Nadège Durand est sage-femme à Cannes dans les Alpes-Maritimes. Pendant la crise sanitaire elle a été mobilisée comme l'ensemble du personnel médical. Un an après le début de l'épidémie, elle se sent "lessivée" et dénonce le manque de reconnaissance de sa profession.
Au front pendant la crise sanitaire, les sages-femmes conservent un goût amer de "cette année Covid 19". Il y a un an, le premier confinement en mars 2020 était annoncé, un choc.
A cette époque-là, c'était assez effrayant car on ne savait rien sur le coronavirus,
Beaucoup de doutes, mais des suivis de grossesse et des naissances qui continuent de s'enchaîner. Les 23 000 sages-femmes de l'hexagone, ont comme Nadège Durand, dû exercer, malgré les manques de moyens alloués pendant cette épidémie :
On ne savait pas si on pouvait garder le cabinet ouvert, recevoir des patients, comment ça allait se passer pour la suite,
De nombreuses consultations, ont dû être reportées, ou se sont déroulées à distance. Pendant un an, pour cette sage-femme libérale cannoise, les mails et les consignes s'enchaînent. Elle se retrouve rapidement sans masques au début de la crise :
On regardait partout des informations pour savoir s'il fallait faire bouillir les masques pour les réutiliser ou les faire sécher au four...
Nadège sort de cette année épuisée et en mal de "reconnaissance."
Un oubli systématique des sages-femmes ?
Pour cette sage-femme, ça ne fait pas de doute : elles sont oubliées et l'épidémie, a accentué ce phénomène.
"Tout le monde faisait attention à n'oublier personne sur les listes de remerciements, pourtant nous étions toujours absentes", soupire-t-elle.
Des disparités également constatées lors de la distribution des masques ou des habilitations données pour effectuer les vaccins. Les sages-femmes ont également dû "montrer leur colère"; elles n'avaient pas été comptées au Ségur de la santé.
Mais l'épisode reste douloureux : elles ont obtenu une revalorisation salariale de 183 euros net par mois, la somme destinée aux professions non médicales.
"On a l'impression de ne pas être considéré comme des soignants, de faire un travail qui n'existe pas ", se désole Nadège.
Les sages-femmes passent pourtant les concours communs de médecine (PACES). Elles effectuent ensuite 4 ans d'école spécialisée.
Sur les réseaux sociaux, elles expriment leur colère :
J’en ai ras le col d’être sage-femme. C’est triste mais c’est comme ça. Et c’est pas étonnant quand on voit le manque de reconnaissance qu’on a ! Les études sont dures, les salaires sont bas et l’emploi n’est pas là (hormis région parisienne). Y’a plus simple et mieux https://t.co/6K1X8GXX3I
— La sage-femme enragée (@lasfenragee) March 13, 2021
Face à ce sentiment d'invisibilité, la profession se mobilise régulièrement. Les professionnelles de la maïeutique, sont descendues dans la rue quatre fois depuis le début de l’année 2021.
Selon une enquête menée par le Collège national des sages-femmes de France, en juin 2020, 42,3 % des maïeuticiennes salariées et 31 % des libérales disent souffrir de burn-out. En sous-effectif, elles n’ont pas le temps de se consacrer pleinement à chaque patiente, risquant ainsi d’être maltraitantes.
Soignants, malades, commerçants, employés de supermarché, artistes, élus ou encore parents : nous les avions rencontrés il y a un an. Aujourd’hui ils nous racontent leur année Covid. Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe.