Vaccination contre la Covid-19 en Occitanie : premières piqûres lundi après-midi pour une très lente montée en puissance

Annoncé pour ce lundi 4 janvier, le début de la campagne de vaccination contre la Covid-19 va avoir dans les faits quelques retards. En Occitanie, seuls quelques-uns des 57 établissements inscrits pour cette 1ère semaine vont pouvoir commencer au jour J. Dans l'Hérault et les Pyrénées-Orientales.

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Elle doit débuter ce lundi 4 janvier 2021. La campagne de vaccination contre la Covid-19 qui doit commencer par les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) en Occitanie va décoller lentement. En réalité seuls quelques-uns des 57 établissements (47 Ehpad et 10 Unités de Soins de Longue durée) inscrits pour cette première semaine vont pouvoir commencer comme annoncé le 4 janvier.

Les premières vaccinations dans les EHPAD d' Occitanie démarreront lundi aprés-midi pour les deux Unités de Soins de Longue durée A. Balmes et Bellevue du CHU de Montpellier, l'ULSD géré par le Centre Hospitalier de Prades et celui du CH de Perpignan dans les Pyrénées-Orientales. Pour les autres, cela s'étalonnera entre le mardi 5 janvier (dans l'Aude, la Haute-Garonne et le Tarn-et-Garonne) et la fin de semaine, et même au plus tard lundi 11 janvier pour les derniers de cette première vague.

Un retard aux raisons multiples

Retard dans la livraison du vaccin, peut-être en nombre insuffisant pour l'instant au niveau national, protocole retardé avec le personnel soignant en congés ou absence de consentement des résidents comme du personnel. Les raisons sont multiples pour que la campagne de vaccination ne puisse pas réellement démarrer demain lundi.

Pas de vaccin

En cause d’abord, la livraison des vaccins eux-mêmes. Certains établissements ne savent même pas quand ils vont être livrés, d’autres ont une plage de jours pré-annoncée fluctuante. Ce sont les hôpitaux principaux de chaque département qui ont les doses à répartir, stockées normalement pour l’heure dans le super-congélateur dont chacun d’eux est désormais équipé.

Pas de personnel

La gestion au sein des établissements concernés par ces premiers vaccins à leurs résidents est difficile. Une grande partie du personnel titulaire a été en vacances pendant les fêtes de fin d’année, avec souvent de nombreux jours à récupérer après les mobilisations successives face à la pandémie.

Or "avant toute injection, il est logique d’avoir une session d’explication du protocole"  explique la responsable médicale d'un EHPAD d'Occitanie. "Explication de l’injection, qui n’est cependant pas complexe à réaliser, mais surtout du suivi renforcé nécessaire face aux possibles effets secondaires du vaccin sur certains patients. " 

Pas de consentement

Autre passage obligé, le consentement à recueillir des résidents et personnels qui définit le nombre de doses de vaccins à livrer : là-aussi certaines absences de personnels pendant la période de fête ont ralenti le processus. Par ailleurs, la décision de vaccination ne dépend pas forcément du résident ou de ses proches. Ça dépend du statut du résident.

« Il faut qu’un médecin explique bien les tenants et les aboutissants aux malades qui ont les capacités de décision, ou alors au curateur, tuteur ou personne de confiance aptes à donner le consentement final écrit. »

Une directrice d"EHPAD

Ainsi dans cette structure héraultaise qui souhaite garder l'anonymat, seule une vingtaine de résidents a accepté de se faire vacciner. Les autres ont refusé ou sont « exemptés de vaccination car ils ont déjà eu le virus. ».

Les textes de l'ARS ambigus sur le consentement des résidents

Parmi les résidents des EHPAD, il y a deux grandes catégories : ceux qui sont considérés comme "en capacité" d'accepter ou refuser le vaccin et ceux qui ne le sont pas. Pour ceux qui sont en capacité, pas d'ambiguité, ce sont eux qui décideront de leur propre vaccination.

Pour les résidents qui ne sont pas "aptes" à décider, deux cas de figures :

-Si la personne âgée n'a pas de mesure de protection juridique: la personne de confiance peut être interrogée (attention à ne pas confondre le référent familial avec la personne de confiance formellement désignée par le résident via un document formalisé et signé). En parallèle la famille est interrogée et peut échanger librement avec l'équipe médicale au sujet des vaccins. Le texte de l'ARS ne dit pas qui a le pouvoir de décision finale.

- Si la personne âgée a une mesure de protection juridique, c'est-à-dire "un résident sous tutelle, curatelle, sauvegarde de justice ou habilitation familiale, et qu'il n'est pas en capacité de décider, le référent PEUT émettre son avis. La décision finale pourra revenir au médecin traitant à la lumière des échanges avec l'équipe médicale et du dossier médical".  Si l'on s'en tient à ce texte, l'habilitation familiale par exemple, donnée à des membres de la famille désignés au préalable par le juge pour prendre des décisions en lieu et place du résident, ne permettrait pas aux seuls habilités de décider s'il doit y avoir vaccination ou non, c'est le médecin qui déciderait. Ce qui semble pour le moins contradictoire avec la promesse gouvernementale que la vaccination ne serait pas obligatoire et que chacun pourrait choisir.

La vaccination des soignants

Là-encore, les EHPAD ne sont pas prêts, et pour cause. Jusqu'à récemment, le gouvernement avait annoncé que seuls les personnels soignants "fragiles" pourraient bénéficier du vaccin en même temps que les résidents. Pour finalement annoncer que tous les soignants de plus de 50 ans y auraient droit. Entre temps, les personnels permanents ont pris quelques congés bien mérités et n'ont donc pas pu se prononcer en s'inscrivant sur la liste des candidats à la vaccination. Par ailleurs un récent sondage  réalisé fin novembre/début décembre  parmi près de 2 000 personnels soignants des EHPAD montrait que plus de 76 % des soignants étaient réticents à se faire vacciner, contre 19% prêts à le faire.

Un député héraultais prône l'exemplarité de la classe politique

 Pour convaincre de la nécessité de la vaccination, les politiques pourraient donner l'exemple. C'est en substance l'idée du député héraultais Patrick Vignal.

"Je souhaiterais que la classe politique, qui veut retrouver légitimité et crédibilité, soit exemplaire et se fasse vacciner. Nous avons besoin de personnalités connues et reconnues pour sonner la charge contre le virus".

Patrick Vignal. député héraultais LREM

Bien qu'appartenant à la majorité gouvernementale, le député héraultais dit comprendre la peur et la méfiance qui dominent:  "Peur de la crise, peur du vaccin, mais enfin de quoi parle-t-on ? Tout simplement de la peur de l’inconnu…" analyse Patrick Vignal avant de conclure : " Quelle drôle d’idée que de vouloir reprocher cette peur aux Français, elle est si naturelle ! "

Et le député, qui fait pourtant partie des troupes LREM, de rester critique

Nos concitoyens ont du mal à donner leur confiance à un système politico-administratif qui pourrait paraître à leurs yeux davantage se protéger lui-même, et moins défendre les individus.

Patrick Vignal, député LREM de l'Hérault

Du concret

Le député voudrait mobiliser les 200 médecins pompiers de l'Hérault et des tentes pour accélérer les vaccinations. Le gouvernement envisagerait quant à lui, on vient de l'apprendre, cette vaccination dans les pharmacies, comme la grippe actuellement.  A

Accélérer le mouvement, c'est aussi le souhait de Mircea T.Sofonea. Il est épidémiologiste/infectiologue à l' Institut de Recherches pour le Développement (IRD) de Montpellier et favorable à une vaccination rapide des plus vulnérables face au virus. Joane Mériot a pu le joindre par Skype ce dimanche.

Le reportage à Montpellier de Joane Mériot et Mathias Garnier pour France 3 Languedoc-Roussillon.

Pour rappel, sur les quelques 65 000 morts du Covid depuis le début de la pandémie en France, près de 20 000 décès ont concerné des malades hors établissements de santé, pour la plupart des résidents des EHPAD.

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