6 mois après le drame de la rue d'Aubagne à Marseille qui a fait 8 morts dans l'effondrement d'immeubles insalubres, la situation des délogés n'est toujours pas résolue. Encore 650 personnes sont encore à l'hôtel ou sont en logement provisoire.
Le 5 novembre dernier, 8 personnes mouraient dans l’effondrement d’immeubles vétustes à Marseille. Un drame qui a mis en lumière la problématique du logement insalubre à Marseille. Dans toute la ville depuis début novembre, 250 arrêtés de péril ont été décrétés. Un peu partout, mais surtout dans les quartiers les plus pauvres de la ville, on a vu apparaître des barrières et des chaînes condamnant l’entrée des immeubles évacués.
Les familles de locataires délogées sont démunies. 650 personnes sont encore à l'hôtel ou sont en logement provisoire.
650 personnes encore en attente de logement
« 40% des arrêtés de péril qui ont été pris n’ont pas été solutionnés, explique Julien Ruas, adjoint au maire, chargé de la prévention et de la gestion des risques urbains. Dans la grande majorité des cas les propriétaires ont fait ou engagé des travaux. Mais il reste malheureusement un pourcentage non-négligeable de propriétaires qui n’ont pas encore démarré les travaux ni n’ont préparé les prémisses de ces études, c’est-à-dire le vote en assemblée générale des travaux. »En attendant que ces propriétaires agissent, leurs locataires sont démunis.
Sans adresse fixe, difficile de faire des demande de relogement. Les personnes logées en hôtel soulignent l'impossibilité de cuisiner leurs propres repas, la promiscuité, les déménagements en fonction des disponibilités dans les hôtels, les enfants qui sont parfois scolarisés loin des hôtels où ils sont logés.
Chaque lundi après-midi, les délogés peuvent bénéficier de l’accompagnement proposé par le collectif du 5 novembre, malgré le guichet unique mis en place par la ville de Marseille. Le collectif propose une aide qui va de l’accompagnement juridique aux dons de produits d’hygiène.
« C’est étrange qu’on soit encore là parce qu’au mois de Novembre, quand on a mis en place la permanence, les gens sont venus parce qu’ils avaient besoin d’un lieu. Petit à petit les gens ont cessé de venir puis sont revenus parce que leur situation n’a pas changé », explique Zohra Boukenouche, membre du collectif du 5.
Un collectif pour accompagner
Les personnes délogées avant le drame ne sont pas prises en charge par le guichet unique de la ville de Marseille. C’est le cas de Baya Gherbi, victime d’un marchand de sommeil rue du Tapis Vert. Délogée en juin dernier, elle vit depuis cette date dans une chambre sans fenêtre, logée dans un hôtel intitulé « tout confort », payé par la ville. « Il n’y a pas de toilettes, pas de salle de bain, rien. Les toilettes sont au premier étage. Il faut monter pour prendre une douche, demander une clé… ». Une seule solution, qui ne lui convenait pas, lui a été proposée.34 hôtels et appart' hôtel ont été réservés par la mairie pour héberger les délogés. Mais que se passera-t-il à l’arrivée de l’été ? « On n’a pas d’hôtelier qui nous mettent dehors. Aujourd’hui l’été arrive, la saison touristique arrive. Les hôtels sont sollicités par les touristes. Mais au fond, nous utilisons peu de chambres du parc hôtelier présent sur la ville de Marseille », rassure Julien Ruas.
Pour le procureur de la République Marseille, Xavier Tarabeux, « il est évidemment trop tôt encore pour établir la question des responsabilités ».
« Nous avons ouvert une information judiciaire confiée à trois magistrats instructeurs, précise-t-il. Ces magistrats instructeurs exploitent les éléments qui ont été recueillis lors de l’enquête de flagrance que nous avions diligentée suite à cet effondrement. Ils ont également entendu les parties civiles et ordonné une nouvelle expertise confiée à deux experts inscrits à a Cour d’Appel de Paris. »
Le parquet, qui enquêtait déjà sur des cas de fraudes autour de l’habitat indigne (fraudes aux prestations, des fraudes aux aides et éventuellement de la fraude fiscale) a élargi ses investigations aux cas de mise en danger de la vie d’autrui.
Le procureur Xavier Tarabeux interrogé par Jean-François Giorgetti