"Une atteinte à la liberté d'expression" : à Arles, la Ligue des droits de l'homme est exclue de la Maison des associations

La section arlésienne de la LDH a été exclue de la Maison de la vie associative de la ville, le 9 décembre dernier. Une décision qui "porte atteinte à la liberté associative", dénonce à Arles un collectif d'associations.

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Une manifestation, des drapeaux et un slogan : "réintégrez la LDH !". Les conseillers municipaux de la ville d'Arles ont dû fendre la foule avant d'atteindre la salle des fêtes où se tenait, jeudi 19 décembre, le conseil municipal. La ligue des droits de l'homme (LDH) appelait ses soutiens à manifester, suite à son exclusion de la Maison de la vie associative.

<< "On nous met des bâtons dans les roues", des associations dénoncent la "censure" de la Maison de la vie associative à Arles>>

La LDH a été notifiée de la décision le 12 décembre dernier par mail puis courrier recommandé. Le conseil d'administration de la Maison de la vie associative "voté l’exclusion de la Ligue des droits de l’homme – section d’Arles par 17 voix contre 4", écrit Danielle Valette, présidente d'Arles associations, la gestionnaire du lieu.

Ce lieu, financé par la municipalité, propose aux associations locales des services et des locaux pour leurs réunions et événements. Adhérente depuis une vingtaine d'années, la LDH, doit donc trouver d'autres lieux pour continuer ses activités et notamment ses soirées débat. "La mairie nous propose d'autres salles, mais plus petites", regrette Marguerite Pozzoli, présidente de la section arlésienne de la LDH.

Une procédure au tribunal administratif en cours

Elle dénonce surtout "une entrave à la liberté d'association". Fondée en 1898, "suite à l'affaire Dreyfus", la LDH a pour mission la défense des libertés publiques et des droits humains. Point de départ du conflit, l'organisation en octobre d'une soirée autour du documentaire "Béziers, l'envers du décor", suivie d'un débat. Un regard critique sur la gestion de la ville par Robert Ménard, homme politique proche des partis d'extrême droite.

Le conseil d'administration de la maison de la vie associative n'a pas autorisé la soirée, jugée trop "politique". "Une décision arbitraire, dénonce Marguerite Pozzoli. En janvier prochain, nos amis de l'Upop'arles organisent une conférence intitulée "Vote RN et abstention : les effets croisés de la défiance démocratique". Est-ce que c'est moins politique ?"

Suite à cette décision, le réseau national de la LDH décide de réagir en entamant une procédure administrative. "On ne peut pas défendre la liberté d’expression en général et ne pas réagir quand une petite section locale est concernée."

La procédure d'urgence en référé-suspension a été déboutée, car la rencontre a finalement pu se tenir dans une autre salle mise à disposition par la mairie. Mais la LDH n'entend pas abandonner la voie judiciaire en cours. Un procès devra trancher le litige. "C'est une question de principe, si personne ne défend les libertés associatives en France, on va finir par se censurer, par peur."

Lors du rassemblement de jeudi soir, Marguerite Pozzoli a pu interpeler le maire macroniste d'Arles, Patrick de Carolis. "Il nous répond que le CA de la MDVA est souverain. Pourtant, c'est son rôle de maire d'intervenir. C'est un homme de culture. Accepter l'exclusion de la LDH, c'est une charge symbolique terrible." Joints par téléphone, ni Patrick de Carolis ni son cabinet n'ont souhaité réagir.

"Ça participe à l'instauration de régimes autoritaires"

"L’exclusion [de la LDH] d’un service public de la vie associative est le signe inquiétant d’un recul de la vie démocratique de notre pays" dénoncent des comités locaux et régionaux de la LDH ainsi qu'une quarantaine d'associations. Parmi elles, des comités de quartier, mais aussi le festival Les Suds.

"Museler une association, c’est très inquiétant", confie Bernard Eynaud. Militant de la LDH à Marseille, il a fait le déplacement à Arles jeudi soir pour apporter son soutien à la section Arlésienne. "Tout ce qui relève de la censure, de l’empêchement du débat démocratique, participe aux idées d’extrême droite et à l’instauration de régimes autoritaires."

Marguerite Pozzoli dit recevoir des témoignages d'autres associations de la région qui se disent menacées dans leurs activités. "Ceux qui soutiennent la Palestine, les migrants, les militants de l'écologie ou du droit au logement..."

Dans les prochaines semaines, la LDH doit s'organiser pour poursuivre ses activités, sans le soutien de la MDVA. "Nous allons également renforcer nos liens avec les syndicats, partis progressistes et asso et faire des actions communes, indique Marguerite Pozzoli. Car ce n'est pas une petite querelle. C'est la défense d'une liberté importante pour notre démocratie."

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