La Côte d'Azur a connu un week-end de fortes intempéries, provoquant des inondations dans plusieurs villes comme Saint-Tropez ou Fréjus. Neuf ans après la tragédie d'octobre 2015 à Cannes, qui avait fait 20 morts, communes et habitants semblent mieux préparés à gérer ce type d'événement.
Un souvenir douloureux, ravivé par les intempéries. En octobre 2015, des pluies torrentielles s'abattaient sur les Alpes-Maritimes. Des résidences, campings et zones urbaines étaient alors inondés en quelques heures. Une tragédie au lourd bilan humain, 20 morts, et des dommages matériels évalués à des centaines de millions d’euros.
Neuf ans plus tard, le Sud-Est de la France connaît toujours de forts épisodes méditerranéens, à l'image de celui du 26 et 27 octobre. Mais depuis 2015, la politique de gestion des crises a été pensée afin de limiter les dégâts humains et matériels. L'accent a notamment été mis sur la sensibilisation des habitants.
Garder la tête froide en cas de crise
"Une grande part de la sécurité repose sur la conscience du risque et la capacité de chacun à réagir vite et efficacement", nous explique Lita, vivant actuellement à Saint-Tropez. Ce samedi 26 octobre 2024, elle faisait partie des personnes qui ont subi les inondations dans la ville.
"Ça m'a beaucoup rappelé l'année 2015, à Cannes" explique-t-elle, précisant qu'elle était présente à l'époque. "C'était très grave, dramatique. On avait eu des morts..."
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Cette fois, à Saint-Tropez, Lita dit avoir fait son possible pour protéger les habitants et leurs biens. "J'ai pris des cartons pour boucher les portes et protéger le linge. J'ai aussi servi du thé et du café pour que les gens n'oublient pas de s'hydrater et restent calmes."
Alors que l'eau est montée jusqu'au niveau des genoux dans certaines rues de Saint-Tropez, Lita a misé sur le calme et la concentration. "Il faut garder la tête froide quand il y a une inondation et être très réactif. (...) On ne peut de toute manière rien faire de plus contre la nature."
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Bétonner moins et mieux
À partir de 2016, les communes ont été encouragées à revoir leur Plan Local d’Urbanisme (PLU) pour intégrer des zones inondables et limiter la construction dans les secteurs les plus exposés.
Dans certains quartiers, autrefois propices à des projets immobiliers, les nouvelles constructions sont désormais limitées, voire interdites, pour protéger les habitations et les infrastructures en cas de montée des eaux.
L’artificialisation des sols - le fait de couvrir des terrains naturels par des constructions ou des revêtements - est encore une problématique que rencontre la Côte d'Azur. Construire empêche l’eau de s’infiltrer dans le sol, ce qui accentue les risques d’inondation.
Un Plan de prévention des risques (PPR) permet donc de mesurer la faisabilité, ou non, d'une construction sur certains terrains. Des zones à "risque fort" sont ainsi identifiées : dans celles-ci, l'urbanisation est interdite ou soumise à d'importantes prescriptions.
Lorsqu'un bien est vendu ou loué, le vendeur ou bailleur a également l'obligation de faire part des risques à son interlocuteur : cela s'appelle un "état des risques" et il s'agit d'une obligation légale dans certains cas.
Prévenir les risques et sensibiliser la population
Les collectivités locales ont mis en place un programme d'entretien et de restauration des berges et des lits de rivières. Dans la communauté d'agglomération dont Antibes fait partie, cela permet notamment la prévention des "risques d’inondation et la préservation des milieux aquatiques". En restaurant berges et lits, les communes permettent d'éviter l’accumulation de dépôt dans des zones sensibles aux risques d’inondation.
Des campagnes de débroussaillage et de curage régulières ont été instaurées, notamment à Mandelieu, afin de garantir le bon écoulement des eaux et d’éviter les embâcles, des amas de végétation et de débris qui obstruent les rivières.
Outre les infrastructures, les autorités ont renforcé leurs efforts de sensibilisation. Dans les écoles, des exercices d’évacuation et des formations sur la gestion des risques sont désormais courants.