Le président de la commission d'enquête sur le narcotrafic, Jérôme Durain, est présent à Marseille aux côtés du rapporteur, les 7 et 8 mars. L'objectif est de mesurer l’impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier. Associations et collectifs ont été entendus ce jeudi.
Jérôme Durain, président de la commission d’enquête sur le narcotrafic en France, est en visite à Marseille les 7 et 8 mars. La cité phocéenne a été le théâtre de 49 règlements de compte sur fond de trafic de drogue en 2023 et le narcotrafic inquiète la ville. Jeudi après-midi, les associations de familles de victimes et collectifs d’habitants ont été entendus pendant près de deux heures dans les locaux de la préfecture de police des Bouches-du-Rhône. Elles demandent plus de moyens et d'accompagnement.
Adopter une "politique du quoi qu'il en coûte"
Si le narcotrafic gangrène de nouveaux territoires, les habitants, eux, refusent d’être stigmatisés. Ils estiment être les premières victimes du manque de moyens déployés par les services publics.
"C’est la loi du silence qui règne. Les familles ne vont pas appeler au secours, martèle Karine Meziene, porte-parole du collectif des familles de victimes. Elles vont rester cloitrées dans leur appartement, se taire et ne rien dire. Elles n’ont pas d’autres solutions les familles. Au quotidien, elles survivent plus qu’elles ne vivent. Je dis qu’il faut pratiquer une politique du quoi qu'il en coûte à Marseille, et en tout cas pour la lutte contre le narcobanditisme."
"Des mineurs en dangers"
Pour Karine Meziene, la jeunesse marseillaise est "en danger" et c’est sur cette population de mineurs qu’il faut agir. "On demande une cellule d’accueil d’urgence pour ces mineurs en danger. Il faut arrêter de les stigmatiser comme étant les petites mains des réseaux, ce ne sont pas forcément ceux qui sont enracinés dans le réseau et font tourner le point de deal."
Elle insiste également sur le fait qu’il faut arrêter de sanctionner les parents en disant qu’ils sont "démissionnaires vis-à-vis de leurs enfants".
Il y a quand même une certaine forme de violence qui règne dans les quartiers. Il faut aider ces parents au lieu de les pointer du doigt. Il faut remettre du social, de l’accompagnement et des moyens pour endiguer tout ça.
Karine Meziene, porte-parole du collectif des familles de victimes
Pour rappel, en 2023, 49 victimes de règlement de comptes ont été enregistrées à Marseille et ses environs. Depuis trois ans, les forces de l’ordre mènent une stratégie de harcèlement des points de deals. Mais pour quel bilan ? Quelles mesures efficaces permettraient de lutter contre ces gangs qui continuent de se faire la guerre ? La commission d’enquête sénatoriale rendra ses conclusions en mai.