Mutilations dentaires à Marseille : vous n’avez rien suivi au procès Guedj ? On vous résume cette affaire hors norme en 5 actes

La cour d'appel d'Aix-en-Provence a confirmé ce vendredi la condamnation des dentistes Guedj, prononcée en septembre 2022 en première instance pour avoir mutilé des centaines de patients. Voici le résumé de l'affaire.

L'épilogue d'une affaire judiciaire qui a duré une décennie. Vendredi 20 octobre, la cour d'appel d'Aix-en-Provence a rendu son délibéré pour le procès en appel de Lionel Guedj et de son père Carnot, chirurgiens-dentistes condamnés en première instance pour mutilations dentaires et escroquerie sur 374 patients. La peine de huit ans ferme fixée en première instance à l'encontre de Lionel Guedj a été confirmée en appel, comme celle de son père Jean-Claude, de cinq ans de prison ferme. 

France 3 Provence-Alpes vous résume les épisodes de cette saga judiciaire.

Acte 1 : de 2006 à 2012, des centaines de patients mutilés dans un cabinet dentaire

Entre 2006 et 2012, dans son cabinet des quartiers nord de Marseille, Lionel Guedj, 42 ans, chirurgien dentiste, escroque la Sécurité sociale, les mutuelles et des centaines de patients en réalisant des soins inutiles qui relèvent de la mutilation dentaire.

Aidé de son père Carnot, 70 ans, lui aussi dentiste, Lionel Guedj promet à ses patients un "sourire de star", pour poser des prothèses de manière injustifiée à ses patients qui n'en avaient pas besoin.

Le chirurgien dentiste a ainsi dévitalisé 3 900 dents saines sans aucune justification thérapeutique dans le but de poser des bridges rémunérateurs.

Selon la Sécurité sociale, le praticien a posé 28 fois plus de couronnes que la moyenne des dentistes français et facturait des honoraires 14 fois supérieurs à la moyenne départementale. 

Grâce à cette escroquerie, Lionel Guedj devient en 2010 le chirurgien-dentiste le mieux rémunéré de France, gagnant jusqu'à 2,9 millions d'euros par an avec ses honoraires. Il accumule un patrimoine immobilier de 9,5 millions d'euros, acquière des voitures de luxe ainsi qu'un yacht de 15 mètres.

Acte 2 : un procès pour "escroquerie et violences volontaires ayant entraîné une mutilation"

Mis en examen en 2012, placé sous contrôle judiciaire et radié par l'ordre national des chirurgiens-dentistes en 2016, Lionej Guedj est jugé ainsi que son père pour "escroquerie" et "violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente" en février 2022 .

En tout, 374 patients, la plupart des résidents pauvres des quartiers nord de la cité phocéenne, ont été victimes des pratiques peu scrupuleuses des dentistes Guedj.

Au cours du procès, les victimes témoignent à la barre du calvaire qu'elles ont vécu et des conséquences de leurs opérations. Douleurs insupportables, abcès, kystes, bouche noire, prothèses qui ne tiennent pas... Plusieurs plaignants affirment que les Guedj ont brisé leur vie et qu'ils ont aujourd'hui perdu toutes leurs dents et doivent vivre uniquement avec des implants.

Le préjudice financier s'élève à près de 1,7 million d'euros pour la Sécurité sociale. Pour les patients, le montant de certains actes de réparation se chiffre à plusieurs milliers d'euros.

Acte 3 : les Guedj père et fils condamnés à 5 et 8 ans de prison en première instance

En septembre 2022, à l'issue du procès en première instance, le tribunal correctionnel de Marseille condamne Lionel Guedj, le principal prévenu, à huit ans de prison. Le ministère public avait requis la peine maximale de 10 ans de réclusion. Son père, Carnot écope de cinq de prison. Sous mandat de dépôt immédiat, ils sont alors incarcérés. Les Guedj font appel de leur condamnation. En mars 2023, Carnot Guedj est remis en liberté sous contrôle judiciaire par la cour d'appel d'Aix-en-Provence en attendant d'être à nouveau jugé.

Acte 4 : un nouveau procès en appel  

Le 25 mai, les Guedj comparaissent de nouveau en appel à Marseille. Fin juin, les réquisitions de l'accusation tombent. Son représentant demande à la cour de condamner le père à 5 ans de prison, à un placement en détention, ainsi qu'à la confiscation de ses biens. Contre le fils, Lionel Guedj, 10 ans sont requis, soit la peine maximale, 50 000 euros d'amende et la confiscation de ses biens, y compris la maison familiale. Le délibéré final de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a été rendu ce vendredi.

Acte 5 : la peine de huit ans ferme confirmée en appel

La cour d'appel d'Aix-en-Provence a confirmé vendredi 20 octobre la peine de huit ans ferme prononcée à l'encontre de Lionel Guedj, principal accusé dans cette affaire de mutilations dentaires. La cour d'appel a également confirmé la peine de cinq ans de prison ferme prononcée en première instance contre son père Jean-Claude Guedj, 71 ans.

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