"Je préfère qu’on nous dise la vérité" : la colère du maire de Breil-sur-Roya au sujet du Tunnel de Tende

Les reports des travaux se succèdent. Début mars, l'entreprise italienne en charge du tunnel évoquait une échéance pour septembre 2024. Le maire de Breil-sur-Roya, Sébastien Olharan, qui a visité les chantiers est convaincu que le retard sera beaucoup plus important.

Les travaux du tunnel de Tende dans la Vallée de la Roya (Alpes-Maritimes) n'en finissent plus... Voilà plus de 11 ans qu'ils durent. Depuis ces dernières années, les reports se succèdent.

Rien qu'au début du mois de mars, Edilmaco, l'entreprise italienne qui réalise les travaux, a demandé à l'Anas qui gère le réseau routier italien de décaler l'échéance à septembre 2024.

Pour rappel, une partie de l'infrastructure avait été inondée lors de la tempête Alex en 2020 et la route qui amenait les habitants de la Vallée de la Roya au Piémont italien a été détruite.

Le maire de Breil-sur-Roya, Sébastien Olharan, qui a eu l'occasion de visiter le chantier ce 19 mars. Il est convaincu que "les travaux de création du nouveau tunnel ne pourront pas s'achever avant 2025", contrairement à ce qui est pour le moment annoncé.

Il explique à France 3 Côte d'Azur cette visite qui a eu lieu mardi 19 mars et les raisons qui le poussent à croire que le chantier n'est pas près d'être terminé...

France 3 Côte d'Azur : quelle est la situation actuellement sur le chantier ?

Sébastien Olharan : "Il reste énormément de choses à faire. Aujourd’hui, le nouveau tunnel est creusé sur l’ensemble de sa longueur, mais pour l’instant tous les aménagements qu’il y a à faire à l’extérieur sont encore en cours. Il y a notamment à faire une pré-conduite pour récupérer les eaux de pluie qui pour le moment n'est effectuée que sur 1/3 du tunnel. Il y a des gros problèmes d’infiltration d’eau, des travaux d’étanchéité vont devoir être effectué aussi. Il reste aussi tout le tablier à faire, c’est-à-dire couler le goudron sur la chaussée. En gros, Le 2/3 des travaux reste à faire. L’équipementier va devoir installer aussi toutes les lumières, les blocs de sécurité incendie, les ventilateurs…

Ensuite, il y a aussi la création des by-pass, ces galeries qui permettent de passer d’un tunnel à l’autre. Pour le moment, il n’y en a qu’un seul sur les trois qui est achevé. Ça demande au minimum deux mois pour en créer un. L’entrée dans le tunnel va aussi être modifiée en raison de l’éboulement causé par la tempête Alex. Un viaduc préfabriqué va être installé pour enjamber ce glissement de terrain. Des modifications vont être aussi effectuées au niveau de la sortie prévue du tunnel et ça, ça vient seulement de commencer. Personne ne croit à ces nouveaux délais."

La date de fin des travaux serait plus envisageable selon vous pour 2025 ?

Sébastien Olharan : "C’est toujours un peu compliqué, on hurle dès qu'on nous annonce un délai supplémentaire pour les travaux. Et en même temps, ce qu’il y a de pire, c’est de nous annoncer des délais qu'ils ne tiendront pas. Moi, je préfère qu’on nous dise la vérité. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, c’est difficile, parce que politiquement, c’est difficile d'assumer ces nombreux reports. Et l’entreprise a aussi envie  pense d'éviter les pénalités de retards.

Mais compte tenu de l’avancée du chantier, je pense que personne ne pense sérieusement que ce sera terminé en 2024. Les techniciens avec lesquels j’ai pu échanger pensent comme moi. Il faut maintenant dire la vérité aux gens. 2024, c’est ce qu’on nous dit pour faire passer la pilule d’un nouveau report. Notre responsabilité, c’est de dire la vérité et la vérité, c’est que je ne peux pas croire que ça sera livré avant le printemps 2025."

Quelles sont les conséquences de la fermeture du tunnel ?

Sébastien Olharan "Nous, on a une économie qui vit vraiment du passage. La vallée Roya, c’est un axe de transit entre la Côte d'Azur et le Piémont. Beaucoup d’Italiens descendent et passent par la vallée Roya et inversement. Ces personnes qui passent par la Vallée consomment et contribuent à l’économie locale. Par exemple, on a un restaurant à Breil qui est sur cet axe passant et qui me dit : le tunnel de Tende fermé, c’est 30% de chiffre d’affaires en moins…

Ensuite, nos entreprises sont étroitement liées à la vallée voisine, la majorité d'entre elles ont des clients et des financeurs dans le Piémont. Donc, ils doivent soit changer de fournisseur ou faire un grand détour qui peut coûter cher. On a aussi nos populations qui ont un attachement avec la vallée voisine : liens familiaux, amicaux, culturels. Il y a le train, mais ce n’est pas pareil. Nos écoliers de Breil apprennent à skier à Limone sauf qu’aujourd’hui, c’est très compliqué… C’est beaucoup de difficultés au quotidien."

Qu'est-ce que vous attendez aujourd’hui ?

Sébastien Olharan "J’aimerais que l’ensemble des financiers et en partie l’état, tape du poing sur la table pour que les choses avancent. Pour que l’entreprise mette des moyens pour finir ce chantier.

Je ne suis pas le seul à le penser, mais l’entreprise ne met pas assez de personnes et d’engins pour réaliser le chantier. On nous dit qu’il y a deux cents à trois cents personne qui travaillent sur le chantier. Hier, quand je suis passé sur l’ensemble du chantier, le nombre d’ouvriers ne dépassait pas les 100. Pourquoi on ne met pas des équipes pour travailler sur tous les fronts ?  Et je souhaite aussi qu’on tienne un discours de vérité pour les habitants, sur l'avancée et les échéances pour les travaux".

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