Lors de sa conférence de presse de mardi, le procureur de la République d'Aix-en-Provence Jean-Luc Blachon, a révélé plusieurs avancées concernant l'enquête sur la mort d'Emile. De nouveaux éléments troublants émergent.
Des premiers éléments, mais toujours des questions en suspens. Mardi 2 avril, trois jours après la découverte des ossements du petit Emile Soleil à proximité du hameau du Haut-Vernet, le procureur de la République d'Aix-en-Provence a tenu une toute première conférence de presse. Au cours de cette prise de parole, Jean-Luc Blachon a dévoilé les premiers résultats de l'enquête concernant la mort du garçon de 2 ans et demi : le crâne présente des traces de morsures et des fissures post-mortem ; des vêtements ont été retrouvés près du lieu de la découverte du crâne ; la randonneuse a ramené le crâne chez elle, avant de joindre la gendarmerie. Avec ses nouveaux éléments, plusieurs interrogations émergent.
"Je ne peux affirmer aujourd'hui que chaque mètre carré a été foulé"
Le procureur de la République a entammé la conférence par une question centrale dans cette affaire : comment se fait-il que les ossements et les vêtements d'Emile ont été retrouvés dans une zone pourtant quadrillée lors des battues de l'été dernier ?
Jean-Luc Blachon a pris un temps pour rappeler le contexte. Le crâne a été découvert à environ 1,7 kilomètre à vol d'oiseau du hameau du Haut-Vernet, a-t-il précisé. Soit 25 minutes de marche pour un adulte. Cet ossement se trouvait "sur le sol d'un chemin étroit, un chemin forestier suivant une ligne de niveau, avec une très forte déclivité", de l'ordre de 30%.
Les lieux de découverte des vêtements et du crâne ont été fouillés lors des battues organisées juste après la disparition. Des chiens pisteurs, des hélicoptères dotés de caméras thermiques avaient notamment arpenté et survolé la zone.
Le procureur de la République a insisté sur la difficulté d'accéder à cette zone, et sur les conditions météorologiques particulières : les températures avoisinaient alors les 30 degrés à l'ombre, compliquant le travail de recherches.
Jean-Luc Blachon a signalé en outre que les chiens spécilisés dans la recherche de restes humains, déployés le 23 juillet, n'ont eux pas parcouru ce sentier. "Je ne peux affirmer aujourd'hui que chaque mètre carré a été foulé par un membre des équipes de recherche", a-t-il déclaré.
La promeneuse, "une femme qui voulait bien faire"
Durant la conférence de presse, Jean-Luc Blanchon est revenu sur la découverte du crâne par une "promeneuse", le 30 mars, entre 12 heures et 14 heure, "lors d'une promenade sur un chemin qu'elle se souvient avoir arpenté plus d'un mois avant". Une question se pose alors : si cette personne a déjà effectué ce même trajet, est-ce possible qu'elle n'ait pas vu le crâne ? Ou bien a-t-il été déposé au cours du mois dernier ?
Le procureur a poursuivi : "Perturbée par cette découverte, elle s'est saisie du crâne, en prenant des précautions pour ne pas le souiller, et l'a placé dans un sac en plastique. Elle est rentrée chez elle, et a appelé la gendarmerie."
Que signifie "les précautions" prises par cette randonneuse ? A partir de l'instant où le crâne est touché, déplacé, cela a-t-il une incidence sur le travail des experts ? Pourquoi être rentrée chez elle avant de contacter la gendarmerie ? Toutes ses questions restent en suspens au sujet de cette randonneuse dont on ne sait que peu de choses.
La femme est décrite comme "une habitante locale", par Le Figaro qui précise que l'on "ignore encore si elle était vraiment partie faire une randonnée". François Balique, le maire du Vernet, ne confime pas cette information.
Interrogé par un journaliste au sujet du comportement de cette randonneuse, Jean-Luc Blachon l'a définie comme "une femme qui voulait bien faire". "L’ensemble des opérations menées a permis de fiabiliser sa parole et son témoignage", a-t-il conclu sans plus de précisions.
Des vêtements "éparpillés sur quelques dizaines de mètres"
"Un t-shirt, ses chaussures et une culotte" ont été découverts "éparpillés sur quelques dizaines de mètres, à environ 150 mètres du lieu où une randonneuse a ramassé les ossements samedi, a précisé le procureur, en ajouant que, près de ce sentier, se trouve un ruisseau qui descend de la montagne.
Aucun élément sur l'aspect de ces vêtements n'a été donné. Les tissus sont-ils déchirés ? Tachés ? Les intempéries les ont-elles abîmés ? La recherche d'ADN lors de l'analyse des vêtements peut être cruciale pour apprendre de nouveaux éléments sur cette enquête.
"Entre la chute, l'homicide involontaire et le meurtre, on ne peut toujours pas privilégier une hypothèse plutôt qu'une autre", a conclu le magistrat.