L'entreprise de contenants en plastique est en faillite. Une procédure de protection a été lancée le 18 septembre dernier. La célèbre marque a pourtant connu un grand succès dans les années 70 en France avec les réunions de ventes à domicile. France 3 Côte d'Azur vous a demandé de raconter votre lien avec ces produits américains.
La célèbre boîte en plastique n'est pas au mieux de sa forme. La marque américaine a annoncé le 18 septembre dernier lancer une procédure de faillite en déposant une demande de protection via le chapitre 11, une loi qui soutient les entreprises en péril. Pourtant, ces petites boîtes en plastique ont eu un passé glorieux. La marque inventée par Earl Tupper a fait ses premiers pas auprès du grand public en 1946.
Cette boîte en polymère résistante et son système de joints hermétiques feront son succès. Deux ans après son lancement, la première réunion Tupperware voit le jour, l'idée est de convaincre les clients par la démonstration, comme l'indique le site français de la marque.
L'invention des réunions Tupperware
Majoritairement, ce sont les femmes qui s'emparent des réunions Tupperware, qui leur apportent un salaire confortable. Les boîtes ne se vendent pas dans les commerces, mais par ces ventes directes. Dans les années 70, les petites boîtes deviennent de plus en plus populaires, certains se souviennent avec nostalgie des réunions "Tupp". Les rendez-vous se déroulent dans les salons, avec les amis, le voisinage, de manière décontractée. "Un membre de ma famille était démonstratrice. Nous avons fait des réunions à domicile, c'était très sympathique", se souvient Liliane Occelli, habitante des Alpes-Maritimes.
Ces réunions sont aussi l'occasion de recruter de nouvelles vendeuses, comme Edwige Deldon, qui a débuté en 1970 comme démonstratrice après avoir assisté à une réunion Tupperware.
J'ai fait ça pendant plus de 30 ans, c'est le travail que j'ai préféré !
Edwige Deldon, ancienne démonstratrice Tupperware
J'étais libre de faire ce que je voulais, j'étais mon propre patron. C'était nouveau et je gagnai bien ma vie, c'était génial", explique la nonagénaire à France 3 Côte d'Azur. "Nous avions une voiture, on nous offrait des voyages selon les chiffres", ajoute Edwige. À cette époque, le fonctionnement de l'entreprise permettait de gravir rapidement les échelons afin de devenir monitrice et de pouvoir gérer des équipes de plusieurs démonstratrices.
Souvenirs d'enfance
La logistique liée à l'activité de ces démonstratrices était bien souvent à la maison. "Je me rappelle des colis des clientes à préparer et à livrer ainsi que des tampons de commandes avec parfois des Tupperware qui recouvraient tout le salon. Je l'accompagnais les week-ends lors des réunions qu'elle animait, je rencontrais les enfants des clientes", explique Véronique Deldon, fille de Edwige.
Face au succès de la boîte en plastique, une usine est ouverte en France en 1973. Les Tupperware seront fabriqués dans une usine basée à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire). Elle fermera ses portes en 2018.
Inusable
La fièvre Tupperware a fini par encombrer bon nombre de placards. L'un des atouts des boîtes, leur durabilité. "Mes premiers Tupp datent de 1975 et je les ai toujours ! Je regrette de ne plus en trouver car je suis une inconditionnelle. Le système de fermeture par expulsion d'air était efficace", ajoute Liliane Occelli. "J’ai encore ceux de ma mère. Inusables, ces boîtes", renchérit Myriam. "C'est increvable comme boîte", renchérit Véronique Deldon.
Malgré cette réputation de boîte éternelle, la marque peine à se renouveler. La concurrence fait de l'ombre au produit comme Pyrex, Luminarc ou Ikea en proposant des boîtes de conservation en verre. Le plastique, lui, commence à véhiculer une image négative, vu comme nocif pour la santé et pour l'environnement. D'année en année, la production baisse, la marque ferme des lignes de production en Europe.
"Au cours des dernières années, la situation financière de la société a été gravement affectée par l'environnement macroéconomique difficile. Ce processus est destiné à nous offrir une flexibilité essentielle alors que nous poursuivons des alternatives stratégiques pour soutenir notre transformation en une entreprise numérique", explique Laurie Ann Goldman, présidente et directrice générale de Tupperware, dans un communiqué publié le 17 septembre.
Perte de vitesse
Cette annonce a fait réagir les fans de la marque. "Ça m'a fait mal au cœur, mais je ne suis pas étonnée non plus, la mentalité a changé. Lorsque j'ai quitté Tupperware vers 2005, je ne comprenais plus les décisions", affirme Edwige Deldon. "Il y a un sentiment de nostalgie lié à cette époque", ajoute Véronique Deldon.
Tout n'est pas encore perdu pour la marque de contenants en plastique, avec cette procédure de faillite, elle peut encore inverser la vapeur. Un espoir pour les 3 millions d'employés revendiqués par l'entreprise et une présence dans plus de 81 pays.