Tout comme les vols commerciaux, les vols privés sont aussi quasiment à l'arrêt. Il faut montrer patte blanche pour pouvoir voyager avec un jet à destination de la région Provence-Alpes Côte d'Azur. Comme partout ailleurs !
À 10h ce lundi matin, le trafic aérien au-dessus de la Côte d'Azur était presque nul : 5 appareils.
Un de la compagnie Alitalia qui survolait les Alpes-Maritimes pour relier Rome à Londres.
Un avion privé britannique qui a relié Cannes à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) en aller-retour dans la journée.
Enfin, trois appareils de la compagnie JetFly aviation reliant Cannes à Basel (Suisse), ville frontalière du Haut-Rhin.
Un trafic aérien très faible pour l'aéroport Cannes-Mandelieu, le deuxième de France concernant les voyages d'affaires. Sur une année, ce sont ainsi 11.978 mouvements en moyenne qui y sont comptabilisés.C'est une opération médicale. Ce sont une vingtaine d'infirmières qu'on déplace sur le territoire français. C'est une activité caritative ; les propriétaires des avions prêtent leurs appareils à titre gratuit. C'est notre manière de donner un coup de main pour rapatrier des équipements ou du personnel - Maxime Bouchard, directeur Jetfly Aviation
À bord, Maxime Bouchard affirme que les passagers portent tous des masques et que les appareils sont désinfectés après chaque utilisation.Conscient de sa mission de Service Public, l’aéroport est et restera ouvert à tous les vols, sanitaires, déroutés, etc. même en l’absence de vols commerciaux programmés. ACA va s’organiser, en effectifs réduits, pour maintenir, coûte que coûte, la continuité de Service Public.
— Aéroport de Nice (@AeroportNice) March 18, 2020
"On fait 5% du volume habituel, on est quasiment à l'arrêt. L'aviation d'une manière générale est très touchée par la crise et l'aviation privée ne l'est pas moins que les autres", poursuit le patron de la société luxembourgeoise spécialisée dans le voyage d'affaires.
Montrer patte blanche
À Monaco, l'héliport reçoit "des demandes de vol de temps en temps, entre 3 et 4 par semaine, contre une centaine par jour habituellement", détaille Gérard Robini, le chef d'exploitation."C'est du déplacement professionnel, notamment des patrons de grosses sociétés qui font des réunions séminaires dans le Var." Pour ces vols, les pilotes ont à leur disposition "des masques et un thermomètre frontal pour s'assurer que les passagers n'ont pas de température".
L'héliport indique une chute de fréquentation en passagers de -98%.
Ceux qui voyagent "doivent être en conformité avec les réglementations de déplacement monégasque et française", continue Gérard Robini. Ainsi, un résident monégasque n'a pas eu l'autorisation par les autorités monégasques de faire venir sa mère (non-résidente).
"Une Allemande nous a contactés pour venir dans sa résidence secondaire sur la Côte d'Azur. On a présenté le dossier à la douane, mais il a été refusé", complète Patrick Azemar, le patron du courtier Flying 7air. Mais certains tentent quand même leur chance...
Refoulés par la douane à Nice
Trois Grecs d'origine russe souhaitaient décoller de Londres pour rejoindre leur résidence secondaire monégasque via Nice. Malgré les refus des autorités françaises et monégasques, ils ont tout de même décollé le 8 avril dernier, sans titre de séjour. À leur atterrissage en Côte d'Azur, ils ont été priés par la police aux frontières de faire demi-tour, comme nous l'avait indiqué mi-avril Emmanuelle Joubert, la directrice de la PAF dans les Alpes-Maritimes.Même sort pour ces riches vacanciers, qui avaient tenté de rejoindre la Côte d'Azur à bord d'un jet privé début avril. L'appareil, parti de Londres, avait atterri à l'aéroport de Marignane sans autorisation ; les 10 passagers n'ont pas été autorisés à entrer sur le territoire français.
Dernier exemple en date : le 20 avril, une famille de ressortissants grecs résidents monégasques souhaitait atterrir avec leurs employés philippins. Ces derniers n'avaient que leur titre de résident grec, "ce qui ne leur permettait donc pas d'accéder au territoire national dans le contexte actuel", détaille la directrice de la PAF 06.
"Persuadés jusqu'au dernier moment qu'ils pourraient rejoindre Monaco avec eux, la famille rejoignait l'Allemagne depuis Dubaï. Informée dès le départ de manière ferme et répétée du refus d'entrée auquel s'exposaient leurs employés, la famille renonçait à prendre avec elle ses employés, à la toute dernière minute."
"La PAF contrôle tous les passagers de l'aéroport : ceux des vols commerciaux et ceux des vols privés", continue Emmanuelle Joubert. Les vols privés "ne sont pas toujours prévus longtemps à l'avance [et] la police est donc très vigilante". Pour l'heure, "aucune verbalisation sur l'aviation privée n'a eu lieu".
Seuls les rapatriements ou les vols pour se rendre dans son pays d'origine sont autorisés. C'était le cas de ce Pilatus qui a décollé de Nice en fin de matinée pour rejoindre Genève. "Le plan de vol a été accepté par les douanes française et suisse", explique la société Fly7, qui opérait ce vol.
Autorisés (ou pas) à entrer sur le territoire français
Pour pouvoir atterir en France depuis un autre pays, il faut remplir une attestation de déplacement international dérogatoire en plus de l'attestation nationale de déplacement.- Les ressortissants de pays non-membres de l'Union européenne et pays assimilés (Grande-Bretagne, Islande, Norvège, Andorre, Monaco, Saint-Marin, Saint-Siège, Liechtenstein) ne disposant pas de titre de séjour ou de visa longue durée (en dehors d'un simple séjour touristique) ne sont pas autorisés à entrer sur le territoire ;
- Les ressortissants de pays non-membres de l'Union européenne et pays assimilés ayant un titre de séjour ou un visa longue durée ne sont autorisés à entrer sur le territoire que s'ils rejoignent leur résidence établie en France ;
- Les ressortissants de pays de l'Union européenne et assimilés ne peuvent accéder au territoire que s'ils rejoignent leur résidence établie en France ou s'ils transitent par la France pour rejoindre leur résidence habituelle (comme les résidents monégasques par exemple) ;
- Les professionnels de santé missionnés aux fins de lutter contre le Covid-19 ou les personnes assurant une activité de transport de marchandises (notamment les marins) sont autorisés à entrer sur le territoire, quelle que soit leur nationalité.