Enquête de l'IGPN après la parution d'un livre sur les "tueurs à gages" : "Je n’ai jamais été condamné pour cela", réagit l'auteur

Le parquet de Marseille a ouvert une enquête préliminaire, confiée à l’IGPN, après la parution d’un livre sur les tueurs à gages marseillais, suspectant une possible violation du secret de l’instruction. Jean-Michel Décugis, co-auteur, défend son travail en invoquant l’intérêt public et le devoir d’informer.

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Le parquet de Marseille a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire à la suite de la publication du livre Tueurs à gages. Enquête sur le nouveau phénomène des shooters (éditions Flammarion), qui explore le monde du narcotrafic marseillais.

L’enquête, confiée à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale), vise à déterminer s’il y a eu violation du secret de l’enquête ou de l’instruction. Selon le parquet, cette décision fait suite à la "réception de plaintes de justiciables" en lien avec les informations publiées dans l’ouvrage.

Plongée dans le narcotrafic marseillais

Publié le 9 octobre, le livre écrit par Jean-Michel Décugis, Jérémie Pham-Lê et Vincent Gautronneau, trois journalistes du Parisien, plonge dans l’univers du narcotrafic à Marseille, en abordant les nouvelles pratiques des réseaux criminels, notamment leur utilisation des réseaux sociaux. Le livre se concentre particulièrement sur la DZ Mafia, l’un des clans les plus influents et violents de la ville. Début octobre, ce clan a été impliqué dans deux violents narchomicides en l’espace de 48 heures, causant la mort d’un adolescent de 15 ans et impliquant un tueur présumé âgé de 14 ans.

Qui sont ces tueurs à gage ? Pourquoi et comment procèdent-ils ainsi ? Ce sont les questions auxquelles répondent ces journalistes. Un phénomène justifié par la nécessité d'apporter l'information au grand public.

"C’est intéressant pour le public de comprendre ce phénomène"

"Je n’ai jamais été condamné pour cela", assure Jean-Michel Decugis, l’un des auteurs du livre. Il justifie son travail en tant que journaliste d’investigation spécialisé dans les affaires de police et de justice : "Cela fait 30 ans que je suis journaliste et que je viole le secret de l’instruction pour l’intérêt du public. Mon travail, c’est d’avoir accès à ces enquêtes de justice. Le journaliste n’est pas tenu au secret de l’enquête, il n’est pas responsable. Après, il y a les recels, c’est autre chose".

Il souligne que son rôle est de rendre compte de phénomènes de société, et que ces informations servent l’intérêt public : "On ne peut pas laisser sans explication 49 morts en 2023 à Marseille. C’est intéressant de comprendre pourquoi, par qui, et comment ces meurtres sont commandités. Il poursuit, C'est intéressant pour le public de comprendre ce phénomène".

Une frontière délicate entre journalisme et secret de l’instruction ?

Jean-Michel Decugis admet que son travail repose sur des sources potentiellement sensibles, mais il insiste sur le fait qu’il s’efforce de brouiller les pistes pour les protéger. "Quand on est interrogés, on ne révèle pas nos sources. En 2003, lors de l’affaire Cofidis, nos bureaux ont été perquisitionnés, nos ordinateurs et téléphones saisis, mais nos sources n’ont pas été découvertes. Cinq ans plus tard, nous avons mené en justice l’État français. On a été relaxés".

Le journaliste défend son approche : "Que les juges soient en colère parce qu’ils voient leurs dossiers dans un livre, c’est compréhensible, mais chacun fait son travail. Nous, en tant que journalistes, on raconte des phénomènes de société, et c’est notre rôle de fournir ces explications au public." Le journaliste affirme qu’il s’agit là d’un travail mené "en connaissance de cause, ce n'est pas par provocation, on fait notre travail d'intérêt public", et qu’il assume pleinement sa démarche.

Dans le même thème, le Complément d'enquête "Encore mineurs, déjà tueurs" présenté par Tristan Waleckx sera diffusé sur France 2, ce jeudi 24 octobre à 23h.

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