"Ça dit quelque chose du climat qui s'installe" : des menaces de mort contre le directeur éditorial de La Marseillaise

"Une balle dans la nuque" : après des avocats ou des élus, c'est au tour de journalistes d'être menacés de mort sur le site d'extrême droite Réseau Libre. Le directeur éditorial du journal la Marseillaise est ciblé, ainsi que des journalistes tels que Philippe Pujol, Ariane Lavrilleux et Nina Hubinet. Des journalistes de France 3 sont aussi dans cette liste.

Après des avocats ou des élus, c'est au tour de journalistes d'apparaître sur une liste noire de personnalités menacées de mort dans le cadre de leur engagement professionnel. Des menaces anonymes et nominatives portées par le site d'extrême droite "Réseau libre", faisant clairement référence à des exécutions. Le directeur éditorial du journal la Marseillaise est, lui aussi, ciblé, ainsi qu'Ariane Lavrilleux, Nina Hubinet, journalistes indépendantes ou encore le prix Albert Londres, Philippe Pujol, qui écrit avec gravité dans un tweet "voilà où nous en sommes". Deux journalistes de France 3 ont appris ces dernières heures que leur nom figure aussi sur cette liste noire. 

De nombreux précédents

Réseau Libre est un site internet français d'ultra-droite, hébergé en Russie, auquel nos confrères de Street Press ont consacré une enquête en début d'année. Ce site qui avait déjà publié un article recensant une centaine d'avocats "à éliminer" qualifiés de "pourritures" pour avoir signé une tribune dans Marianne le mardi 2 juillet, contre le Rassemblement national.

Réseau Libre avait récidivé dans un billet publié lundi 8 juillet, en désignant cinq nouvelles cibles : quatre personnalités politiques de gauche, Alexis Corbière, Manuel Bompard, Ian Brossat, Rachel Keke, et Yassine Bouzrou, un avocat engagé contre les violences policières.

" Un cap a été franchi "

Alerté par ses consœurs du collectif Presse papiers, Ariane Lavrilleux et Nina Hubinet, Léo Purguette a découvert ce mercredi 9 juillet qu'il faisait, tout comme elles, l'objet de menaces de mort, d'"une balle dans la nuque". Bien que la rédaction du journal ait été victime, par le passé, de tentatives d’intimidations, il reconnaît que face à la violence des mots employés, "un cap a été franchi ".

Le directeur éditorial se revendique à la tête d'un "journal de Résistance" qui s'est, lui aussi, exprimé vivement durant la période électorale des législatives "contre les idées et les violences d'extrême droite, contre la haine, contre le racisme, l'antisémitisme, contre la misogynie, l'homophobie... Et tout cela déplaît à est cette mouvance haineuse et rétrograde".

Ces listes noires n'épargnent pas non plus le monde syndical, militant et associatif. "Les professions qui sont visées participent à la démocratie et au fonctionnement de la République", commente le "patron" de la rédaction, "et cela dit quelque chose du climat qui s'installe dans notre pays".

"La bête immonde"

Les journalistes de la rédaction de la Marseillaise ont réagi par la voie du syndicat CGT à travers un communiqué publié sur X (anciennement-Twitter). Ils s'élèvent contre une "vague de haine" de "la fange brune" et réitérèrent leur engagement à "poursuivre le combat de leurs prédécesseurs" contre "la bête immonde".

En Une récemment, nous évoquions une boulangerie incendiée à Avignon et taguée "nègre, dégage", le message visant un jeune apprenti d'origine malienne. C'est un continuum, de violence et de haine

Léo Purguette, président du quotidien La Marseillaise

France 3 Provence-Alpes

Le directeur éditorial a immédiatement informé sa rédaction par mail, appelant les journalistes "à la vigilance et la prudence" avec pour objectif "de poursuivre notre mission d'information dans la sérénité parce qu’évidemment ce genre de menaces est fait pour déstabiliser et intimider".

Défendre la liberté de la presse

La Marseillaise rapporte dans des colonnes les nombreux soutiens reçus du monde politique comme de celui des médias. Parmi lesquels des confrères de la presse écrite, par la voix d'Aurélien Viers pour le journal La Provence et Guillem Ricavy pour le quotidien Var Matin.

"Face aux menaces de mort qui ciblent à leur tour des journalistes, il est fondamental d'apporter un soutien total à ceux qui personnellement subissent cette haine, afin de défendre la liberté de la presse et d'information des citoyens", affirme pour sa part Daniel Ielli, rédacteur en chef de France 3 Provence-Alpes.

L'une des journalistes de France 3 menacées travaille en Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'autre dans le grand ouest de la France. La direction de France 3 condamne fermement ces menaces inacceptables contre ses journalistes. 

"Faire bloc est important ", réagit Léo Purguette qui se trouve "surpris par l'ampleur de ce soutien très rapide et massif". Il promet de mettre plus que jamais en débat l'avenir de la presse et du pluralisme de la profession. Une action engagée par son journal à l'occasion des états généraux de l'information, "malheureusement restés suspendus du fait du contexte électoral".

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