Témoignages. Réforme des retraites, des lycéens appellent au blocus de leur établissement à Paris

Publié le Écrit par Fleur Tirloy-Théron

Les lycéens franciliens ont prévu de se mobiliser mardi 31 janvier. Dès ce lundi matin, certains ont bloqué leur établissement comme le lycée Racine à Paris. Ils nous expliquent leurs motivations.

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Depuis sept heures ce lundi matin, ils font bloc. Au lycée Racine, dans le 9e arrondissement, des lycéens, de la seconde à la terminale, se mobilisent contre la réforme des retraites. Rue du Rocher, ils sont une petite centaine à manifester, mégaphone à la main. Une dizaine de policiers les surveillent en contrebas, au son de slogans comme "Macron t'es foutu, ta jeunesse est dans la rue".

Les motivations de ces jeunes sont diverses, entre inquiétudes pour leur avenir, colère contre cette réforme qu'ils jugent "illégitime" et solidarité avec leurs aînés, directement concernés. Trois d'entre eux, sous couvert d'anonymat, ont accepté de nous en dire un peu plus, sur les raisons de leur présence à ce blocage, qui se poursuivra dans la matinée du 31 janvier, avant de rejoindre le cortège de manifestants à 14 heures, place d'Italie dans le 13e arrondissement.

Julie*, lycéenne : "L'objectif pour nous c'est de montrer que la jeunesse se mobilise"

Ça peut paraître bizarre de faire une grève dans un lycée, mais pour nous c'est une façon de dire que même à deux mois du bac, on est capable de refuser d'aller en cours, de se lever très tôt pour être là, ensemble.

L'objectif pour nous c'est de montrer que la jeunesse se mobilise. On nous dit qu'il va falloir travailler jusqu'à 64 ans et que c'est une réforme de justice sociale. Mais nous savons très bien que c'est une réforme inégalitaire et que ce sont les classes les plus démunies qui vont être les plus fortement touchées, comme les femmes aux carrières fragmentées. Cette réforme va avoir un impact sur la santé mentale et physique des travailleurs, alors qu'en France il y a déjà beaucoup de burn-out.

On peut penser qu'on n'est pas concernés, mais on ne reste pas jeune toute sa vie. A un moment ça sera notre tour.

Tom

Laura*, lycéenne : "dénoncer le geste anti-démocratique"

Notre rôle, en tant que jeunes, est de dénoncer le geste anti-démocratique du gouvernement, quand 70% des Français sont contre la réforme et ne sont pas entendus.

Nous sommes tous au courant que cette réforme est politiquement amorale et honteuse. Rapprocher l'âge de départ à la retraite et celui de la mort n'est pas acceptable. Beaucoup de partis politiques considèrent que c'est une réforme injuste, même au sein de la majorité. 

Tom*, élève au lycée Racine : "le gouvernement [nous] redoute"

On peut penser qu'on n'est pas concernés, mais on ne reste pas jeune toute sa vie. A un moment ça sera notre tour, et on ne veut pas se retrouver dans la situation dans laquelle nos parents sont actuellement. La jeunesse a toujours un pouvoir immense lorsqu'elle accompagne les mouvements sociaux. Le gouvernement le sait très bien, et nous redoute. 

D'autres lycées devraient manifester ce mardi

Pour Colin Champion, président de La Voix lycéenne, la mobilisation d'autres lycées à la manifestation, ce mardi 31 janvier, est la preuve que les jeunes se sentent concernés par leur avenir. "L'enjeu de la manifestation du 31 janvier est d'être très suivie par les lycées. A Paris, une dizaine d'établissements devraient faire un blocage. Les lycéens sont concernés par cette réforme car le gouvernement nous demande de travailler deux ans de plus, alors que les conditions de vie des jeunes sont de plus en plus difficiles. Entre la précarité des étudiants, les problèmes liés à Parcoursup ou encore le manque de moyens dans l'éducation. Cette réforme, c'est la goutte de trop."

Dans un tract commun, la FIDL ou encore l'Union syndicale lycéenne appellent à reconduire les blocages de lycées "chaque jour", dès le lendemain de la grève, soit le 1er février. 

*les prénoms ont été modifiés

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