Caroline Brémaud, l’ex-cheffe des urgences de Laval, lance "Gilets Blancs Santé"

Débarquée du poste de médecin-cheffe des urgences de l’hôpital de Laval en décembre 2023, la Docteure Caroline Brémaud poursuit son combat pour défendre le service public de santé en France et lance un mouvement baptisé "Les Gilets Blancs Santé". Elle nous explique pourquoi.

En octobre 2021, une grève touchait le service des urgences de l’hôpital de Laval. Un mouvement emmené par la Dr Brémaud, à l’époque médecin-cheffe de ce service qui se mobilisait pour dénoncer le manque de moyens, le sous-effectif chronique des urgences de la capitale mayennaise qui comptait 5 médecins alors qu’il en aurait fallu 18 selon les grévistes.

Lors de ce mouvement de grève, Caroline Brémaud en appelait au ministre de la Santé, Olivier Véran.

Quelques jours plus tard, le sous-effectif dans ce service incitait la direction de l’hôpital à fermer les urgences la nuit pendant la deuxième semaine des vacances de la Toussaint 2021.

Entendue par une commission d'enquête sénatoriale

En décembre 2021, Caroline Brémaud ira témoigner devant une commission d’enquête sénatoriale sur la situation tendue dans les hôpitaux des villes moyennes en France.

Une situation qui se tendra encore plus deux ans plus tard, à l’été 2023, lorsqu’il est décidé de fermer toutes les nuits les urgences de tous les hôpitaux mayennais. Seules les urgences vitales seront traitées.

On retrouve alors Caroline Brémaud dans le mouvement de colère pour dénoncer à nouveau ce sous-effectif et défendre le service public de la santé.

Démise de ses fonctions de cheffe de service

Quelques mois plus tard, début décembre 2023, sous couvert d’une réorganisation du service, l’organigramme de l’hôpital de Laval s’allège, Caroline Brémaud n’est plus cheffe du service d’accueil des urgences dont la direction va être désormais conjointe avec celle du Samu et du SMUR. Une nouvelle organisation pour le directeur de l’hôpital, une sanction selon la médecin urgentiste qui s’estime mise sur la touche pour avoir trop pris la parole pour défendre son service.

Loin de rentrer dans le rang, Caroline Brémaud, soutenue dans son combat par des syndicats et un collectif local de citoyens, a décidé de donner une nouvelle dimension à son action en créant "Les Gilets Blancs Santé"

"J'avais souvent dit qu'il fallait fonder un mouvement Gilets Blancs Santé, à l'instar des Gilets Jaunes, pour mobiliser n'importe quel citoyen, nous explique Caroline Brémaud, pour que tout le monde soit concerné car les problèmes de santé, ce n'est pas que l'hôpital."

Gilets Blancs Santé sur les réseaux sociaux

Gilets Blancs Santé, est né officiellement ce jeudi par la création d'un compte sur le réseau X (ex-Twitter). Caroline Brémaud est à l'origine de cette initiative avec deux autres personnes, Denis Roth, par ailleurs membre de l'ACCDM, une association de citoyens contre les déserts médicaux, et Esther Morel, une parisienne engagée dans la défense du service public hospitalier.

Le but est que ce mouvement ait une dimension nationale, insiste Caroline Brémaud qui estime que son éviction de l'encadrement des urgences de Laval montre aussi ce qui se passe pour les lanceurs d'alerte.

"En nous suivant sur les réseaux sociaux (une page Facebook a également été créée), les gens montreront qu'il y a un vrai intérêt pour les questions de santé. Les gens peuvent participer aux différentes actions, ils sont les bienvenus. Pas besoin de faire partie d'un syndicat ou d'une association. Et ceux qui font partie d'un syndicat peuvent venir aussi."

Relayer et coordonner les actions

Caroline Brémaud veut relayer sur le réseau "Gilets Blancs Santé" les actions du mouvement pour les faire connaître et les coordonner, mais aussi les articles et reportages de toute la France sur ce thème.

"Chacun peut aussi mettre un #giletsblancssante sur son profil de réseau social pour soutenir le mouvement" ajoute Caroline Brémaud. 

Concernant la nomination de Gabriel Attal comme premier ministre, celle qui est aujourd'hui toujours médecin urgentiste à l'hôpital de Laval estime qu'il faudra le juger sur les faits. "Je ne juge pas en amont, dit-elle, mais mettre la santé avec le travail (les deux sont dans un même ministère dans le nouveau gouvernement avec Catherine Vautrin pour Ministre), ça ne donne pas une bonne image de ce qui va se passer dans les mois à venir."