Incendie meurtrier à Nice : intervention des pompiers, hommes cagoulés... Les questions qui se posent après le drame qui a fait sept morts

Un violent incendie a fait sept morts, dont trois enfants, dans un immeuble de Nice, dans le quartier des Moulins. La piste "criminelle" est privilégiée par le procureur. Plusieurs questions se posent après cet événement tragique.

Un violent incendie a eu lieu à Nice dans le quartier des Moulins, dans la nuit de mercredi 17 à jeudi 18 juillet, vers 2h28. Au moins sept personnes d'une même famille sont mortes dans l'incendie de leur appartement du 7e étage de la rue Santoline. 

France 3 Côte d'Azur revient sur les questions qui se posent après ce terrible drame. 

Pourquoi la piste criminelle est privilégiée ?

Le procureur de Nice a annoncé, jeudi 18 juillet au matin, que la piste "criminelle" était privilégiée à la suite de cet incendie. Dans un tweet sur X, Anthony Borré, premier adjoint au maire de Nice, qui s'est rendu ce matin sur place, évoque des hommes cagoulés. 

"Nous avons des images qui montrent trois individus, cagoulés, s'introduire dans le bâtiment juste avant les faits", mentionne le post. Un témoin interrogé par France 3 Côte d'Azur évoque le fait que ces trois personnes auraient répandu de l'essence, juste avant de mettre le feu.

Le procureur a décidé d'ouvrir rapidement une enquête de flagrance pour incendie volontaire. Dans la matinée, le laboratoire de la police scientifique de Marseille s'est rendu sur place aux côtés d'autres policiers techniques et scientifiques pour faire des analyses et déterminer les circonstances exactes de l'incendie. 

Une source policière indique à France télévision que "les enquêteurs se demandent si cet incendie n'est pas lié à un conflit entre trafiquants des Moulins et trafiquants venus de Marseille. Ces 15 derniers jours, il y aurait eu plusieurs intimidations, parfois à l'aide d'armes à feu, pour prendre le contrôle des points de deal des Moulins. Aucun lien avéré à ce stade, mais c'est une piste de travail". Le procureur a confirmé avec prudence que cette piste était explorée, les victimes et leur famille n'aurait aucun lien avec ce conflit qui pourrait être lié aux stupéfiants. 

"L'enquête progresse", a annoncé à la mi-journée Gabriel Attal, le Premier ministre  qui s'est rendu sur place aux côtés du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Il a ajouté : "Trois individus sont recherchés. Tous les moyens sont mis en œuvre pour retrouver les auteurs qui seront très sévèrement punis."

À travers un communiqué de presse, le Parquet mentionne une voiture sombre qui s'est stationné non loin de l'immeuble, de laquelle plusieurs personnes aux visages non dissimulés sont sorties. Les caméras de surveillance révèlent ensuite qu'à l'aide "d’un élément récupéré sur place, ils parvenaient rapidement à casser la porte d’entrée de l’immeuble et à y pénétrer. Ils en ressortaient très peu de temps après et prenaient la fuite. Le feu se déclarait juste après."

Le quartier a-t-il été déjà été la scène de telles tensions ?

Ce n'est pas la première fois que le quartier connaît des incendies, même si par le passé, ils n'ont jamais eu l'ampleur de celui survenu jeudi. Le quartier des Moulins est en fait en proie aux trafics de drogue et aux violences depuis plusieurs années. 

En mai, une nouvelle opération "place nette" a été menée par les forces de l'ordre dans le but de mener une vaste opération afin de lutter contre la délinquance. En mars, une même opération de ce genre avait été également mise en place.  Cela avait abouti à plusieurs interpellations et d'importantes saisies de drogues. Ce sont au total des dizaines de personnes qui avaient été contrôlées.

Ce quartier est régulièrement sujet aux violences, en mars, les habitants ont entendu des tirs et certains ont été témoins du passage à tabac d'un jeune homme. Ensuite, dans l’après-midi de mardi, une véritable expédition punitive semble avoir été menée par quarante individus cagoulés armés parfois de marteaux. En plein jour, au pied des immeubles. Le préfet qui s'est alors rendu sur place avait été interpellé par les habitants excédés de cette violence. 

Une habitante du quartier interrogée par France 3 Côte d'Azur explique que deux incendies ont eu lieu sur son parking en 2022 et 2023. Elle pense que l'un des deux était volontaire. Son sous-sol est encore noirci par l'incendie qui a eu lieu l'année dernière. 

Les secours ont-ils mis du temps à intervenir ?

Lors de sa venue dans le quartier des Moulins, jeudi dans la matinée, le maire de Nice, Christian Estrosi s'est fait interpeller par plusieurs habitants. À la fois sur les mesures qu'il allait mettre en place pour que ces faits ne se reproduisent plus, mais aussi sur des critiques concernant l'intervention des pompiers. Une dame se présentant comme une habitante du quartier lui a notamment dit : "Les pompiers ont mis plus de 40 minutes pour venir, 10 minutes pour se garer, une fois qu'ils se sont garés, ils ont cherché le point d'eau, ils ont commencé à éteindre le feu au bout d'une heure". 

Sur le terrain, France 3 Côte d'Azur a recueilli le témoignage de plusieurs habitants qui pointaient une intervention tardive des pompiers. Un jeune habitant, Ziyad explique : "Les jeunes ont réagi vite avant l'arrivée des pompiers, ils ont essayé de faire au mieux pour aider et pour apporter leur aide. Ils ressortaient la peau rouge, ils avaient du mal à respirer, les baskets en train de brûler à moitié.

Il évoque également la difficulté à accéder à l'emplacement. Un autre habitant qui souhaite rester anonyme atteste : "Les pompiers ont mis 30-40min à arriver, ils auraient pu sauver quelqu'un en arrivant plus vite !"

Contactés par France 3 Côte d'Azur, les pompiers expliquent être intervenus "rapidement", en l'espace de "10 minutes" et ne pas avoir rencontré d'obstacles ou de voitures faisant barrage sur la route. Une information également confirmée par un syndicat de policier. Dans son communiqué, le parquet mentionne un appel à 2h28 vers les pompiers et une arrivée sur place à 22h40. 

L'intervention en elle-même, sur place, a été difficile, comme l'a souligné lors de sa prise de parole Gabriel Attal, elle s'est effectuée "dans des conditions extraordinairement difficiles".

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