Cette semaine, "Rue des Archives" revient sur l'histoire des kiosques à journaux parisiens. Depuis le XIXe siècle, la presse s’y déverse à même la rue, au plus près des piétons. Et malgré des mésaventures financières et sociales, les 340 kiosques parisiens continuent de se moderniser et de voir leur rôle évoluer.
Quelques planches de bois assemblées contre une colonne Morris. Une multitude de titres de presse, un confort certainement rudimentaire. Le kiosque à journaux des années 1920 n'a pas grand-chose à voir avec le kiosque d'aujourd'hui. Depuis le XIXe siècle, où il est apparu dans les rues de Paris, ce point de distribution de la presse n'a cessé d'évoluer.
Mais avant les kiosques, il y avait les vendeurs colporteurs, "qui vendaient les titres au milieu de la rue", précise Marc Bollaert, directeur général de MédiaKiosk, en charge des kiosques à Paris et dans d'autres villes en France. "Sous l'ère du baron Haussmann sont apparus les premiers kiosques à journaux, en 1857. En même temps que les autres mobiliers urbains que l'on connaît : fontaines Wallace, vespasiennes, colonnes Morris et candélabres", poursuit-il.
C'est une époque fastueuse pour la presse écrite. Les Parisiens veulent leur journal, quelles que soient les circonstances... Dans un extrait d'archives Gaumont de 1932, il est question d'un accident de voiture ayant démoli un kiosque situé boulevard de Courcelles, à Paris. "Mais le commerce ne perd pas ses droits", précise le commentateur. "Quelques minutes après l'accident, la marchande servait à nouveau ses clients... La vie continue."
La (dure) réalité du métier
"C'est un métier difficile : on embauche tôt, on finit tard, on est à la pluie, au vent", convient Marc Bollaert. "Mais on participe du lien social (...) et on contribue à la liberté d'expression et d'opinion."
Une profession balottée par les flots incertains de la presse en crise du XXIe siècle. Fragilisée aussi par la restructuration de la distribution des journaux.
C'est l'une des caractéristiques des kiosquiers : leur statut de travailleurs indépendants. "Ils ont toujours été leur propre patron", confirme le directeur général de MédiaKiosk. Cette filiale de JCDecaux assure la fabrication et l'installation des kiosques, mais aussi la sélection des kiosquiers. Des professionnels dont le nombre est passé de 266 en 2004 à 360 aujourd'hui, dans la capitale.
"Ce qui évolue en ce moment, ce sont les règles de diffusion de la presse", poursuit Marc Bollaert, évocant la réforme de la loi Bichet de 1947. "Prochainement, à Paris, les kiosquiers vont pouvoir choisir les titres qu'ils auront à la vente (...) de manière à améliorer leurs ventes, et celles des éditeurs."
Les nouvelles missions des kiosques parisiens
Pour 81% des Franciliens interrogés dans un sondage Harris Interactive (2013), les kiosques sont emblématiques de la capitale. Mais que reste-t-il au juste du kiosque d'autrefois ? A vrai dire, pas grand-chose. Dans leur architecture déjà : la cabane en bois d'hier a été remplacée au fil des années par plusieurs générations de kiosques à journaux.
"Aujourd'hui, on peut rentrer dans ces kiosques. Ils sont en libre-service. Désormais, ce sont de petites boutiques au cœur des places et des grands axes", explique le dirigeant de MédiaKiosk.
"Dans les nouveaux kiosques, on va pouvoir continuer à trouver la presse (...) avoir accès à des boissons chaudes, fraîches, recharger son smartphone."
Marc Bollaert, directeur général de MédiaKiosk (JCDecaux)"Rue des Archives" - 2 juin 2023
De la simple vente de journaux à la multitude de services... "Ils vont contribuer à la diversification de l'activité des kiosquiers et permettre leur pérennité pour la diffusion de la presse", conclut-il.
📲 "Rue des Archives", c'est chaque vendredi, à 11h50, sur France 3 Paris Île-de-France. Retrouvez l'intégralité du numéro #29 consacré aux kiosques à journaux parisiens.