Sept personnes sont mortes dans l'incendie d'un immeuble du quartier des Moulins, dans la nuit de mercredi à jeudi. Un drame terrible qui a laissé les habitants du bâtiment évacués sous le choc.
"Ça reste encore dans ma tête." Quelques heures après l'incendie qui a fait sept morts à Nice, dans la nuit du mercredi 17 au jeudi 18 juillet, le drame hante encore cette habitante de l'immeuble qui a été ravagé par les flammes.
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Vers 2h30, un feu s'est déclaré dans un bâtiment du quartier des Moulins et malgré l'intervention rapide des sapeurs-pompiers qui ont évacué une trentaine de personnes, le bilan est terrible puisque trois enfants ont perdu la vie. France 3 Côte d'Azur revient sur cette nuit tragique vécue par les habitants de cet immeuble.
"On était là, on a entendu les enfants crier"
"Les enfants, ça fait mal, ça fait mal de voir ce qui s'est passé comme ça, souffle une habitante de l'immeuble. Ce sont des enfants, qu'on voit jouer sur le terrain dans la journée et là, on apprend qu'ils sont tous partis comme ça." Parmi les sept victimes, toutes issues d'une même famille, "trois enfants âgés de 5, 7 et 10 ans et un adolescent", ont perdu la vie, a indiqué le préfet des Alpes-Maritimes Hugues Moutouh.
Cette habitante qui vivait dans le même immeuble et qui "connaissait les victimes", reste marquée par la nuit. "On était là, on a entendu les enfants crier : 'Papa ! Papa ! Sauvez-nous !' Et puis à un moment, on n'a entendu plus de bruit...", souffle-t-elle, la voix faible.
"C'est un choc, souffle une autre habitante de l'immeuble. On est sortis de chez nous à deux heures du matin. Je m'endormais et c'est ma fille qui m'a réveillée et après, j'ai entendu qu'il y avait le feu." Durant quelques instants, cette habitante, qui souhaite conserver son anonymat, ne s'est pas inquiété.
"J'ai tout laissé derrière moi"
"Au début, je me suis dit que c'était une voiture qui brûlait parce qu'on a l'habitude ici, pointe-t-elle, faisant référence au climat tendu qui règne dans ce quartier de la ville. Et dès que j'ai vu le feu, j'ai dit à mon mari : on descend, j'ai laissé tomber mon téléphone, j'ai tout laissé derrière moi. Il y avait des cris partout."
Cette mère de famille explique que sa fille a été particulièrement choquée par le drame. "Elle connaît la petite fille qui compte parmi les victimes", souffle-t-elle.
J'ai entendu que deux personnes se sont jetées de leur balcon mais j'ai dit à ma fille de ne pas aller voir.
une habitante de l'immeubleà France 3 Côte d'Azur
Si elle n'a pas été témoin du départ du feu, elle souligne que des jeunes sont intervenus avant l'arrivée des pompiers avec des barres de fer pour enfoncer les portes et aider les gens à évacuer l'immeuble.
L'une des voisines directes de l'appartement qui a été touché par les flammes apporte, elle aussi, une précision sur l'arrivée des sapeurs-pompiers. "J'ai entendu les sirènes de la police et des pompiers qui arrivaient, mais il y a eu un blocage derrière la rue et les pompiers n'ont pas pu passer. Et ça a pris beaucoup de temps pour sortir les gens, assure-t-elle. On a essayé d'être solidaires et de demander si quelqu'un avait besoin d'aide, mais ils étaient tellement désespérés, ils pleuraient tous, ils criaient tous, donc du coup, on ne savait pas quoi faire. La police nous a demandé ensuite d'évacuer parce qu'ils étaient en train d'éteindre le feu."
"Ce n'est pas la première fois qu'il y a des feux dans le quartier"
Cette habitante a du mal à cacher sa colère face à cet incendie qui pourrait être criminel. "Ce n'est pas la première fois qu'il y a des feux dans le quartier des Moulins, souligne-t-elle. Il faut que ce quartier retrouve sa paix, il y a de très belles personnes ici."
"Je ne sais pas quelles sont les raisons de ce feu, poursuit-elle les larmes aux yeux.
"En tout cas, on a tous des enfants, on a tous une famille, et sept personnes qui meurent comme ça gratuitement en France, ça ne peut pas passer."
Une habitante de l'immeubleà France 3 Côte d'Azur
Dans un tweet sur X, Anthony Borré, premier adjoint au maire de Nice, qui s'est rendu ce matin sur place, évoque des hommes cagoulés qui auraient été aperçus avant le début de l'incendie. Plusieurs caméras ont permis "d’affirmer avec certitude que trois personnes cagoulées sont entrées dans cet immeuble" et " de retrouver la trace d'un véhicule", a-t-il indiqué à France 3 Côte d'Azur.
"Il y a trois gars qui sont venus cagoulés mettre le feu vers 2h30. Moi, je connais bien cette famille qui est morte et c'est une famille sans histoire, lance Gbir Faisar, qui habite le même immeuble que les sept victimes. Peut-être qu'eux [les personnes cagoulées] sont venus chercher quelqu'un. Mais la famille qui a été touchée n'a rien à voir avec des histoires. On était voisins et leurs enfants jouaient avec mon fils, on se croisait tous les jours dans l'escalier."
Témoignages recueillis par Nathalie Morin, France Montagne et Loïc Blache