Mouvement de colère des policiers : y a-t-il un risque pour le sécurité à Marseille ?

Le service réduit mis en place par les policiers depuis une semaine suite à la mise en examen de quatre collègues et l'incarcération de l'un d'eux, a des répercussions importantes dans les commissariats. Gérald Darmanin recevra d'ailleurs ce jeudi les syndicats de policiers en colère.

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Le mouvement de mobilisation se poursuit à Marseille au sein des forces de l'ordre, suite à la mise en examen de quatre fonctionnaires de police et le placement en détention d'un agent de la BAC, pour violences policières sur le jeune Hedi, en marge des émeutes liées à la mort de Nahel début juillet. Les commissariats tournent au relenti. Un millier de fonctionnaires seraient en arrêt-maladie ou en code 562, service minimum. Une semaine après le début de la protestation policière, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin recevra les organisations policières place Beauvau ce jeudi soir.

"C'est dangereux pour la ville, s'inquiète Kaouther Ben Mohamed, fondatrice de l'association de citoyens Marseille en colère. C'est open bar pour les pickpockets, les marchands à la sauvette et les activités illicites."

"Il est évident que le fait qu'il y ait moins de policiers, la ville est moins bien protégée", reconnaît Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance police 13, auprès de France 3 Provence-Alpes.

Près de 1 000 arrêts-maladies dans le département 

Le syndicaliste comprend l'inquiétude des habitants face à cette baisse importante d'effectifs dans les rangs de la police, mais il comprend aussi le désarroi de ses collègues qui se mettent en arrêt-maladie. "Il vaut mieux avoir un policier bien moralement plutôt qu'il commette des violences sur la voie publique et finisse en prison."

Selon Rudy Manna, le nombre d'arrêts-maladies s'élève jusqu'à 1 000 dans tout le département. Malgré les critiques, il assure qu'il n'y a "aucune complaisance" de la part des médecins. "Lorsque des policiers ne vont pas bien, il est possible de faire des arrêts-maladies. Comme tout le monde."

La justice doit pouvoir faire son travail, sans qu'elle ne reçoit de la pression

Kaouther Ben Mohamed, fondatrice de Marseille en colère

à France 3 Provence-Alpes.

Kaouther Ben Mohamed est dans l'incompréhension la plus totale face à ce mouvement de protestation d'ampleur, initié par les fonctionnaires de police marseillais. "C'est hallucinant qu'ils remettent en cause une décision de justice motivée par des faits."

Des plaintes reportées

La foule devant les commissariats marseillais. Des dizaines de citoyens ont vu leurs démarches être reportées ces derniers jours. Une habitante s'est faite cambrioler dans la nuit de mardi à mercredi, elle n'a pas pu faire son dépôt de plainte sur place. Elle soutient toutefois avoir été bien accueillie et aiguillée pour faire la procédure en ligne.

"Certaines situations peuvent amener les policiers à différer le traitement des prises de plaintes non urgentes", explique auprès de France 3 Provence-Alpes la préfecture de police des Bouches-du-Rhône. Elle précise par ailleurs qu'il n'y a aucun "délai limite pour un dépôt de plainte et qu'une pré-déclaration peut être réalisée en ligne via le dispositif PPEL". Il est aussi possible de se rendre dans des services de police et de gendarmerie différents du lieu où la personne a été victime.

"On comprend que nos concitoyens puissent ne pas être contents que ces plaintes soient reportées, mais nos collègues ne sont pas en état", appuie Rudy Manna.

Un service "ultra-minimum"

Le principal syndicat de police encourage les agents à appliquer "le code 562". Il s'agit d'assurer un service minimum dans les commissariats, c'est un moyen pour la police de montrer son mécontentement.

Mais pour Rudy Manna, cela n'existe pas à Marseille. "Il n'y a pas de collègues en ce moment dans les commissariats, ils sont en arrêt-maladie. Nous sommes en service ultra-minimum."

Le syndicaliste souligne que le mouvement de contestation s'est étendu à toute la France et que c'est le signe d'un malaise général dans la police. "Si tout allait bien dans la police, ça serait resté uniquement à Marseille. Là, c'est national", conclue-t-il.

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