L'avenir des orques du parc Marineland d'Antibes devant la justice, le point sur les différents scénarios

Ce mardi, l'association écologiste défend le destin de Wikie et Keijo devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence. One Voice s'inquiète pour leur santé. Un rapport commandé par le ministère évoque les solutions envisagées. Le Japon ? Les Canaries ? Le Canada ? On fait le point sur les solutions envisagées.

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"C’est un très long combat et tant qu’il y aura le moindre espoir, nous serons là pour elles". Ainsi s'exprime Muriel Arnal, la présidente de One Voice, interrogée par France 3 Côte d'Azur. Nouveau tournant dans le cadre de l'affaire des deux dernières orques que possède Marineland, Wikie et Keijo. Ce mardi 29 octobre, l'association écologiste One Voice s’apprête à défendre leur destin devant la justice. Une audience en appel doit avoir lieu à la cour d'appel d'Aix-en-Provence pour examiner l'idée d'un éventuel transfert de ces mammifères marins vers un autre parc.

En janvier 2024, le tribunal judiciaire de Grasse avait pris la décision d'interdire le déplacement des orques tant qu'une expertise indépendante ne s'était pas prononcée sur leur état de santé. Il y a un an, deux autres orques étaient mortes, Moana et Inouk, provoquant la colère et l'inquiétude des militants écologistes.

>> Une révolte qui trouve actuelllement une résonance politique avec le combat de Paul Watson, ardent défenseur des orques.

Depuis, l'association One Voice se bat pour que Wikie et Keijo ne soient pas transférées tant que l'expertise n'a pas été réalisée. Et elle a bien l'intention de se faire entendre devant la justice, elle appelle d'ailleurs les citoyens à manifester ce mardi.

Mère et fils prisonniers depuis leur naissance

Pour l'association, "il est évident que "Wikie et Keijo ne sont pas en état d’être transportés et doivent bénéficier de toute urgence de soins adaptés". Et d'ajouter : "Nous n’accepterons pas que les deux rescapés soient sacrifiés sur l’autel du profit !". Les deux orques sont nées en captivité à Antibes, respectivement en 1999 et 2001.

Sur leur page internet, One Voice précise : "Si la cour d’appel d’Aix-en-Provence donnait gain de cause à Marineland, les deux survivants seraient envoyés sans plus tarder dans des bassins encore plus petits que ceux dont ils sont prisonniers depuis leur naissance. Qu’ils soient transférés au Japon ou au Loro Parque de Tenerife, la mère et son fils seraient séparés l’un de l’autre, ce qui briserait définitivement leur famille et le peu d’équilibre psychique qui leur reste."

Des orques en bonne santé selon la direction

En janvier dernier, l'avocate de Marineland démentait tout "départ imminent" des orques en précisant qu'il fallait "entraîner les orques à entrer dans un brancard pour un déplacement qui arrivera un jour".

Contacté par France 3 Côte d'Azur, le chargé de communication de Marineland Valentin Ducros, affirme que "les deux orques sont en bonne santé" et qu'ils se conformeront à la loi. 

Le délibéré de la cour d'appel d'Aix-en-Provence ne devrait pas intervenir avant un délai de 2 à 3 semaines.

Depuis la loi de novembre 2021, l'avenir de ces grands mammifères marins préoccupe Marineland, associations, mais aussi élus et responsables de l'état. 

Dans un rapport du ministère de l'Environnement mené par l'Igedd (Inspection générale de l'environnement et du développement durable), deux experts indépendants évoquent les principaux scénarios étudiés pour leur avenir. Des mammifères marins qui peuvent peser 4 000 kilos et mesurer jusqu'à 8 mètres de long. Ils ont été chassés et transférés dans des parcs à une époque où peu de personnes se posaient la question du bien-être animal pour la faune sauvage.

Solution japonaise au Sea World de Kobe

Un contrat a été signé le 23 octobre 2023 entre la compagnie japonaise Granvista Hôtels & resorts qui porte le projet de KSSW et Marineland SAS pour le don de deux orques et le prêt des deux autres dans un but de reproduction, d’éducation du public et de recherche scientifique sur le comportement animal. Deux des quatre animaux sont décédés depuis.

Le parc japonais s’engage à appliquer la réglementation de bien-être animal selon les normes internationales. Pour cela, des installations destinées à accueillir les orques ont été construites selon les meilleurs standards. 

Solution espagnole au Loro Parque sur l'île de Tenerife

Le Loro Parque détient des orques depuis 2006. Il possède actuellement quatre orques (trois mâles et une femelle) dans ses installations. Le parc espagnol avait initialement dit ne pas pouvoir accueillir les orques du Marineland, faute de place, mais il se dit prêt à les accueillir maintenant qu’ils ne sont plus que deux. 

Solution bretonne de Sea Sheperd

C'est une hypothèse qui s'est rajoutée récemment. L’association Sea Shepherd France propose, avec le soutien notamment financier de Sea Shepherd international, de créer un sanctuaire marin dans la partie sud de la rade de Brest. Ce nouveau sanctuaire se trouverait sur la commune de Lanvéoc, à proximité de l’île Longue qui héberge la flotte de sous-marins nucléaires stratégiques français. La proximité de ces installations est considérée par les promoteurs comme un atout, compte tenu de la maîtrise foncière et des restrictions de navigation et de survol du site.

Solution canadienne dans un sanctuaire de Nouvelle-Écosse

C'est un projet privé porté par l’ONG nord-américaine The Whale Sanctuary Project (WSP). Situé à Port Hilford, en Nouvelle-Écosse, le sanctuaire s'étendrait sur 40 ha en zone côtière avec des bâtiments à terre.

Au début, seuls les bélugas étaient envisagés dans ce sanctuaire, car là-bas, les orques sont mal connues. Depuis, les mentalités ont évolué. L'association a recensé plus de 3.000 baleines et dauphins en captivité dans des parcs aquatiques du monde entier. Sur les réseaux sociaux, l'ONG communique sur l'avancée du sanctuaire et parle même de Wikie et Keijo, les deux orques de Marineland, dans ce post sur Facebook : 

L’ONG explique avoir prospecté plus de 130 sites avant de choisir celui-ci pour ses caractéristiques de protection contre les tempêtes, de facilités à terre et d’absence de dérangement. Des terrains ont même été achetés.

Dans la conclusion du rapport de l'Igedd, le sanctuaire canadien reste la solution privilégiée par les experts français indépendants.

Quelle est la solution préférée de One Voice ? 

L'association pour la défense du bien-être animal One Voice s'oppose à tout transfert des orques vers un delphinarium au Japon. Même refus catégorique pour le parc espagnol. Sa présidente, Muriel Arnal s'y est rendue. Elle explique qu'il y avait huit orques, quatre sont mortes : "On a l'impression que c'est une compétition : qui réussit à faire mourir les orques les plus jeunes !"

Elle déplore le temps perdu pour trouver une solution satisfaisante et précise que Wiki et Keijo sont trop faibles pour être transportées ailleurs. En revanche, le sanctuaire canadien, un endroit où il n'y a ni spectacle ni visiteurs, a sa préférence pour ces grands mammifères marins.

Les orques ne vont pas bien, elles sont très malades et donc étudier un transfert serait prématuré. Il faut d'abord les soigner pour les stabiliser avant d'envisager un transfert en avion qui pourrait durer une dizaine d'heures.

Muriel Arnal, présidente de l'association One Voice.

France 3 Côte d'Azur

Dans ce cas, One Voice financerait le transport grâce à des dons privés. Des soigneurs spécialisés seraient aussi présents au départ, à l'arrivée et pendant le transport des animaux. La présidente de One Voice prévient : "Attention, le sanctuaire n'est pas encore terminé, il est financé par des dons privés. Il reste un enclos flottant à construire, avec des soins. Un bras de mer fermé, car les animaux ne peuvent pas être autonomes en pleine mer."

Et l'aventure du sanctuaire ne s'arrête pas là. Si les orques étaient transférées là-bas, des spécialistes devront s'en occuper 24h/24. Car ce sanctuaire deviendrait un peu leur dernière maison : un vaste espace dans lequel elles seraient prises en chargées et soignées si besoin jusqu'à la fin de leurs jours. 

Après les orques, les dauphins ? 

Le problème se posera rapidement pour les dauphins et les autres animaux en captivité. Au parc Astérix, les dauphins ont été transférés en Suède dès 2021. Les responsables des parcs ont un délai de 5 ans à compter de la loi promulguée en novembre 2021 pour se mettre en règle sur la réglementation des cétacés. Ce qui laisse donc jusqu'en novembre 2026. Actuellement, les spectacles de dauphins se poursuivent toujours au Marineland d'Antibes... mais sans les orques. 

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