A quelques jours de la fin des négociations commerciales concernant la loi Egalim 2 censée garantir un meilleur revenu aux producteurs, les agriculteurs multiplient les actions coup de poing. Ils veulent mettre la pression sur l’Etat et surtout les grandes surfaces, accusées selon eux, de ne pas respecter cette loi.
Ce mardi soir, le 15 février, c’est une scène insolite dans les rues du centre-ville du Mans. 200 agriculteurs Sarthois se sont donné rendez-vous, place des Jacobins, juste devant la cathédrale. Avec l'aide de près de 50 tracteurs, à l’appel de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles 72, les producteurs veulent faire entendre leur colère.
Après quelques minutes, le cortège agricole prend la direction de la préfecture. Devant les grilles du bâtiment, les agriculteurs déversent du fumier, des pneus et autres déchets. L’objectif : interpeller les services de l’Etat.
La loi Egalim 2 au cœur des tensions
Car leur colère provient de la loi Egalim 2. Avec cet accord ratifié en octobre 2021, les contrats passés avec la grande distribution sont censés être plus équitables pour les producteurs. Les coûts des charges devant être systématiquement pris en compte. Mais selon les éleveurs, les grandes distributions ne jouent pas le jeu.
L’objectif de cette action de force : faire pression en pleine négociation commerciale des conditions de la loi Egalim 2 entre les industriels et les grandes surfaces.
Les grandes surfaces cristallisent la colère
Quelques jours auparavant, les agriculteurs montraient déjà les muscles. Ce vendredi 11 février, ils bloquent les deux Leclerc du Mans. « Notre trésorerie fond comme neige au soleil », se désole Isabelle Leballeur, éleveuse à Pruillé-le-Chétif. « Le coût de l’alimentation a augmenté de 100 euros la tonne en quelques semaines. Je ne conteste pas l’augmentation des matières premières mais le fait qu’elle ne soit pas prise en compte dans les prix. On est étranglés par ce phénomène. On travaille pour perdre de l’argent ce n'est pas normal. »
Sur le parking de la grande surface, les tracteurs et les tas de branches d’arbres, bloquent les entrées. Les éleveurs en profitent pour sensibiliser les consommateurs à l’aide de tracts et rencontrer la direction. Un échange tendu. « On cible Edouard Leclerc aujourd’hui car il met en avant le consommer local mais derrière ça il vend aussi de l’alimentation à bas prix », fustige Dominique Rousseau, secrétaire général de la FDSEA 72. « On sait que le consommateur est aussi écrasé par les charges. Il fait donc des économies sur l’alimentation. Mais nous ne demandons pas des millions juste des centimes. Par exemple, sur l’œuf, il faudrait seulement une augmentation de 4 centimes. Mais il faut que nous soyons soutenus. »
La fin des négociations est prévue le 28 février.