Témoignage. JO de Paris 2024. "On nous avait promis 15 millions de touristes pour les JO, mais moi je ne les vois pas ces touristes", la désillusion des taxis parisiens

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Publié le Écrit par Elena Gillet

Près d'une semaine après le lancement officiel des JO de Paris 2024, les taxis n'ont pas le cœur à la fête. Franciliens en vacances, touristes pas aussi nombreux que prévu, et accès restreint aux sites olympiques, ils doivent faire face à une baisse inattendue de leurs revenus.

"Des clients ? Il n'y en a pas du tout depuis plusieurs semaines !", se désole un chauffeur de taxi, qui a souhaité rester anonyme. Dans le métier depuis 35 ans, il l'assure : il n'a "jamais connu une saison estivale comme celle-ci, à part pendant le Covid !"

Lorsque nous lui parlons, cela fait déjà plusieurs minutes qu'il attend qu'un client monte dans son taxi. "J'attends encore un peu pour faire une dernière course et puis je rentre", nous révèle-t-il, dépité. "Je travaille depuis 6 heures du matin mais je n'ai fait que 3 courses aujourd'hui. D'habitude à 15 heures j'ai déjà fini ma journée !"

Et il n'est pas le seul dans ce cas-là. Cet après-midi là, à la station de taxis du métro Convention dans le 15e arrondissement, pas moins de cinq taxis attendent en même temps. Toutes leurs enseignes sont au vert. L'un d'entre eux patiente à l'intérieur de sa voiture, la clim en route pour que l'attente soit moins difficile en raison des 30 degrés qu'affiche le mercure. "Là, j'ai dû faire 4 ou 5 courses depuis le début de la journée. D'habitude j'en fait une douzaine", nous dit-il en jetant un œil dans le rétroviseur au même moment. "On nous avait promis 15 millions de touristes pour les JO, mais moi je ne les vois pas ces touristes."

Je travaille depuis 6 heures du matin mais je n'ai fait que 3 courses aujourd'hui. D'habitude à 15 heures j'ai déjà fini ma journée !

Chauffeur de taxi depuis 35 ans

Il fait partie des 90% de taxis en Île-de-France affiliés à G7 qui avaient déclaré vouloir travailler durant la période des Jeux olympiques et paralympiques (JOP). Pourtant, lui qui est chauffeur de taxi depuis 25 ans se dit "très déçu" par le manque de clients. "Je prends souvent des clients 'VIP' et des Franciliens. Mais là, ils sont soit en vacances, soit en télétravail, soit ils ont fui Paris pour les JO. À côté de ça, les touristes ne sont pas là."

Près 50% de pertes de revenus pendant les JO

Parmi les taxis présents près du métro Convention, nombreux sont ceux qui estiment que leurs pertes atteignent au moins les 50%. "Ce n'est pas du tout ce qu'on nous avait promis", reconnaît l'un d'entre eux, déçu, avant de commenter, "les syndicats ont raison de demander des aides financières."

Ce 1er août, les principaux syndicats de la profession ont adressé une lettre au ministre des Transports Patrice Vergiete, révélée par franceinfo et reprise par l'AFP, lui demandant une compensation pour la période allant de "mars à fin octobre 2024", date estimée d'une reprise normale du trafic.

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Autre point soulevé par les syndicats : faciliter l'accès aux sites olympiques. Christophe Van Lierte, président du syndicat des taxis des Hauts-de-Seine FNDT, s'exprimait d'ailleurs à ce sujet au micro de France Télévisions. "On se retrouve avec des zones fermées où les touristes n'ont pas forcément accès. Du coup, les taxis n'ont pas beaucoup de travail", explique-t-il avant d'ajouter, "tout ça, c'est un aspect qu'il fallait prendre en compte et aujourd'hui les taxis peinent à transporter les gens."

Sur le réseau social X, le ministre des Transports a finalement assuré avoir pris la "décision de faciliter la pose et la dépose des spectateurs" pour que "les véhicules taxis et VTC [puissent] désormais accéder aux périmètres rouges des JOP sans restrictions".

Il a également assuré à l'AFP qu'il prendrait en compte "toutes les problématiques soulevées par les fédérations de taxis dans le cadre de ces Jeux olympiques et paralympiques" et s'engageait "à étudier les demandes émises par le secteur".

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