“Je sors toujours accompagnée, ça devient très grave” : les étudiants en médecine se sentent en danger autour de leur fac à Marseille

Depuis plusieurs semaines, le quartier de la Timone à Marseille est devenu le théâtre d’agressions qui frappent les étudiants de la faculté de médecine. Ces deux dernières semaines, trois nouvelles agressions ont suscité une vive inquiétude, incitant une étudiante à lancer une pétition pour "augmenter la sécurité". Une situation qui se répète.

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Nous avons lancé une pétition, et elle a déjà recueilli plus de 1 000 signatures en 24h”, raconte l’instigatrice de la pétition. La pétition intitulée "augmentez la sécurité autour de la faculté de médecine de la Timone" atteint désormais près de 1500 signatures.

Les étudiants ont été choqués, mais surtout très inquiets. Ces derniers jours, plusieurs agressions ont eu lieu autour de la faculté, notamment lundi 28 octobre où trois personnes ont été prises pour cibles dans différents endroits du quartier”.  Le président de l'association étudiante AEM2 précise, “C’est souvent deux jeunes qui s’en prennent aux étudiants pour leur voler des affaires”. Autre particularité : les agressions se déroulent même en journée. L'une d'entre elles a eu lieu aux alentours de 15h, une autre à 17h, ou encore une à 19h.

L’objectif de cette pétition est double : alerter sur la situation et libérer la parole. “Il y en a beaucoup encore qui n'osent pas en parler. On essaie de libérer la parole en créant cette pétition, en décrivant nos agressions, on voudrait qu'ils sachent qu'ils ne sont pas seuls”, explique l’instigatrice de la pétition.

"À l’intérieur de la faculté, nous nous sentons en sécurité. Mais dehors, c’est une autre histoire. Nous, ce qu’on demande, c'est que la police prenne des mesures pour que l’on puisse se déplacer sans craindre une agression. Les études sont là pour apprendre, on ne devrait pas se mettre en danger pour le faire, on aimerait être sereins", déclare Ferréol Bonnetain, le président de l'association des étudiants.

Dans cette réclamation, les revendications sont claires : plus de sécurité au niveau du pourtour de la faculté et de l'hôpital, plus de lumières, plus de vidéos de surveillance et des patrouilles de police pour assurer la sécurité des étudiants, mais pas que. "On veut prendre des mesures parce que ça pourrait même s'étendre aux professionnels de santé et aux patients de l'hôpital", souligne l'étudiante.

Le préfet de police des Bouches-du-Rhône publie aujourd'hui, 31 octobre, sur X, l'annonce d'un renforcement des patrouilles de police suite aux signalement d'étudiants. Des policiers en tenue ou en civil "aux abords de la faculté de médecine et des lieux fréquentés par ses étudiants."

Un quartier bien cerné : “Si un jour, je dois me rendre à Baille, je vais y réfléchir à deux fois

Les zones dangereuses, à éviter, sont bien connues des étudiants. boulevard Baille, rue Sainte-Cécile, rue Sainte-Pierre, rue Pierre-Clos : “J'habite dans le quartier depuis cinq ans et je ne passe jamais par le boulevard Baille, ou par la rue Sainte-Cécile. Si un jour, je dois me rendre à Baille, je vais y réfléchir à deux fois, et je vais y aller accompagnée”, témoigne l’une des étudiantes.

Un climat anxiogène qui change les habitudes étudiantes. "Sortir boire un verre après les cours est devenu compliqué", déplore Ferréol Bonnetain. “On n’habite pas tous au même endroit, il y en a toujours un qui doit rentrer seul. Donc cela oblige ceux qui viennent en voiture à faire plusieurs allers-retours”. Dans la même lignée, une autre étudiante confie : “Avec ce qu’il se passe, je ne suis pas allée aux soirées étudiantes dernièrement, parce que je sais que je vais devoir rentrer tard. Je n’avais pas envie d’être un poids pour mes amis qui devront rentrer tôt à cause de moi. D’autres encore ne vont plus travailler à la BU.” Plus que de la méfiance, le sentiment partagé est celui de la peur. L’une des étudiantes de la faculté confie : "Depuis les rumeurs, franchement, j’ai peur de sortir. Je sors toujours accompagnée. Ça devient très grave."

Pour se tenir au courant, chaque promotion a un groupe de conversation sur smartphone, et dans ce contexte, les informations circulent lors d'agressions. Toutefois, pour les étudiants de première année des promos qui comptent plus de 1500 personnes, contre 550 élèves pour les 2e et 3e années, c’est plus compliqué. “Ce qui est inquiétant pour nous, c'est qu'on n’a pas de visibilité sur deux groupes : les étudiants en PASS (1ʳᵉ année), et les externes qui n’ont pas de groupes de promotion", corrobore François Bonnetain. 

Un passé similaire à la situation actuelle

Un constat actuel s'apparente à celui d'il y a quelques années, c'est ce que déplore l'une des étudiantes en médecine : “Ce n’est pas nouveau. La Timone ça a toujours craint”.

En 2019, une étudiante appelée Marie-Bélen Pisano, âgée de 21 ans, avait été mortellement blessée devant l’hôpital de La Timone. Son agresseur voulait lui voler son téléphone. En 2022, on constate aussi un retour de violences.

Entre vols et violence gratuite, le secteur de la Timone est la bête noire des étudiants marseillais. Ils sont rackettés, et menacés aux armes blanches. 

Des policiers, parfois parents d’étudiants en médecine, avaient à cette époque proposé leur renfort ou leur numéro personnel dans un groupe qui comptait près de 3 000 membres sur Facebook. Des réunions d’échanges avaient été organisées avec la police au sein de l'université, pour écouter les témoignages. Des policiers ont effectué des rondes quotidiennes pour surveiller les lieux jusqu'à l'arrestation des agresseurs. "On avait fait venir la police, et ça s’était estompé parce qu’ils avaient arrêté les jeunes qui volaient", assure le président de l'association étudiante. 

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