Emeutes après la mort de Nahel : "Les contenus violents sont mis en avant par l'écosystème des réseaux sociaux"

Depuis la mort de l'adolescent, de nombreuses vidéos des émeutes ou de dégradations dans des villes en France, à l'image de Marseille, circulent sur les réseaux sociaux, comme TikTok, Télégram ou Twitter. Yasmine Buono, spécialiste en éducation numérique, analyse ce phénomène

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Un phénomène d'une ampleur rare. De nombreuses vidéos ont commencé à circuler, jeudi 29 juin sur les réseaux sociaux aux alentours de 21 heures concernant les violences à Marseille consécutives à la mort de Nahel tué par un policier lors d'un contrôle routier. On y voit des individus incendier des poubelles, des affrontements avec les forces de l'ordre, mais aussi des dégradations de vitrines et de la bibliothèque l'Alcazar.

Certains comptes proposaient même de suivre en direct le déroulé de la soirée, sur Télégram, Twitter Snap chat ou encore Instagram. Des vidéos effectuées en pleine action et pour la plupart violentes.

Sur l'une d'entre elle particulièrement violente diffusée vendredi 30 juin, on y voit deux individus se faire frapper violemment dans une rue non loin de la gare St-Charles. Selon La Provence et une source syndicale contactée par France 3 Provences-Alpes, il s'agirait de deux policiers qui étaient à ce moment-là hors-service. Ils ont été pris pour cible par une vingtaine de personnes vers 3h30. Ils sont grièvement blessés.

L'effet rassembleur des réseaux sociaux

Marseille n'est pas une exception, toutes les grandes villes de France voient déferler ce genre de vidéos depuis la mort de Nahel. Le président de la République, qui a annoncé le déploiement de moyens supplémentaires, a pointé du doigt "le rôle considérable" des réseaux sociaux dans ces événements.

"Nous avons vu l'organisation de rassemblements se faire sur les plateformes et constaté une forme de mimétisme de la violence, estime Emmanuel Macron. Nous prendrons plusieurs dispositions : le retrait des contenus les plus sensibles. Des demandes seront également faites partout où c'est utile pour avoir l'identité de celles et ceux qui exacerbent la violence."

Twitter, Snap Chat ou Instagram, ces réseaux sociaux sont aujourd'hui des canaux de diffusions ultrarapides pour délivrer une information, appeler à un rassemblement...

"Ils ont la capacité de mobiliser instantanément les gens. Des appels à la mobilisation sont effectués en story par exemple par des individus qui touchent leurs communautés, mais le message peut ensuite être très vite relayé à d'autres", atteste Yasmine Buono, spécialiste en éducation numérique.

D'autant plus que certains de ces réseaux sociaux ont des fonctionnalités qui permettent de visualiser où se passent ces incidents. Les nombreux hashtags avec leurs mots-clés sur Twitter mais aussi la Snap Map qui permet de géolocaliser ses amis et de voir les storys des endroits où il y a une forte affluence de monde.

La violence buzz sur les réseaux sociaux

Sur les réseaux sociaux, la violence est virale. Il suffit de voir la rapidité avec laquelle la vidéo de Nahel a été diffusée pour se rendre compte de la vitesse de propagation vers les internautes de tous les réseaux sociaux confondus.

Yasmine Buono qui étudie les réseaux sociaux depuis quinze ans explique que "la violence choque, elle suscite de l'émotion, de la colère, de l'indignation. Ce sont des contenus qui vont être mis en avant par l'écosystème de ces réseaux sociaux". Depuis le confinement, les spécialistes ont vu une augmentation nette des vidéos et contenus violents.

"Une vidéo violente, ça impacte le cerveau et d'autant plus quand les personnes concernées sont jeunes", ajoute la spécialiste en éducation numérique. Matignon a annoncé en milieu de journée que les plateformes numériques sont convoquées à 18h30 pour une réunion avec des ministres.

"La question de la diffusion ne se pose plus"

Dans toutes les émeutes et manifestations qui ont lieu en France, les jeunes y occupent une place importante, a affirmé, vendredi, le président de la République lors de sa prise de parole lors du Comité interministériel de crise. "J'appelle à la responsabilité des parents. Il ajoute : un tiers des interpellés de la nuit dernière sont des jeunes voire des très jeunes".

Yasmine Buono confirme aussi la circulation de vidéos violentes par un jeune public. " Il n'y a pas de frontière entre la vie réelle et la vie numérique. Ils sont habitués des réseaux sociaux et ils ne se posent plus aujourd'hui la question de la diffusion, ils partagent tout."

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