Vallée de la Roya : le documentariste Rémy Masséglia observe et filme les traces des animaux invisibles

Il se définit comme un chasseur d'images. Le réalisateur "autodidacte" immortalise la nature. Après son documentaire, "Naïs au pays des loups", Rémy Masséglia et sa fille partent à la rencontre des nouveaux mammifères du Mercantour avant et après la tempête Alex.

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Le réalisateur Rémy Masséglia habite à Breil-sur-Roya, dans les Alpes-Maritimes. C'est là qu'avec sa fille Naïs, alors âgée d'un an, il est parti sur les traces des loups du parc national du Mercantour, à la recherche de belles images. Est né un documentaire, "Naïs au pays des loups", plusieurs fois primé. 

Et dans la suite de ce tournage, le père et la fille ont décidé de se lancer dans une autre aventure :  suivre, observer et filmer des espèces animales dans le Parc National du Mercantour. Ce sont des animaux dits "invisibles" ou encore "fantomatiques". Pourquoi ces qualificatifs ? On ne sait tout simplement pas s'ils existaient déjà dans la vallée, ou s'ils sont apparus.

Le projet s'appelle "Suivi des nouveaux mammifères découvert dans le Mercantour"  et  il est financé par la  Fondation Prince Albert II de Monaco dans le cadre de l' Initiative homme faune sauvage.

Au départ, on voulait faire un beau film avec Naïs et ça finit avec un suivi scientifique, en spécialiste d'espèces avec le Parc National du Mercantour et la Fondation Prince Albert II !

Rémy Masséglia

6 caméras automatiques sur les bord de la Roya 

Le territoire choisi ne fait pas plus d'un kilomètre carré autour de Breil-sur-Roya. Il est situé en plein cœur du Parc National du Mercantour qui a donné son feu vert. Car pour toute prise de vue à caractère professionnel ou commercial, il faut effectuer une demande en d'autorisation et se conformer à un cahier des charges pour ne pas déranger la faune sauvage.

Pendant un an, 6 caméras qui se déclenchent automatiquement au moindre mouvement ont enregistré le passage d'une loutre, repérée préalablement par Laurent Malthieux, un naturaliste du Parc.

Rémy et sa fille sont parallèlement partis sur la trace du mammifère dans la nature.

Le rythme est forcément adapté à la petite fille et à sa scolarité.

Avec Naïs, depuis toujours, on prend des jumelles, un maillot de bain, des brassards, parfois un bateau gonflable et des chaussures d'eau, on transforme nos prospections en jeu. On est passé du loup à la loutre et au putois, on ouvre les yeux sur des choses nouvelles.

Rémy Masséglia

Premier constat : l'animal est bel et bien présent dans la vallée, les caméras positionnées dans des lieux prisés par le mammifère l'attestent.

Des crottes, une trentaine d'épreintes au total, ont été par ailleurs récupérées par le réalisateur.

Il faut apprendre à lire les traces, à se mettre dans la logique de l'animal, dans ses habitudes. Le matériel génétique sera analysé dans un laboratoire qui travaille avec le Parc du Mercantour.

Rémy Masséglia, réalisateur

 Et cette loutre qui a un territoire d'environ 30 kilomètres, était présente dans la vallée de la Roya avant la tempête Alex, et elle semble s'être déplacée après la catastrophe dans un affluent, la Bévéra, et peut-être même encore plus loin. Combien y a t-il d'animaux sur ce territoire ? Les analyses génétiques parleront.

200 détections de putois en un an

Autre découverte en juin 2019 : un petit animal noir avec un masque blanc qui ressemble à un furet.

Il s'agit en fait d'un putois d'Europe, un petit carnivore nocturne et très rapide qui vit en principe dans des zones humides. 

On a vu des groupes de 5 petits putois, c'est rare chez les mustélidés, on a eu 200 détections de putois en un an.

Rémy Masséglia

La tempête Alex n'a en rien modifié les habitudes de ce petit animal qui continue à se reproduire dans la même zone, et qui peut-être, vit dans d'autres secteurs du Mercantour.

Dans un espace qui, en l'espace d'une nuit, est devenu sinistré dans la nuit du 2 au 3 octobre 2020 avec le passage de la tempête Alex, la faune et la flore ont subi des dommages considérables.

Mais la nature est résiliente. Rémy Masséglia et sa fille Naïs le constatent tous les jours en parcourant leurs chères montagnes. 

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