"Je crains le jour où des drones apporteront des armes fabriquées en 3D" : la surpopulation à la prison d'Aix-en-Provence inquiète les magistrats

Violence accrue, prisonniers dormant sur des matelas au sol, audiences retardées en raison des difficultés à extraire les détenus: les autorités judiciaires ont alerté vendredi sur la surpopulation au centre de détention d'Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône), un des plus importants de France.

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"La surpopulation carcérale a de multiples conséquences" et "cette réalité carcérale impacte la juridiction", a insisté Christine Peyrache, première vice-présidente du tribunal judiciaire d'Aix-en-Provence lors de l'audience solennelle de rentrée.

La prison d'Aix-Luynes est confrontée à un taux de suroccupation moyen de 150% avec 2000 détenus hébergés sur 1200 places.

C'est plus que la densité nationale au 1er janvier qui était de 122,9% en France, un pays une nouvelle fois condamné en juillet par la Cour européenne des droits de l'Homme pour sa surpopulation carcérale chronique. 

Des violences de plus en plus graves

À Aix-Luynes, les conditions de détention sont de plus en plus dégradées avec des matelas à terre et une violence de plus en plus importante. Jean-Luc Blachon, le procureur de la République d'Aix-en-Provence a relevé 627 incidents en détention en 2023 avec des "faits de plus en plus graves".

Récemment, ils ont retrouvé un détenu avec 19 téléphones en cellule et un kilo de cannabis et "je crains le jour où des drones apporteront des armes fabriquées en 3D", a-t-il alerté. Ce mois-ci, un système de livraison par drones dans les prisons a été démantelé dans les Bouches-du-Rhône et le Var.

Des violences entre détenus sont parfois captées via le système de vidéosurveillance, mais les surveillants ont de telles difficultés d'effectifs qu'ils ne peuvent pas intervenir, a précisé Christine Peyrache.

Une surpopulation liée à la délinquance marseillaise

Sur la juridiction, les conséquences sont concrètes : audiences retardées de plusieurs heures parfois face aux difficultés d'extraction des détenus, audition en visioconférence plutôt que devant le juge.

Cette surpopulation est due en partie à la criminalité marseillaise avec environ 40% des détenus qui sont envoyés à Aix-Luynes par le tribunal correctionnel de la deuxième ville de France. La fin du chantier de rénovation et d'extension de la prison des Baumettes est attendue pour 2025 à Marseille.

Il y a quelques jours, le syndicat pénitentiaire des surveillants a de nouveau alerté dans une lettre ouverte sur la situation d'Aix-Luynes. "L'augmentation constante du nombre de détenus n'est pas répercutée par une hausse proportionnelle des effectifs, qui, au contraire, diminuent", ont-ils écrit parlant de 68 agents manquants.

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