À l'occasion de la journée nationale de la qualité de l'air, samedi 14 octobre, l'observatoire régional AtmoSud s'est concentré sur le trafic aérien, avec les premiers résultats des mesures sur les particules ultrafines près des aéroports.
Les avions sont-ils les méchants pollueurs qu'on imagine ? En 2021, le rapport annuel publié par l'aéroport Marseille Provence pouvait semer le doute : "Atmosud n'identifie pas d'impact spécifique de l'aéroport Marseille Provence sur la qualité de l'air de son environnement." L'observatoire régional de la qualité de l'air développe depuis 2020 un nouvel outil capable de distinguer les particules ultrafines, majoritairement issues du trafic aérien.
"À Marignane, l'aéroport se trouve dans un tissu urbain très dense, rappelle Florence Peron à France 3 Provence-Alpes, ingénieure d'étude à AtmoSud, à l'occasion de la journée nationale de la qualité de l'air, samedi 14 octobre. Le trafic routier aux alentours génère quoi qu'il arrive une dégradation de la qualité de l'air. On ne peut pas parler de surémissions de gaz à effet de serre propre aux aéroports, car ce qui provient du trafic aérien se retrouve noyé dans les émissions déjà très importantes autour des avions."
Une nouvelle façon de mesurer les émissions de carbone
L'observatoire régional de la qualité de l'air relève trois niveaux de polluants réglementés que sont l’ozone, les oxydes d’azote et les particules fines. "On mène des travaux sur les particules ultrafines, révèle Florence Peron. Elles sont un bon indicateur d'une pollution liée à l'activité aérienne exclusivement." Ce type d'émissions de gaz à effet de serre n'est pas encore référencé dans le catalogue d'Atmosud, mais il pourrait bientôt le devenir.
"Aujourd'hui, la granulométrie nous permet de distinguer les particules qui viennent des moteurs d'avion, avec une taille de moins de sept nanomètres, détaille l'ingénieure de l'observatoire. On sait les différencier des particules dites fines, comme celles qui proviennent des moteurs diesel de voitures par exemple et vont rejeter des particules plutôt aux alentours de 300 nanomètres."
Un premier test effectué à Nice
Avec 12 millions de voyageurs en 2022, l'aéroport de Nice est le troisième plus fréquenté de France. C'est là-bas que "nous avons installé un compteur de particules pour l'année 2020, se souvient Florence Peron avec des résultats prometteurs. La situation géographique de l'aéroport est particulièrement révélatrice : on a remarqué que les vents en provenance de l'aéroport à l'ouest de la ville ont rapporté un nombre beaucoup plus élevé de particules ultrafines, que dans les résultats des émissions de gaz à effet de serre en provenance de l'autoroute plus au nord."
Par ailleurs, la phase de décollage serait le moment où un avion pollue le plus. Il provoque à cet instant une "pollution de panache" selon l'ingénieure, avec un pic de pollution dans les 10 minutes suivant l'envol.
Nouvelle analyse près de Marseille en 2024
L'ensemble de ces résultats reste à prendre avec des pincettes pour l'instant. Les conclusions rendues publiques par AtmoSud ne se basent que sur un seul aéroport. Dès 2024, l'observatoire devrait installer son compteur de particules à l'aéroport de Marseille-Provence à Marignane. L'objectif sera de développer les connaissances sur le sujet, et peut-être de confirmer les données enregistrées à Nice.
Pour rappel, les particules ultrafines sont considérées par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'environnement comme plus nocives que les particules fines, car elles pénètrent plus profondément dans l'organisme. Un rapport de l'Agence atteste que les "données recueillies depuis 2013 confirment ou renforcent le lien [des particules ultrafines, ndlr] avec des atteintes respiratoires et cardiovasculaires et les décès anticipés."