À Guillaumes dans les Alpes-Maritimes, Benoît Viant s’est reconverti il y a quelques années dans l’élevage bovin. En 100% local, il produit, transforme et vend sa viande et ses légumes. Un réseau concentré dans un rayon de 30 kilomètres qui lui permet de se protéger de la concurrence internationale.
Sur les hauts plateaux montagnards des Alpes-Maritimes, Benoît Viant a trouvé une nouvelle vie. Entourées par les sommets, une trentaine de vaches broutent paisiblement l’herbe de cette parcelle de terrain privé.
“Cet après-midi, il n’y aura plus rien”, lance avec sourire l’éleveur. L’ancien professeur de sport est à 1500 mètres d’altitude, dans son élément, entouré de ses vaches Aubrac, une espèce réputée pour la qualité de sa viande.
En 2019, il quitte sa vie rythmée par les cours de sport pour rejoindre Guillaumes et retrouver ses racines familiales paysannes, mais surtout pour se lancer dans un nouveau projet de vie : “j’avais envie d’avoir un métier dans lequel je peux profiter de mes enfants, pas uniquement les week-ends”. À ce souhait de jeune père, il ajoute celui d’une agriculture durable, biologique et en circuit court.
Le projet se veut le plus global possible avec la production de légumes et de viande, un atelier de transformation et l'accueil à la ferme avec des gîtes,
Benoit Viant, éleveur bovin.
Son objectif : produire, transformer et vendre en 100% local, soit avec une empreinte carbone la plus faible possible.
Transformer ses propres productions
Pour mettre en place ce projet ambitieux, depuis cinq ans, cet hyperactif n’a pas arrêté. En 2021, il acquiert ses premières bêtes et dans le même temps, il construit un laboratoire de transformation alimentaire avec son associé et ami d’enfance devenu cuisinier, Benoît Cossa. Une construction financée en quasi-totalité par le fonds Leader, un partenariat entre l’Union européenne, les régions et les collectivités territoriales.
Depuis cet été, les deux Benoît fabriquent des saucissons de porc à partir de viande française. Ils y ajoutent, bien sûr, “leur recette secrète” héritée de l’oncle de Benoît Cossa, boucher-charcutier à la retraite.
Cette année, ils se lancent dans la fabrication de plats cuisinés produits à partir de la viande et des légumes de l’exploitation avec l’envie de “proposer aux clients des recettes anciennes comme celles de nos grands-mères, avec du goût et locales”, détaille Benoît Cossa. Leur production n’est pas encore commercialisée, ils sont dans l’attente de feux verts administratifs qu’ils espèrent obtenir d’ici la fin de l’hiver.
Un réseau local vertueux
Benoît Viant multiplie ainsi les sources de revenus entre la viande, les légumes, les produits transformés et ses gîtes. Il travaille avec six restaurateurs de la région et écoule ses productions en vente directe.
Le tout dans un rayon de 30 kilomètres entre Guillaumes, Péone et Beuil.
Une stratégie qui lui permet de ne pas être menacé par la concurrence internationale et la signature d’accords mondiaux comme celui du Mercosur en cours de négociation entre l’Union européenne et plusieurs pays de l’Amérique du Sud. Ce cercle vertueux, l’éleveur souhaite désormais le pérenniser.