l'indigotier Indigofera tinctoria, le pastel Isatis tinctoria en Europe, la renouée des teinturiers, Persicaria tinctoria en Asie Orientale.

• Le Pastel des teinturiers ou guède (Isatis tinctoria L.) était largement cultivée dans notre région. C'est une espèce de plante herbacée bisannuelle, de la famille des Brassicaceae.

Elle fut utilisée comme plante médicinale et tinctoriale par les Grecs et les Romains de l'Antiquité, et fut largement cultivée au cours du Moyen Âge et de la Renaissance, en Europe, pour la production d'une teinture bleue, extraite des feuilles, avant d'être détrônée par l'indigotier, puis par les colorants de synthèse.

• L’indigo des teinturiers ou indigo des Indes (Indigofera tinctoria) est un arbuste des régions chaudes de la famille des Fabacées dont les feuilles sont utilisées pour la préparation de la teinture d'indigo.

Il y a plus de quatre mille ans que la plante est exploitée en Inde, au Proche-Orient et en Égypte. La culture de l'indigotier s'est répandue dans les régions tropicales et tempérées de l'Asie, de l'Amérique et de l'Afrique.

L’indigo a donné son nom au pigment bleu que l'on extrait de la plante. 

Pour répondre à la demande croissante de teinture indigo de l’industrie textile en plein développement, les Européens entreprirent la culture d'indigofera tinctoria à grande échelle dans leurs colonies du Nouveau Monde et d'Asie (Inde, Java). Le developpement spectaculaire de la culture et de l'utilisation de l'indigo ruina la culture du pastel en Europe, avant de disparaître à son tour avec l'arrivée des teintures synthétiques.

Dans le monde des teintures naturelles, le bleu c'est un monde à part, ça ne fonctionne absolument pas comme les autres couleurs

Françoise Carayol, teinturière en indigo naturel

Et il faut savoir que l’émergence des colorants de synthèse à partir du 19e siècle a eu des conséquences immenses sur la pollution de l’eau dans le monde ; Les teintures industrielles peuvent contenir des métaux lourds et des substances chimiques comme le formol, le cyanure d’hydrogène et le dithionite de sodium qui ont des effets désastreux sur l'environnement et délétères sur la santé.

Teinture naturelle avec les plantes à indigo

Il est temps de retrouver les trésors que nous offrent les plantes tinctoriales, car au-delà de la teinte, de la couleur, ce sont aussi les bienfaits de la plante qui se distillent sur votre peau !

Saviez-vous que les Touaregs, aussi appelés hommes bleus s’emmitouflaient d’un turban teint à la plante indigo afin de se protéger du froid et du chaud ; Dans le désert entre la nuit et le jour les températures passent de 0 degrés à +45°. La teinture naturelle protège des UV et des études ont prouvé les vertus antiseptiques de l’indigo.

La particularité des plantes à indigo, c'est qu'elles ne contiennent pas de pigments colorants directement transposables par le bain de teinture.

Il faut alors utiliser un procédé dit "de cuve" pour transformer l'indigo en une molécule soluble. Il existe divers procédés ; Françoise utilise une méthode traditionnelle du Maghreb par fermentation grâce à de l'infusion de henné et de dattes. C'est totalement naturel. On peut même goûter la préparation dont le goût de café, de chicorée est un indicateur de l'état qu'il faut avoir pour teindre.

À noter que ce sont les passages répétés dans la cuve qui permettent de monter les bleus en intensité, et ainsi, obtenir toutes les nuances de bleu. Dans la cuve, le linge vire au jaune et c'est au séchage, à l'oxygène que la couleur bleue apparaît comme par enchantement !