Nice : le difficile deuil des proches de Vincent, Simone et Nadine, les victimes de l'attentat à la basilique Notre-Dame

Un an après l'attentat de la basilique Notre-Dame de Nice, on se souvient des trois victimes, Vincent le sacristain, Nadine et Simone, les paroissiennes. Leurs proches font leur deuil à leur manière. Dans le silence ou en témoignant, tous veulent se rappeler du meilleur de chacune des victimes.

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C'était il y a un an.

Le vendredi 29 octobre 2020, à 8 h30, une attaque au couteau est en cours à la basilique Notre-Dame de l'Assomption sur l'avenue Jean-Médecin à Nice. Le quartier est bouclé. A peine une demi-heure plus tard, trois personnes ont perdu la vie.

 

 

Nous ne découvrirons que plus tard les noms et les visages des trois victimes.

Nadine Devillers, une Niçoise de 60 ans, venue prier de bon matin.

Vincent Loquès, le sacristain de la basilique.

Simone Barreto, une mère de famille de 44 ans.

Au lendemain de l'attentat, nombre de Niçois, bouleversés, étaient venus se recueillir devant la basilique. Le 7 novembre 2020, un hommage national avait été rendu aux victimes depuis la colline du Château, cérémonie présidée par le Premier ministre Jean Castex. La "médaille de reconnaissance aux victimes du terrorisme" leur avait alors été remise à titre posthume.

Vendredi prochain, le 29 octobre, hommage leur sera à nouveau rendu à Nice. Nous avons rencontré les proches de ces victimes pour aborder avec eux leur souvenir, et le difficile deuil. 

Nadine Devillers, "une femme très forte"

 

 

Les proches de Nadine Devillers ont tout de suite accepté de nous rencontrer. Pour eux, "Nadine est là, on pense régulièrement à elle. Même si c'est difficile, parler d'elle la fait vivre encore plus fort." 

J'écoute souvent son dernier message que j'ai gardé. Elle me disait qu'elle m'aimait et qu'elle avait hâte que l'on se retrouve.

Joëlle Guichard, meilleure amie de Nadine Devillers

Joëlle Guichard était sa meilleure amie. Ce funeste 29 octobre 2020 elle n'était pas à Nice. Elle est depuis peu de retour du Canada. "A mon retour à Nice, c'était difficile, et ça l'est toujours, de passer devant la basilique. Il a fallu que je prenne conscience. J'ai réalisé que c'était réel..." Joëlle nous explique qu'elle a gardé le dernier message de son amie le jour de son départ au Canada : "Elle me disait qu'elle m'aimait et qu'elle avait hâte que l'on se retrouve"

Nadine Devillers était une battante. Sa vie et son enfance ont été chaotiques, marquées par la violence et la pauvreté. Résiliente, elle n'a jamais baissé les bras. Entourée de son mari aimant, Joffrey, et des amis fidèles, elle gardait optimisme et sourire. 

Elle avait décidé d'écrire son autobiographie pour raconter son parcours. Son mari a décidé d'achever son ouvrage et de le publier à titre posthume avec l'aide de Joëlle.

 

 

Je pense que tout ce qu'elle a enduré a fait d'elle une personne très forte.

Alain Clément, ami de Nadine Devillers

Le théâtre était un exutoire pour Nadine. C'est là qu'elle avait rencontré Béatrice et Alain. C'est avec eux qu'elle prenait des cours, ils sont devenus des amis chers. Alain veut se rappeler de sa tendresse et de sa justesse de jeu : "Elle s'inquiétait toujours pour les autres. Elle était toujours aux petits soins, je pense que tout ce qu'elle a enduré a fait d'elle une personne très forte. Sur scène, elle était capable d'endosser tous les rôles, du drame à la comédie".

La douleur est vive pour Béatrice. Elle a du mal à parler sans avoir la gorge nouée. "On vit avec cette absence, cette douleur. Elle était très croyante et pour moi elle est toujours vivante". L'hommage du 29 octobre 2021 sera difficile à vivre pour Béatrice et Alain, mais pour eux, c'est important d'être ensemble et de montrer que l'"on fait face, on ne se laisse pas abattre par ces fanatiques". 

 

 

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Vincent Loquès, "un pilier de la basilique"

La famille de Vincent Loquès, le sacristain de la basilique, est trop affectée pour témoigner. L'approche de la date anniversaire ravive la douleur et l'angoisse. A son épouse, et à ses deux filles, il est pour l'heure impossible de retourner sur les lieux. 

La basilique était leur deuxième maison, un lieu de paix, aujourd'hui elles ne peuvent pas y retourner, c'est trop douloureux.

L'avocate de la famille de Vincent Loquès, Samia Maktouf

 

 

L'épouse et les filles de Vincent Loquès se sont portées parties civiles devant la justice.

C'est aussi le cas de son meilleur ami. Il était présent dans la basilique au moment de l'attaque. Sans l'intervention des policiers, il aurait pu lui-aussi faire partie des victimes. Ce lourd sentiment du survivant ne le quitte pas. Son avocate Samia Maktouf trouve les mots : "Il a perdu une partie de lui-même, "son Vincent" comme il disait". 

 

 

Aux paroissiens qui le côtoyaient au quotidien dans la basilique, Vincent Loquès laisse le souvenir d'un homme sympathique et discret. "Il était un pilier rassurant de la basilique. " 

Il a été enterré à Saint-Etienne-de-Tinée, dont il était originaire.

 

Une famille soudée autour du souvenir de Simone Barreto

Simone Barreto a elle-aussi été poignardée ce 29 octobre 2020. Elle a réussi à s'enfuir de la basilique mais a succombé à ses blessures dans un restaurant tout proche. Elle laisse trois enfants et une famille nombreuse dans le deuil. Une marche blanche avait été organisée pour lui rendre hommage le 1er novembre 2020. La communauté brésilienne, à laquelle elle appartenait, s'est alors mobilisée.

 

 

Dans un premier temps divisée sur l'opportunité de prendre la parole, sa famille fait aujourd'hui front de manière soudée. Et ce malgré la distance géographique, puisque plusieurs soeurs de Simone Barreto vivent au Brésil.

Simone, c'était une personne qui croquait la vie, toujours rayonnante

Eric Brujan, chef exécutif du Méridien

Simone Barreto était connue pour être une femme joyeuse. Elle avait fait forte impression au GRETA, où elle avait suivi une formation de cuisine. Son chef, Eric Brujan, avait témoigné au lendemain de l'attentat : "Simone, c'était une personne qui croquait la vie, toujours rayonnante. C'est difficile d'apprendre cela. Elle était pleine de passions, la cuisine bien sûr et elle adorait danser. C'était son côté brésilien."

A ses trois orphelins, Gregory, Peter et Marley, le Département des Alpes-Maritimes a accordé le statut de pupilles. Il leur assure une bourse de 500 euros par mois jusqu'à leur majorité.

Une cagnotte avait également été mis en place sur internet par une amie de Simone :

 

La famille avait alors publié un message de remerciements  à tous les donateurs :

« La Famille BARRETO SILVA souhaite remercier chaleureusement tous les membres du Forum JORGE FRANCOIS & du GRETA TOURISME HOTELLERIE pour leurs nombreux messages ainsi que pour leurs généreux dons qui permettront de répondre aux besoins quotidiens des trois enfants de Simone (Gregory, Peter et Marley) et d'envisager l'avenir avec l’assurance de leur précieux soutien. »

Les derniers mots de Simone Barreto ont été pour sa famille : "Dites à mes enfants que je les aime". Un adieu déchirant auquel ses enfants ont souhaité répondre. Son fils Gregory chantera pour sa mère lors de l'hommage le vendredi 29 octobre 2021. 

 

Un symbole de paix bafoué

Malgré la mort, nous, nous voulons qu'il y ait la vie

Franklin Parmentier, curé de la paroisse

Franklin Parmentier, le curé de la paroisse, accepte de nous recevoir à l'église du Voeu à Nice où il office ce jour-là. Il nous accorde quelques minutes avant de rejoindre la mairie pour une réunion de préparation de l'hommage du 29 octobre.

Lui aussi a vécu le deuil. Et la profonde blessure de voir le terrorisme faire irruption au sein de la basilique. Pour lui cet édifice est la maison de Dieu, sa deuxième maison, un lieu de paix et de chaleur. Il refuse que la mort et le fanatisme lui soient associés. "Certains paroissiens ont besoin de revenir prier très vite. D'autres ne sont pas revenus. Mais ce lieu est fait pour la vie, non pour la mort. Nous devons aller de l'avant."

 

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Vendredi 29 octobre, dans la basilique Notre-Dame de l'Assomption, une plaque sera dévoilée en hommage à Nadine Devillers, Simone Barreto et Vincent Loquès, victimes du terrorisme islamiste.  

 

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