"Certains nous confient ne pas manger le midi" : des professeurs de l'IUT de Paris-Saclay se cotisent pour aider leurs étudiants

En raison de la cyberattaque qui a touché l'université Paris-Saclay en août dernier, une dizaine d'étudiants boursiers de l'IUT de Paris-Saclay ne peut toujours pas accéder au repas à un euro du Crous. Conscient de la précarité des étudiants de cette filière informatique, l'équipe enseignante se cotise pour les soutenir.

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À l'autre bout du fil, la voix calme de Jonas Lefevre mesure la gravité de la situation. "Certains étudiants nous confient ne pas manger le midi" glisse ce professeur qui enseigne depuis quatre ans à l'IUT d'Orsay. Une petite dizaine de ses élèves du département d'informatique ne reçoivent pas les avantages liés à leur bourse. "Un d'entre eux n'a pas encore perçu son virement et tous ne bénéficient toujours pas du repas à un euro au Crous que leur accorde leur statut", s'alarme le corps enseignant de l'IUT. 

Ces échos arrivent aussi jusqu'aux oreilles de la cheffe du département. "Des jeunes nous disent qu'ils sautent des repas deux à trois fois par semaine" souffle Banasfeh Farang-Hariri. Il n'en faut pas plus à l'équipe enseignante pour agir. Dimanche 6 octobre, la solution temporaire est trouvée. Une cagnotte est mise en place. Les enseignants peuvent passer au secrétariat pour déposer une somme d'argent s'ils le souhaitent. "En quatre jours, on a pu récolter 600 euros et en distribuer la moitié à des étudiants" chiffre Jonas Lefevre.

Une cyberattaque qui laisse des marques

L'origine du problème remonte au 11 août dernier. Ce jour-là, l'université Paris-Saclay, dont l'IUT fait partie, est victime d'un piratage informatique de grande ampleur. La méthode utilisée est celle du rançongiciel. Une cyberattaque qui paralyse un système jusqu'à ce qu'une somme d'argent soit livrée aux hackers. Requête à laquelle l'établissement ne répond pas "conformément à ses principes et aux directives gouvernementales".

La communication entre les différents services universitaires comme l'administration ou le CROUS ont été très perturbés

Jonas Lefevre, professeur à l'IUT Paris-Saclay

à France 3 Paris Île-de-France

Ralentissements, vols de données et menaces de divulgation. L'attaque laisse des traces. "La communication entre les différents services universitaires comme l'administration ou le CROUS ont été très perturbés" précise Jonas Lefevre. "Tout se remet en place petit à petit" mais les inscriptions tardives n'ont pas pu être finalisées. Pour les étudiants concernés, impossible alors d'accéder à l'intégralité de leurs droits boursiers depuis.

Ce dysfonctionnement découle d'un "gros problème de gestion du Crous" signale Banasfeh Farang-Hariri. L'organisme public demande à l'IUT de procéder à des remontées d'information classique pour valider les inscriptions. "C'est impossible avec l'état de notre système informatique" détaille la cheffe du département informatique "on a besoin qu'il nous croie sur parole". À quand un retour à la normale ? "Je ne sais pas" répond-elle, "la direction de Paris-Saclay nous dit juste : bientôt"

L'entraide, mot d'ordre de l'IUT

Le fonctionnement différent de l'IUT par rapport à l'université "nous permet d'être plus proches des élèves" détaille Jonas Lefevre. Une particularité qui n'est pas de trop dans le département informatique où les étudiants sont plus précaires qu'ailleurs. Sur les 1 500 étudiants répartis sur trois années, 45% sont boursiers. Un chiffre bien au dessus de la moyenne nationale que le CROUS estime à 30% toutes filières confondues.

À cette situation financière précaire, s'ajoute celle du logement. "La plupart d'entre eux vivent en Seine-Saint-Denis ou dans le nord des Hauts-de-Seine. Ils passent plus de deux heures dans les transports par jour" poursuit M. Lefevre qui rappelle que seulement "20% des étudiants sont parvenus à s'installer dans un logement à proximité du siège de l'IUT à Orsay (Essonne)". Les avantages conférés par le Crous sont d'autant plus indispensables, donc, pour ces étudiants.

Contacté, le Crous de Versailles n'a, pour l'heure, pas encore répondu à nos sollicitations.

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