Ce mercredi 22 mai marque la fin du Marché du film pour les 200 exposants. Est-ce un happy end économique pour le microcosme du grand écran ? Nous avons interrogé les professionnels encore présents.
Les allées du Marché du film sont presque vides. Les exposants sont en train de ranger affiches, cartes de visite et effets personnels. Ils doivent rendre leur bureau éphémère avant 19h.
Comme dans une gigantesque foire, plus de 200 stands sont répartis entre le sous-sol du palais et sur la Croisette, dans des petits pavillons blancs. Tous ferment leurs portes avant la remise de la palme d'or samedi. Car pour ces professionnels du cinéma venus du monde entier, c’est « business first ». Mais quel bilan font-ils de l’édition 2024 ? Est-ce un happy end économique pour le microcosme du grand écran ?
France 3 Côte d'Azur a interrogé les professionnels. A gift for god ("Un don de dieu"), le film de Liana Marabini a été projeté le premier jour du festival.
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La productrice et réalisatrice retrace un aspect méconnu du chanteur américain Michael Jackson, son rapport à la religion. La moitié de ces contacts ont été pris ce jour-là et dans les trois jours suivants. Cannes, c’est un accélérateur de particules ! Elle se réjouit :
On a vraiment eu de très bons contacts. On est en négociation avec des diffuseurs et des télévisions. Cannes c’est très, très important !
Liana Marabini, productrice et réalisatrice.
Pour la distribution, la productrice est en négociation avec 16 pays dont les USA, trois pays d’Amérique du Sud, trois en Asie et une dizaine de pays en Europe. L’ambiance dans les stands est loin de l’effervescence des premiers jours. Les immenses stands suisses, indiens, sud-africains et japonais ont été désertés. Il était d’urgent de prendre le vol retour.
Mais certains ne se pressent pas pour ranger leurs affaires. C’est le cas de la société française 2D2G basée à Saint-Ouen, dans les anciens studios Harcourt qui se délocalise pendant deux petites semaines à Cannes. Même si la fermeture est dans quelques heures,
Georges-Miankiri Gamthety, l’un des cinq associés, préfère prendre son temps. Il y a encore un rendez-vous sur le stand et, dans ce métier, tout est affaire de contact. Le directeur artistique aime répéter comme un mantra : « on accompagne les films de Cannes… à Cannes ».
Car certains projets sont nés deux ans plus tôt, entre deux cloisons mal isolées, sur un coin de bureau du Marché du film. Cette année, 2D2G va s’occuper de la diffusion d’une vingtaine de films africains pour un festival en Italie et Ils ont aussi réussi à vendre trois films à Cannes.
Sortir du cliché Bollywood
Autre prise de contact gagnante : un grand magnat du cinéma indien, qui possède ses propres studios en Inde et cherche à sortir du cliché Bollywood. Il veut percer sur le sol européen et faire venir des films français, absents là-bas des grands écrans. Mais, comme dans un film à suspense, interdiction de donner son nom pour l’instant. L’officialisation se fera quand la société aura reçu le virement pour créer une société de production parisienne avec ces nouveaux partenaires.
Cannes 2025... se prépare en 2024
Des Indiens férus de cinéma qui comptent bien revenir. La société 2D2G est chargée de préparer le retour de ces invités de marque pour l'année prochaine. Et ils veulent le grand jeu : chambres d'hôtel de luxe, limousines et tapis rouge. Comme dans un film d’anticipation à gros budget, Cannes 2025 se prépare… en 2024.
Un peu plus loin, Milena Rimassa retrace le film de ces derniers jours et montre la multitude de cartes de visite rassemblées dans un sac : « Il y aura beaucoup de travail après Cannes ».
Elle est présidente d’Iris, société de production et de distribution américaine basée à Los Angeles présente dans 120 pays. Loin des grosses productions américaines, sa société indépendante privilégie la diversité, l’inclusion et encourage les films produits ou réalisés par des femmes. So frenchy ! Un documentaire qu'elle produit sur une jazzwoman, Sloane, est projeté au Festival de Cannes.
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Milena Rimassa est une habituée du Marché du film. Pour son premier Cannes en 1990, elle était enceinte de sa fille. Cette année, elle remarque la présence des taïwanais et des nord-coréens. Elle note surtout « plus de producteurs que d’acheteurs de films. Ils recherchent des distributeurs et des financeurs pour faire leurs films. »
Aucun festival ne rivalise avec Cannes, même aux États-Unis
Fine connaisseuse des répercussions cannoises, la présidente d’Iris fait les comptes et affirme : "j'ai pris 250 contacts et il en restera 10%." Elle est certaine que 20 projets étudiés iront à leur terme. Selon elle, aucun festival ne rivalise avec Cannes, même aux États-Unis. Ces dix jours en mai lui permettent de discuter et de prendre un café avec des collègues américains qu’elle n’a parfois pas le temps de voir à Los Angeles.
Cannes, pour ceux qui osent s’aventurer dans l’antre du Palais des festivals, c’est parfois le début d’une belle histoire sur grand écran.