Quatre à huit ans de prison pour avoir torturé une femme sous couvert d'exorcisme

Quatre personnes ont été condamnées en appel vendredi à des peines de quatre à huit ans de prison pour avoir séquestré et torturé Antoinette, une jeune femme qu'ils pensaient possédée par le diable, dans un appartement de Grigny (Essonne).

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Les accusés, jugés pour "enlèvement, séquestration ou détention arbitraire avec torture ou acte de barbarie", avaient été condamnés en première instance, en 2013, à des peines allant de trois à six ans de prison par la cour d'assises de l'Essonne. Des peines alourdies vendredi par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis, qui a retenu dans son verdict le chef d'accusation "d'actes de torture ou de barbarie", rejeté en première instance.

"Sur le principe, cette décision est importante", s'est félicitée Me Florence Robert, avocate de la partie civile. "La qualification pénale tient désormais compte du caractère exceptionnellement cruel et violent de ce qu'Antoinette a subi", a ajouté l'avocate.

Antoinette, aujourd'hui âgée de 22 ans, avait été retrouvée en mai 2011 dans un appartement de la cité de la Grande borne, à Grigny (Essonne). Son père, sans nouvelles d'elle, avait fini par retrouver sa trace et avait alerté la police.

Lorsque les policiers avaient pénétré dans l'appartement, ils avaient découvert la victime ligotée sur un matelas posé au sol, dans un état de faiblesse et de maigreur extrêmes. Elle venait de passer sept jours sans manger ni boire, si ce n'est un mélange d'huile et d'eau administré par ses bourreaux. "Ils voulaient m'exorciser. Ils récitaient des psaumes à longueur de journée, me disaient Démon, sors de ce corps", a raconté à l'audience la jeune femme. "Ils ne se rendaient pas compte qu'ils me faisaient du mal", a-t-elle ajouté. Dans ses réquisitions, l'avocate générale avait réclamé jeudi cinq à dix ans de prison contre les accusés, trois hommes et une femme, en invitant la cour à tenir compte des "violences inouïes" subies par la victime.

"Cette jeune femme a littéralement macéré, des jours durant, dans ses excréments, dans sa sueur, dans son sang", avait asséné Sylvie Kachaner. Quand elle a été prise en charge par les secours, "elle n'était plus que l'ombre d'elle-même", avait-elle ajouté. Les accusés, originaires des Antilles, qui se revendiquent de l'Église adventiste du 7e jour, un mouvement évangélique d'environ 13.000 membres en France, ont assuré lors du procès avoir agi "pour le bien" de la victime, se disant convaincus qu'elle était possédée.

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