Lors d'une conférence de presse dans le cadre de la venue d'Emmanuel Macron dans le Var pour les 80 ans du débarquement de Provence, l'accent est mis sur des "évocations" et non "des reconstitutions" du débarquement ce 15 août à Toulon, au large et dans le ciel. Mais quelle est la différence ? Comment rend-on hommage en 2024? Éléments de réponses.
La consigne est claire, répétée. "Ce sera une évocation du débarquement et pas une reconstitution", indique un porte-parole de l’Élysée au cours d’une conférence de presse sur l’organisation des commémorations des 80 ans du débarquement de Provence. Difficile de ne pas se tromper, tant le mot "reconstitution" est plus répandu. "Des avions de chasse compléteront le tableau de cette reconstitution, de cette évocation, pardon" se corrige le communicant. Mais quelle est la différence ? Et pourquoi des évocations plutôt que des reconstitutions ?
Moins de "spectacle"
L'Élysée explique qu'une cérémonie aura lieu le matin du 15 août dans le Var, et une évocation dans l'après-midi à Toulon. "L'évocation c'est lorsque l'on parle de l'histoire sans la reproduire à l'identique", précise l'historienne Judith Aziza.
Les évocations sont des commémorations traditionnelles.
Judith Aziza, historienneFrance 3 Paca
Alors que les reconstitutions sont des sortes de spectacles, où l'histoire est rejouée heure par heure, précise l'historienne. "Pour une reconstitution, il faut des acteurs, des scénarios" et donc du budget.
Moins coûteux
L'Élysée assure qu'il n'y a pas assez de moyens pour réaliser des reconstitutions. Au-delà de l'aspect financier, "les armées françaises d'aujourd'hui ne pratiquent pas le mode d'action de l'époque, ça ne correspond plus à nos besoins opérationnels de faire des débarquements de cette importance-là. On fait autrement, je pense que l'actualité peut en témoigner", explique un porte-parole.
Cette évocation sera réalisée par des associations de reconstituants sur la plage du Lido, mais aussi évidemment par les armées françaises.
Porte parole de l'Elysée
"Donc, on ne referait pas un tel débarquement, donc on n'a pas les moyens de le refaire à l'identique, évidemment ça n'aurait pas de sens".
D'autant plus que la Marine nationale "est très engagée en mer Rouge, Noir, en Méditerranée orientale et pour les JO". Pas possible donc, de faire une reconstitution.
Comment commémorer ?
Depuis plusieurs années, le mémorial d'Auschwitz recadre ses visiteurs venus prendre des selfies. Les derniers survivants de l'histoire disparaissent. Et puis il y a celles et ceux qui remettent en question l'Histoire. Alors le choix des mots et des commémorations résonne particulièrement et de plus en plus. Comment raconter l'histoire ?
En janvier, le "D-day land" a été annoncé pour commémorer les 80 ans du débarquement de Normandie. Un projet qui fait débat. "Nous souhaitons mettre le public en immersion pendant quarante-cinq minutes. Les spectateurs seront amenés à voyager entre l'amphithéâtre, où nous diffuserons des images d'archives sans commentaires, et l'esplanade, où des comédiens et des circassiens évoqueront les gestes, mais ne joueront pas", a détaillé Roberto Ciurleo, l'un des producteurs, à nos confrères de France 3 Normandie.
En Provence, les commémorations d'un débarquement souvent minimisé, seront réparties en deux étapes. Le président de la République est attendu le matin sur le site de la Nécropole de Boulouris à Saint-Raphaël. Puis l'après-midi, il assistera, avec des chefs d'États africains, à une évocation historique sur la plage du Lido. D'autres manifestations sont prévues dans différents lieux de la région Paca.