Le président du département et du conseil d'administration du SDIS 44 présentait ce 5 décembre son plan de recrutement de 67 sapeurs-pompiers professionnels supplémentaires. Pour la base, "le compte n'y est pas".
3,5 % de demandes supplémentaires en 5 ans. Soumise à une forte croissance démographique, les interventions des sapeurs-pompiers de Loire-Atlantique sont en constante augmentation. Mais entre les financeurs, la direction du SDIS et les hommes de terrain, le torchon brule depuis des semaines déjà.
Le conseil d'administration qui devait valider la création de 67 postes a été perturbé par quelques feux de palettes et de bruyants tirs de pétard ce mardi 5 décembre.
67 postes supplémentaires
Face à une situation devenue critique, le département annonce la création 67 postes de sapeurs-pompiers professionnels.
Un projet approuvé par le conseil d'administration dont Michel Ménard, patron du département, est président, il portera à plus d'une centaine le nombre de postes opérationnels créés depuis 2020, soit une augmentation de 15 % de l'effectif professionnel "dans un contexte financier particulièrement contraint."
"Cet effort financier est estimé à 10 millions d'euros sur la période 2024-2028", assure le département.
98 % des ressources du SDIS proviennent de la participation du département. Et les marges de manœuvre sont extrêmement réduites. Privée d'autonomie fiscale depuis 2021, la collectivité ne peut compter que sur les recettes majoritairement dépendantes de la conjoncture économique.
Entre 2015 et 2022, le montant des dépenses sociales non compensées par l'État s'élève à plus de 1,6 milliard d'euros, soit un an de budget départemental.
"Une situation qui va se tendre encore dans les mois à venir, avec la revalorisation annoncée du RSA de 4,6 % au 1ᵉʳ janvier 2024", annonce Michel Ménard, président du département et du conseil d'administration du SDIS 44.
"En 20 ans, le secours aux personnes a explosé"
"Dans l'état actuel des choses et par rapport à la charge opérationnelle maîtrisée au SDIS44, oui, 67 postes, c'est suffisant", explique Stéphane Morin, son directeur.
L'incertitude demeure sur le secours aux personnes et à ce qu'il va se passer dans les années à venir
Stéphane MorinDirecteur du SDIS 44
"70 % de l'activité est concentrée sur la période 7/19 heures. C'est sur cette période-là que nous souhaitons renforcer l'effectif. Les volontaires sont moins disponibles sur ces créneaux-là", poursuit Stéphane Morin.
"La racine de la problématique dans tous les SDIS de France, c'est la nature des missions. En 20 ans, le secours aux personnes a explosé. Il est passé de 60 à 80 % des interventions", constate le directeur du SDIS 44.
Intervenir sur des urgences, un accident de la route une crise cardiaque, sur une personne inconsciente ne pose aucune difficulté
Stéphane MorinDirecteur du SDIS 44
"Faire de l'assistance, transporter une personne à l'hôpital qui nous attend avec ses valises, du transport sanitaire simple, ça n'appartient pas aux missions des sapeurs-pompiers. C'est là-dessus que nous souhaitons reprendre la main et donc faire en sorte que nos partenaires reprennent l'activité qui est la leur", prévient le directeur du SDIS 44.
"On en espérait le double"
Hertel Véran est secrétaire départemental du syndicat Sud du SDIS 44. Après huit mois de travaux conjoint avec la direction, il en attendait plus. "On espérait la création de 130 à 150 postes, on en a que la moitié aujourd'hui."
On s'oriente vers 100 000 interventions en 2030 sur le département de Loire-Atlantique. C'est un chiffre record !
Hertel VéranSecrétaire départemental du syndicat Sud du SDIS 44
La direction du SDIS annonce le développement des gardes de 12 heures et du nombre de volontaires sur le terrain la nuit. "La mixité avec des volontaires, nous n'y sommes pas opposés", affirme le syndicaliste.
Nous ne voulons pas que les volontaires viennent remplacer les professionnels
Hertel VéranSecrétaire départemental du syndicat Sud du SDIS 44
Le compte n'y est pas
"Le compte n'y est pas" pour Pascal Boivin, président "d'Avenir secours", syndicat d'encadrement du SDIS 44.
"Force est de constater que cela va dégrader la réponse opérationnelle des centres de secours. Est-ce-que dans la longévité ça va tenir. Je ne peux pas le dire."
Le coût moyen d'un sapeur-pompier professionnel par habitant était de 86 euros.
Notre président du conseil d'administration se targue d'être passé à 71 euros. On ne fait pas la même chose avec 71 qu'avec 86 euros
Pascal BoivinPrésident de la section "Avenir secours", syndicat de l'encadrement du SDIS 44
L'intersyndicale souhaite rouvrir le dialogue. Une demande a été faite en ce sens auprès des services de la préfecture. Elle est restée sans réponse. Michel Ménard lui affirme que "sa porte reste ouverte."
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