Réélu haut la main aux départementales, le maire de Cannes réagit pour la 1ère fois avec son nouveau parti

David Lisnard (LR) a été réélu avec 78 % des voix dès le premier tour des élections départementales. Dès dimanche soir, il a réagi dans un communiqué de presse en tant que président de son nouveau mouvement "Une Nouvelle Energie pour la France." Sa stratégie pour 2022 ? 

C'est l'un des rares élus à droite qui arrive à "exploser" les scores aux élections. Avec près de 78% pour les cantonales, David Lisnard (LR) est réélu haut la main dès le premier tour des élections départementales, c'est même le plus haut score du département des Alpes-Maritimes. Dans certains quartiers populaires, se score dépasse même les 80 %.

A l'issue du scrutin, David Lisnard a réagi ainsi : "Je tiens à remercier chaleureusement la très grande majorité des Cannois qui, avec 78% des voix, ont accordé leur confiance au binôme que je forme avec Alexandra Martin aux élections départementales. Ce score est de 21 points supérieur à celui réalisé lors du précédent scrutin départemental en 2015 et nous permettra de continuer notre travail pour Cannes."

Sur le retrait du candidat écologiste Jean-Laurent Félizia, qui agite autant les médias que la classe politique, il préfère ne pas faire de commentaire. 

Comment explique-t-il ces victoires ?

J'ai une chouette équipe, j'ai des gens formidables ! On arrive avec une idée le matin, sur les inondations, la pandémie et on trouve des solutions, c'est notre mission. Même si on n'est pas d'accord parfois... Le collectif, ça c'est essentiel !

David Lisnard, candidat LR réélu au premier tour des cantonales.

En fait, le maire de Cannes récidive. Déjà, l'année dernière il s'envolait à 88 % dans sa ville aux élections municipales. Une exception à droite. Et des scores qui font pâlir d'envie les autres candidats. 

Logo de son nouveau parti, un hexagone kaki et bleu foncé

Mais, fait nouveau dans la communication politique du maire de Cannes, dès dimanche soir, il a réagi dans un communiqué de presse en tant que Président de son mouvement "Une Nouvelle Energie pour la France". Un slogan qui n'a pas été choisi au hasard, c'était presque le même en 2014, mais seulement pour Cannes :  « Une nouvelle énergie pour Cannes ». Un parti créé il y a 7 ans, pour avoir des donateurs, mais qui ne dépassait pas le cercle cannois. 

Actuellement, David Lisnard revendique 1120 adhérents, "qui n'ont pas juste cliqué pour adhérer, comme pour En Marche." Il n'y a pas de salarié, même si il en faudrait "pour se développer". Des ateliers de travail ont été organisés sur des thèmes précis.

Aujourd'hui, le champ s'élargit. Le communiqué porte le logo de son nouveau parti, un hexagone kaki et bleu foncé censé incarner la France. Le siège social de ce parti est implanté au 20, rue des Suisses à Cannes : 

Une réélection partagée aussi sur son nouveau compte Twitter dédié à ce parti, un compte ouvert en juin 2021. Un nouveau site internet a aussi été créé pour ce parti :

"Crise démocratique profonde"

Au-delà du canton de Cannes1, l'élu analyse les résultats du premier tour : "Au plan national, deux enseignements se dessinent : tout d’abord la confirmation de l’atonie civique à travers la forte abstention qui bat aujourd’hui un triste record historique et traduit une crise démocratique profonde. La participation électorale est devenue inversement proportionnelle à la virulence et parfois même la violence des polémiques de l’information continue et sur les réseaux sociaux."

Il dénonce aussi "l’absence de confrontation claire à l’échelle nationale de valeurs et de projets, qui permet les choix politiques et donc la vitalité d’une démocratie mature."

"La cuisante défaite électorale de LREM"

Selon lui, "le deuxième enseignement est la cuisante défaite électorale de LREM, le parti du Président de la République, qui ne parvient pas à convaincre, et du Rassemblement National auquel les Français ne font pas confiance pour apporter des solutions crédibles."

Il constate : "Les listes régionales qui obtiennent les meilleurs résultats sont celles qui ont fait des choix politiques nets, notamment à droite et au centre, sans se compromettre avec quiconque."

David Lisnard défend ainsi "une autre voie" et "un projet clair portant une nouvelle espérance." Il appelle à la "mobilisation civique" pour le second tour. 

"Hystérisation de l'actualité"

Dans ce parti, "Nouvelle Energie pour la France", on organise des ateliers de travail qui sont d'abord idéologiques : la liberté, la création, le sursaut éducatif et culturel, l'autorité, l'ordre juste, l'unité de la nation contre l'enfermement identitaire. Le chef de file se positionne aussi "contre l'égalitarisme". Il insiste : "notre valeur cardinale c'est la liberté et nous sommes dans un état qui multiplie les interdits."

Mais pourquoi un parti de plus à droite ? Le maire de Cannes s'en explique : "ces thèmes je ne les trouvais plus exprimés dans le débat actuel, je pense qu'il y a moins d'esprit critique (...) on voit bien qu'il y a une hystérisation de l'actualité avec les chaînes info et les réseaux sociaux et, finalement, il y a moins d'expression politique."

Une surenchère médiatique qui empêcherait de réfléchir, de vraiment débattre et d'approfondir des questions de société.

Rampe de lancement ?

Les élections locales serviraient-elles de tremplin pour une élection d'une autre envergure ? Le maire de Cannes serait-il sur une rampe de lancement ? Depuis la crise sanitaire, David Lisnard suscite l'intérêt médiatique.

Ses résultats électoraux surprennent, son franc-parler retient l'attention et sa gestion du Covid détonne parmi des maires qui ont plutôt subi cette crise sanitaire.

Le 9 juin 2021, il a lancé à Paris son parti à l'échelle nationale dans le sous-sol du luxueux hôtel Molitor du 16ème arrondissement devant une quarantaine de soutiens. 

A cette occasion, il ne s'est pas déclaré candidat à l'élection présidentielle. Et il s'en défend : "ce parti, ce n'est pas une écurie présidentielle. J'essaye de dépersonnaliser la chose."

Mais il n'a pas peur de tenter le grand écart ! Ce parti se positionne bien "en vue de la présidentielle de 2022 (...) pour régénérer le débat politique et pourquoi pas proposer des personnes et avoir des candidats dans les élections."

Comme le rapporte l'hebdomadaire Le Point : "L'enjeu, c'est de porter un projet de gouvernement, de participer à la construction d'un agenda puissant, mais ce serait présomptueux de présenter d'autres ambitions devant vous", a-t-il dit lors de cette conférence de presse.

Son ambition ? Se doter de référents locaux sur tout le territoire et réfléchir à l'écriture collective d'un programme politique. Bref, ce lancement parisien lui permet de changer d'envergure. 

Considéré comme un agitateur d'idées à droite, l'élu de 52 ans est aussi vice-président et porte-parole de l'Association des maires de France (AMF). 

Il dirige Cannes depuis 2014, après en avoir été le premier adjoint (2008-2014) et l'adjoint au tourisme (2001-2008) dans l'équipe du sénateur LR et ancien publicitaire Bernard Brochand.

"Un village monde", aime à répéter David Lisnard de sa ville de 75.000 habitants au rayonnement international, portée par le Festival du film. Une ville de la Côte d'Azur dans laquelle sa famille paternelle est enracinée depuis quatre générations.

"La folie bureaucratique" de l'Etat

Une ville qui a dû affronter l'absence de touristes et l'annulation en série des congrès et des festivals. Pas facile lorsqu'on est la deuxième destination en France pour les congrès !

Durant la crise, David Lisnard, qui siège aussi au comité des finances locales à Bercy, s'est fait remarquer en critiquant l'enchaînement de consignes sanitaires changeantes. Il a fustigé "la folie bureaucratique" de l'Etat. 

Quand la seule libraire indépendante de Cannes a bravé le deuxième confinement en novembre, il est allé acheter un livre en soutien. 

Quand la vaccination a démarré, il a fait polémique en anticipant sur les consignes gouvernementales pour accélérer le mouvement dans sa ville, vaccinée à 57% aujourd'hui.

Il plaide pour une administration moins omniprésente et recentrée sur ses vraies missions, couplé à un éloge de la culture comme axe politique pour refonder le vivre ensemble. Ce qui lui a valu de nouvelles sympathies à droite et de nombreux passages médias.

"Une valeur montante"

Malgré une notoriété encore faible, le sénateur LR Bruno Retailleau voit en lui "une valeur montante avec lequel il faudra compter."

"C'est un homme qui travaille et qui réfléchit", reconnaît le communiste cannois Dominique Henrot, qui lui reproche toutefois d'être "un peu sectaire" et de trop miser sur le tourisme de luxe.
    
De formation classique, droit et Sciences-Po Bordeaux, David Lisnard fait ses premières armes comme directeur de cabinet du maire RPR de Lons-le-Saunier Jacques Pélissard entre 1996 et 1999. Il  revendique des origines familiales modestes, qui l'ont amené à gérer des commerces et à travailler dans le privé parallèlement à la vie publique. 

Faut-il y voir un signe de surchauffe ? Un incendie s'est déclaré dans sa mairie à 3 jours du premier tour, forçant le maire de Cannes à déménager son bureau (photo). Un épisode qui ne l'a pas vraiment perturbé. 

Chiraquien, marathonien et "fêtard"

"Je me suis engagé en politique il y a 30 ans, notamment parce que comme petit entrepreneur et commerçant, on était submergé de charges, et j'ai fait un serment avec moi-même : ne pas augmenter les taux d'impôt de mon ressort", souligne-t-il.

A partir de 1999, il reprend les magasins de ses parents, s'essaye à la création d'un portail internet vite revendu et plus récemment, investit dans un cabinet d'audit parisien, Espelia.

Chiraquien, David Lisnard a adhéré au RPR à 25 ans et soutenu François Fillon en 2017. Discret sur ses racines catholiques, David Lisnard cite en revanche les penseurs qu'il lit, cultivant une image d'intello aimant le punk et la course à pied. Un cocktail atypique. 

La bataille des idées

Marathonien... et "fêtard", disent aussi de lui d'anciens compagnons de jeunesse à Cannes. Remarié, David Lisnard est père de 3 enfants de 10, 17 et 25 ans.  

Mais à chaque fois que ses ambitions présidentielles sont abordées, ce fils de footballeur botte en touche, préférant se concentrer sur la bataille des idées pour faire avancer concrètement le débat politique. Mais l'échéance approche. 

C'est un autre élu azuréen, le maire d'Antibes, Jean Leonetti qui s'occupera des primaires chez Les Républicains. 

Autre difficulté : sa notoriété. Il faudrait réussir à dépasser le niveau municipal ou départemental... d'où le lancement de son parti à Paris.

Depuis sa tribune dans le quotidien Le Figaro en novembre 2020, des dizaines de comptes de soutien pour sa candidature l'élection présidentielle ont émergé sur les réseaux sociaux. Son cabinet, nous a affirmé qu'ils étaient "spontanés et pas forcément locaux". Sur Twitter, un mot-clef résume leur message : #Lisnard2022. 

Ses prises de paroles dans les médias nationaux, son positionnement sur les réseaux sociaux et internet pourraient lui permettre de rattraper ce déficit. Une façon d'élargir son cercle et de sortir du magnifique cocon de la Croisette.

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