Témoignages. Périphérique à 50 km/h : une semaine après, qu'en pensent les voisins du périph

Déjà un premier bilan de la mairie de Paris, après le passage du périphérique à 50 km/h. Les élus évoquent des effets bénéfiques, avec une baisse des nuisances sonores. Qu'en pensent ceux qui vivent au bord de cette autoroute urbaine ?

Le périphérique parisien à 50 km/h améliore-t-il la qualité de vie de ses voisins ? Oui, à en croire la Ville de Paris. Elle vient de publier un premier "bulletin du périphérique", vendredi 18 octobre. Qu'en est-il, côté habitants et travailleurs qui vivent à proximité immédiate du périphérique ?

De la baisse du bruit à l'indifférence

Après 30 minutes de trajet depuis la rédaction de France 3 Paris-Île-de-France, premier arrêt à la porte de Bagnolet. Un nœud routier important de la région, à l'est de Paris, où le périphérique croise l'autoroute A3. Elle mène vers la Seine-Saint-Denis, l'aéroport de Roissy (Val-d'Oise) mais aussi vers le nord de la France.

Autant de circulation qui peut être source de bruit. C'est ce que ressent notamment Hicham, 48 ans. Si cet agent de sécurité de l'hôtel Novotel de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) confie ne pas trop se soucier du son autour, il note tout de même une amélioration. "J'entends un peu moins le bruit désormais, quand je fais ma ronde de sécurité. Il reste tout de même les accélérations et les décélérations", décrit-il. 

Une amélioration que partage aussi Chantal, quelques mètres plus loin. "Il y a moins de bourdonnements et moins de bruit", confie la retraitée de 70 ans, installée depuis 1997 près de la cité de la Capsulerie à Bagnolet. Une évolution qu'elle attribue aussi au "nouveau revêtement installé", mais aussi à l'installation "de rideaux occultants et de double vitrage" chez elle. 

Retour de l'autre côté du périphérique, dans le 20e arrondissement. Dans la rue Louis Ganne, se trouve Karim*. Ce père de famille de 32 ans habite ici depuis 2004. À en croire sa réaction, rien n'a changé : "Je ne ressens pas les 3 décibels en moins dont parle la mairie de Paris, comme j'ai déjà du double vitrage. Honnêtement, je ne fais pas de différence."

Encore des klaxons et des insomnies

Retour sur nos pas, direction la porte de Versailles, dans le 15e arrondissement. Juste derrière, la commune voisine d'Issy-les-Moulineaux, dont plusieurs immeubles bordent le périphérique. Au bas de l'un d'entre eux, il y a ce restaurant libanais. À sa tête, Mike*, 35 ans. D'après lui, rien ne change, même avec une vitesse réduite de 20 km/h.

"Là, ce sont les vacances scolaires, mais ça ne change rien. Le périphérique est toujours bouché, à n'importe quelle heure, ce qui fait qu'on entend toujours les klaxons", s'indigne-t-il. Non sans s'inquiéter au passage pour ses livreurs, qui "doivent rouler à 50 km/h la nuit, même quand il n'y a pas d'embouteillages".

Un bruit ambiant qui a des conséquences dans la vie de Barua, 60 ans. Cette femme de ménage est une autre voisine du périphérique. Rue Jeanne-d'Arc, son appartement donne sur une route très passante, en plus d'être en face de l'autoroute urbaine. À en croire son ressenti, baisser la vitesse n'a aucune incidence : sa santé en prend toujours un coup. "Je n'arrive pas à dormir avec le brouhaha qu'il y a tout le temps. Quand ce n'est pas la rue en face de chez moi, c'est le périphérique", s'inquiète-t-elle. 

Des bulletins hebdomadaires de la Ville de Paris

La maire de Paris fait état sur son site internet de cinq évolutions depuis le passage à 50 km/h. Les statistiques données sont confrontées à la même période de l'année "N-1", donc du 30 septembre au 4 octobre 2023. La première observation est tirée des données de la station Bruitparif, installée à la porte de Vincennes. Il en ressort une baisse du niveau sonore de presque trois décibels. C'est la donnée principalement mise en avant par les élus parisiens.

Vient ensuite une pollution de l'air moins perceptible, toujours selon ce point de situation de la municipalité. Le dioxyde d'azote et les particules fines seraient moins présentes dans l'air. La mairie de Paris relaie une baisse comprise entre "15 μg/m3 et 39 μg/m3", pour ces deux polluants. À noter que l'équipe municipale ajoute toutefois que "la qualité de l'air est dépendante des conditions météorologiques ayant un impact direct sur la dispersion des polluants". 

Côté circulation et sécurité, la ville dit recenser "68% d'accidents en moins" et une baisse de "37%" pour les embouteillages. Des affirmations fortement remises en question, par les opposants à cette baisse de la vitesse sur le périphérique. Le député (Les Républicains) du Val-de-Marne Vincent Jeanbrun ou encore une association rassemblant certains maires d'Île-de-France se sont notamment mobilisés contre cette mesure. 

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Pour l'heure, ce choix de passer le périphérique à 50 km/h donne des idées à d'autres métropoles, en région. À Dijon (Côte-d'Or) par exemple, le maire François Rebsamen (Socialiste, radical, citoyen et apparenté) songe à limiter la vitesse de la rocade qui entoure la ville. Actuellement limitée à 90 km/h, elle pourrait passer à 50 km/h si cette décision est acceptée.

*Ces personnes ont demandé à être anonymisées