Alors que les tronçons ferroviaires à grande vitesse Toulouse-Bordeaux et Montpellier-Perpignan n'avancent pas, le gouvernement va subventionner cette même LGV entre Nice et Marseille. A 2 mois des élections régionales, la présidente de la région Occitanie affiche sa colère.
Pas question d'accepter "une France à deux vitesses" : c'est en résumé la réaction de Carole Delga, présidente de la région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée quand elle a appris le financement par l'Etat de la ligne nouvelle à grande vitesse entre Nice et Marseille, à hauteur de 40%, alors même que le gouvernement ne semble pas pressé de boucler les budgets des LGV déjà en projet de l'Occitanie.
"Une injustice territoriale"
C'est dans la presse, comme tout le monde, que Carole Delga, en campagne pour sa réélection à la tête de la région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, a appris l'accord sur le financement de la LGV Marseille-Nice avec un engagement de l'Etat à hauteur de plus d'1,3 milliards d'euros, soit 40%, le même niveau que les collectivités locales, et 20% de fonds européens. "Sur cette question primordiale de la construction d'infrastructures à grande vitesse, il ne peut y avoir une France à deux vitesses !"
Je demande au Président de la République un engagement ferme sur le même pourcentage de participation de l'Etat pour les deux LGV en Occitanie, d'autant que celles-ci sont largement plus avancées que Marseille-Nice.
Depuis 30 ans, l'Etat promet une ligne à grande vitesse entre Montpellier et Perpignan. Une question d'aménagement du territoire cruciale pour les départements des Pyrénées-Orientales et de l'Aude : Perpignan se trouve à plus de 5h30 de Paris par le train et son offre aérienne, par Air France, est aussi réduite que très chère pour un aller-retour vers la capitale.
Carole Delga précise que terminer ce tronçon dépasse les seuls intérêts français : "ce maillon manquant bouclerait enfin le corridor ferroviaire entre le nord et le sud de l'Europe, permettant de développer le fret ferroviaire et éviter ainsi des dizaines de milliers de camions chaque jour sur nos autoroutes et nos routes nationales".
Pour la région Occitanie, l'annonce d'un financement par l'Etat de la ligne nouvelle à grande vitesse Marseille-Nice est "une injustice territoriale", alors que les projets LGV d'Occitanie sont plus avancés, et soutenus par des élus de tous bords.
La revitalisation de Béziers
La région, le département de l'Hérault et les communes de l'agglomération de Béziers ont choisi de privilégier l'actuelle gare de Béziers, plutôt que d'en construire une nouvelle, afin de tenter de revitaliser le centre ville bitterois. Un investissement de 30 millions d'euros.
Mais les collectivités locales attendent depuis plus de trois ans la mise en enquête publique par l'Etat du tronçon Montpellier-Béziers, élément de la LGV Montpellier-Perpignan. "Ce maillon permettrait de gagner du temps de trajet entre Montpellier et Perpignan, d'augmenter la fréquence des TER sur la ligne littorale aujourd'hui saturée, afin d'apporter des solutions concrètes de mobilités de type RER aux habitants de l'ouest héraultais", précise la présidente de la région Occitanie.
Le financement de la ligne Bordeaux-Toulouse
La ligne Bordeaux-Toulouse est un peu plus avancée puisqu'elle a été déclarée d'utilité publique. Mais alors que les collectivités et leurs élus, toutes tendances politiques confondues, sont dans les starting-blocks depuis 2018, l'engagement financier de l'Etat se fait toujours attendre.
"Après avoir bloqué ces projets durant trois ans, de 2017 à 2020, il est inconcevable que l'exécutif ne travaille pas sur ces dossiers dans un même mouvement, et avec équité territoriale. Avec les collectivités locales partenaires et financeurs, avec la société civile, le monde économique, nous sommes tous rassemblés en Occitanie sur ces deux dossiers, vitaux pour l'attractivité et le développement de la Région, pourvoyeurs de milliers d'emplois si importants dans la crise économique que nous traversons, et dans la lutte que nous menons concrètement en réponse à l'urgence climatique." a réagi Carole Delga, en campagne pour sa réélection à la tête de la région Occitanie.
Nous sommes tous rassemblés en Occitanie sur ces deux dossiers, vitaux pour l'attractivité et le développement de la Région, pourvoyeurs de milliers d'emplois (...) et réponse à l'urgence climatique.
Carole Delga attend maintenant une réponse claire et rapide des pouvoirs publics sur l'avenir des lignes à grande vitesse d'Occitanie.