"Cassis-Cannes, c'est caca ", 200 km à pied pour ramasser des mégots, le nouveau défi de l'escargot anglais et de Fred le sanglier

"Arrête de niquer ta mer", "Cassis Cannes, c'est CaCa", les slogans sont chocs, c'est pour sensibiliser à la préservation de la nature. Les deux aventuriers de l'environnement repartent ce jeudi 3 octobre pour un nouveau défi de 200 km à pied, pour ramasser des mégots entre les deux villes de Cassis et Cannes. Ensuite, ils montreront la récolte aux écoliers et aux habitants.

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À partir du jeudi 3 octobre et pendant deux semaines, Edmund Platt et Frédéric Munsch vont entamer leur 4ᵉ road trip. Cette fois-ci, c'est entre Cassis et Cannes, qu'ils vont marcher, soit 200 km à pied pour ramasser des mégots. "Sans sponsors, sans tente ni duvet, sans argent et sans budget pour montrer qu'on peut tous agir pour préserver la nature". Une aventure "drôle, grotesque, humoristique", comme ils l’ont qualifié eux-mêmes, à l'image de leurs précédents défis, entre Marseille et Paris, ou encore entre l'Angleterre et l'Écosse ou plus récemment en Corse.

Entre Mars et avril 2024, ils ont ramassé plus de 30 000 mégots sur l'île de beauté et sont allés à la rencontre de 1500 élèves dans 22 écoles pour sensibiliser la nouvelle génération "aux gestes simples de ne pas polluer notre planète, notre nature".

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"Je montre juste ce qui est possible de faire"

C'est pas une campagne anti-tabac, je m'en fous de tes poumons, de ta santé, mais prend soin de la nature.

Edmund Platt

à France 3 Provence-Alpes

Le langage est fleuri, mais a le mérite d'être clair et direct "je m'en bats les couilles, comme on dit ici, je ne veux forcer personne. La décision doit venir des gens eux-mêmes, alors je ne leur dis pas quoi faire, je montre juste ce qui est possible de faire", précise Edmund.

L'expérience passée est assez édifiante avec les écoliers rencontrés lors de leur périple et lors des échanges dans les classes. "Lorsqu'on leur demande s'ils ont déjà vu quelqu'un jeter un mégot par terre, ils répondent [oui ma maman] ou alors [mon papa par la fenêtre de la voiture], et ils sont nombreux à répondre. Donc, on se dit que pour nos contemporains, c'est foutu, mais pas pour la génération future", détaille Fred le sanglier.

Et surtout, l'escargot anglais (de son surnom) ne se lassera pas "on est obligés de faire des marches, car il y a toujours des mégots par terre. Les gens nous demandent pourquoi on fait ça, on leur répond pourquoi ils ne demandent pas aux fumeurs de ramasser les mégots ?"

Le message est simple, "vous aimez le lieu où vous habitez ? Vous le trouvez beau ? C'est joli de la côte bleue à Menton ? Alors si tu aimes te baigner dans la mer, et que tu ne veux pas qu'elle soit polluée, arrête de jeter tes mégots dans les calanques, dans la nature, dans le caniveau, ça finit dans la mer!", s'époumone Edmund à force de le répéter.

Culottés, pas nus et sans rien d'autre

Pour ce périple, Edmund et Fred partent les mains vides, "sans argent, sans sponsor, sans budget, sans tente, ni duvet, ni matelas", précisent les deux compères, "on en fait partie d'aucune association, on ne soutient aucune cause, on veut juste montrer que c'est une aventure du quotidien, que chacun peut le faire, en bas de chez lui, ça ne coûte rien, et cela ne nécessite aucun matériel spécifique", précise Edmund.

"Nous allons dormir chez les habitants qui voudront bien nous offrir le gîte et le couvert, parce qu'ils sont touchés par notre initiative et qu'ils la soutiennent. On est un mix entre "Las Vegas Parano", "j'irai dormir chez vous" et "nus et culottés", compare Fred.

Ils vont partir le 3 octobre prochain de Cassis et prévoient d'arriver le 16 octobre prochain à Cannes. En moyenne, ils vont marcher entre 15 et 20 km par jour, discuter avec les gens qu'ils rencontrent, montrer les récoltes de mégots. "On va ramasser aussi des bouteilles en plastique et les accrocher ensemble pour en faire une guirlande qu'on va montrer sur les terrasses, dans les écoles. C'est une façon de montrer la quantité", explique Frédéric Munsch.

"Il faut juste donner envie, c’est à eux de prendre la décision"

“Ramasse ton mégot ou je ramasse ta meuf [ou ton mec]”, annonce Edmund sur le ton de la provocation en expliquant que de toute manière pour faire comprendre les choses" il faut parler comme ça" regrettant que "les gens sont la tête dans leur téléphone, sur les réseaux sociaux, alors si on veut rentrer dans leur tête, il va falloir utiliser, nous aussi, les réseaux sociaux, avoir des mots durs ou drôles, percutants pour que ça rentre une bonne fois pour toutes".

Selon les deux aventuriers, si les gens "arrêtaient un peu avec la Télé, le téléphone et les réseaux, s'ils passaient un peu plus de temps déconnectés de leur individualisme pour se connecter à la nature, ils se rendraient compte de ce qu'ils ratent, et qu'il est temps d'agir pour préserver la planète. C'est cliché, mais on n'est pas propriétaires de notre planète, juste locataires, donc il faut la laisser clean".

Edmund prend pour exemple les nombreuses campagnes de ramassages de déchets par différentes associations à Marseille, "qui essayent de contenir la catastrophe, mais ramassage après ramassage, vous voyez du changement ? Sur Marseille ? Les alentours ? Ça fait plus de 10 ans que "One piece of rubbish" agit et le constat ? Zéro résultat sur le long terme, ce qu'on enlève est remis inlassablement, voir plus qu'avant. Pourquoi tu ne ramènes pas tes déchets de pique-nique ? Tes mégots ? Pourquoi tu fais ça si tu aimes marcher dans la nature ? "

Edmund explique "Si même le Var est sale, alors le reste ne sera pas respecté, des quartiers nord à st Tropez, on ne donne pas de leçon, on donne l’exemple". 

Les gens sont dans la surconsommation, ils ne s’intéressent à rien.

Edmund Platt

à France 3 Provence -Alpes

Quant à savoir ce qu'ils vont faire de tous ces mégots après les avoir collectés ? Et bien Edmund s'en sert "on va les garder, j’ai gardé les 30 000 mégots de la Corse. On les garde pour les montrer symboliquement aux écoliers, aux collégiens etc. partout où on nous accueillera pour parler de notre projet". D'ailleurs, ils ont un message à passer : "on est attendus sur le voyage dans plusieurs écoles, notamment à Bormes-les-Mimosas et Hyères, par des profs qui sont sensibles à notre message. On peut venir si vous voulez. Donc si vous avez une classe, une école, un lycée ou un collège, on vient gratuitement, on reste une demi-heure et on parle de ce que l'on fait, n'hésitez pas à nous contacter. Les 22 écoles où nous nous sommes rendus en Corse étaient ravies".

"En réalité, si les influenceurs qui sont sur les réseaux sociaux avec leurs milliers de followers comprenaient l'importance de ramasser ses mégots et au lieu de vendre des produits dans leurs posts, ils vantaient la préservation de la nature, comment faire pour ne pas polluer, ce serait bien. Alors si parmi eux, il y en a un ou une qui se sent concerné, il n'y a pas de partenariat, pas d'argent à gagner à part sauver la planète... ", lance Frédéric Munsch mi-sarcastique mi-sérieux.

Cassis-Cannes CaCa, car c’est caca entre Cassis et Cannes

"On refuse tout financement, nous, on communique par des story grotesques et humoristiques, cartoon pour attirer l’attention sur des causes nobles et justes, nous, on n’a rien à vendre", insistent les deux aventuriers de l'environnement. "Cassis-Cannes, CaCa, car c’est caca entre Cassis et Cannes", voilà leur leitmotiv. Edmund explique "Si même le Var est sale, alors le reste ne sera pas respecté, des quartiers nord à st Tropez, on ne donne pas de leçon, on donne l’exemple". 

"Quand on a fait le tour de la Corse, on a ramassé avec les enfants dans toute la ville. Des restaurateurs sont venus nous voir à Ajaccio, et l'une d'elle nous dit [ je suis mère de famille et ça m’a fait prendre conscience de voir les petites mains nues des enfants, ramasser ces mégots dégoûtants sans gants, c’est percutant, c’est la relève. On doit se mobiliser pour eux]".

Et des prises de conscience, Fred et Edmund en espèrent pas mal sur les 200 km de trajet et bien au-delà...Pour suivre leurs aventures, c'est donc sur Instagram que cela se passe, ils donneront des nouvelles de leur périple et mettront des photos et vidéos de leur récolte.

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