Alors que très peu ont été retrouvés en France, la concentration de cinq canons en bronze du XVIe siècle découverts par hasard dans le port d'Antibes offre aux chercheurs un cadre d'étude inespéré. Des plongeurs archéologues du ministère de la Culture recherchent actuellement l'épave du navire sur lequel ils auraient pu se trouver.
Ils sont à la recherche d'un trésor perdu. Depuis ce lundi 13 mars, des archéologues du département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) effectuent des opérations de fouille dans les eaux du port Vauban d'Antibes.
Ils ont pour objectif de retrouver l'épave du navire qui aurait possédé les cinq canons de bronze retrouvés fortuitement par des plongeurs en janvier 2023. Ces derniers effectuaient alors des travaux sous-marins dans le cadre d'un projet de réaménagement du port Vauban.
Des éléments en bois retrouvés
S'il n'y a pour l'instant aucune trace d'une quelconque épave, les plongeurs ont mis la main sur des "éléments de bois qui sont un peu déstructurés", explique Marine Sadania, archéologue dans ce service à compétence nationale du ministère de la Culture.
"On va les étudier pour savoir s'ils sont en cohérence chronologique avec les canons qui eux datent du XVIe siècle", précise la spécialiste. Il se pourrait donc que les morceaux de coque de navire retrouvés ces derniers jours au fond du port Vauban n'aient aucun lien avec les pièces d'artillerie découvertes en janvier dernier.
Des canons très rares
Celles-ci représentent une grande avancée pour l'archéologie française de l'époque moderne. "C'est exceptionnel. C'est la première fois qu'on retrouve cinq canons du XVIe siècle d'un coup", se réjouit Marine Jaouen, spécialiste de l'artillerie navale au DRASSM.
Les découvertes de ces armes du XVIe siècle sont extrêmement rares. De plus, il s'agit dans la plupart des cas d'objet isolé. Ici, c'est la concentration des cinq canons qui relève de l'extraordinaire.
"Avec cette trouvaille, la France double sa collection de canons du XVIe siècle."
Marine Sadania, archéologue
Ils avaient été sortis de l'eau au début du mois de janvier 2023 :
A qui appartenaient-ils ?
Selon Marine Jaouen, ces canons auraient pu se trouver sur un navire de type "galère". "Leur partie arrière permet l'amarrage au bateau. Ils devaient être montés sur des affûts pour pouvoir pivoter", constate-t-elle.
Sur trois des cinq canons, des fleurs de lys sont visibles. Pas forcément le signe que ces canons se trouvaient sur un navire armé par le roi. "La famille de Médicis avait également le droit d'arborer la fleur de lys", précise Marine Jaouen.
Et l'archéologue d'ajouter :
"En réalité, la fleur de lys ne veut pas dire grand-chose. Ces canons peuvent aussi provenir d'un navire armé par la République de Gênes par exemple, car il était fréquent de s'approprier les armes de son ennemi après l'avoir défait."
Marine Jaouen, spécialiste de l'artillerie navale
D'autant qu'à cette époque, le port d'Antibes était une place stratégique de premier plan.
Une multitude d'interrogations
"Au-delà des pièces en elles-mêmes, c'est surtout le contexte qui leur est propre qui est important", souligne Marine Jaouen. Pourquoi ces canons ? Pourquoi étaient-ils ici ? Pourquoi une telle concentration à cet endroit ? Étaient-ils sur un bateau ? Quel était le bateau qui les transportait ?
Voilà autant de questions que se posent les archéologues du DRASSM, et auxquelles ils n'ont pour l'instant pas les réponses. Pour l'instant...