La municipalité a formellement démenti, ce mercredi après-midi, l'utilisation de vitres pare-balles dans l'école de La Cayolle, dans le 9ème arrondissement de Marseille. L'anxiété, elle, est toujours d'actualité dans l'établissement.
L'information s'est propagée comme une traînée de poudre. Tout est parti d'un article publié ce mercredi matin par nos confrères du Parisien, dont le titre (changé dans la journée) était sans équivoque : "A Marseille, bientôt des fenêtres pare-balles à l'école".
L'école en question est un établissement tristement connu du 9e arrondissement, celui de La Cayolle, miné par les violences liées aux trafics de drogue. Le dortoir de l'école maternelle sera t-il équipé de vitres blindées, comme semble le croire un parent d'élève, cité par le média ? Personne à la mairie ne semble au courant.
Vidéosurveillance ou ou réhaussement des murs ?
"Non, ce n'est absolument pas prévu, affirme Pierre-Marie Ganozzi, l’adjoint (PM) en charge du Plan écoles et du bâti scolaire. Des travaux de sécurisation ont déjà été effectués il y a deux ans, avec de la vidéosurveillance et l'installation de concierges".
Faux, répond la maire de secteur, Anne-Marie d'Estienne d'Orves, qui assure qu'"à ce jour, il n'y a toujours pas [de caméras]. Le moratoire de Benoît Payan en son temps a fait arrêter la pose. Aujourd'hui, il en propose 50. J'espère vraiment que les premières caméras seront installées aux abords de cette école. On ne peut pas rester sans vidéosurveillance ici. Ce n'est pas possible".
L'ancien maire de secteur, aujourd'hui député (Renaissance) Lionel Royer-Perreault, réclame lui de réhausser les murs d'enceinte autour de l'établissement.
Une école sous protection policière
Depuis la rentrée scolaire, l'école de la cité de la Cayolle a été placée sous protection policière après plusieurs règlements de compte mortels entre trafiquants.
La crainte d'une balle perdue tenaille les habitants. En plein coeur du quartier, parents et élèves du groupe scolaire des Calanques restent plus que jamais traumatisés par les fusillades liées au trafic de stupéfiants. Une série de quatre règlements de compte cet été a fait deux morts et plusieurs blessés, certains en plein jour.
Depuis que des balles ont été retrouvées dans la cour de l'école maternelle qui fait face au point de deal, la peur et l'inquiétude dominent chez les parents et les enfants, et ce malgré, une présence policière quotidienne aux heures d'entrée et de sorties des classes.
"On aimerait tous faire des dérogations pour enlever nos enfants de l'école et les mettre ailleurs sauf que ce n'est pas possible, raconte une mère de famille qui souhaite garder l'anonymat. A la sortie des classes, le temps que tout le monde rentre chez soi, un drame pourrait vite arriver. Du coup, il faudrait que la police soit tout le temps là !".
Panique après des tirs de chasseurs
Dans ce contexte très anxiogène, la mort de Socayna, une étudiante de 24 ans tuée dans sa chambre d'une balle perdue, le 10 septembre dernier, dans une cité du même arrondissement, a ravivé la peur.
Le sentiment d'insécurité est tel que, vendredi dernier, des tirs provenant de chasseurs évoluant dans le massif des Calanques voisin, ont provoqué un vent de panique chez les élèves, et un droit de retrait des enseignants dès le lendemain.
Un climat tendu, donc, dans lequel la moindre annonce fait tressaillir les parents, les enseignants et les politiques.
Assaillis par les demandes d'interviews des journalistes, la municipalité a annoncé à demi-mots qu'une conférence de presse sur cette question se tiendrait dans l'après-midi à l'hôtel de ville. A l'heure où nous bouclons la rédaction de cet article (18h30), ladite conférence de presse n'a toujours pas eu lieu.