Douleurs menstruelles, infertilité, et si la cause était l'endométriose ? Cette maladie touche une femme sur 10 en France. C'est une affection gynécologique assez méconnue. Comment savoir si on est atteinte ? Où se faire diagnostiquer ? Que faire ? France 3 Provence-Alpes vous donne des pistes.
L'endométriose touche une femme sur 10 en France. Alors que la semaine européenne de prévention et d'information sur l'endométriose se déroule du 4 au 10 mars, cette maladie gynécologique reste assez méconnue, même si elle a été mise en lumière par certaines célébrités touchées, qui en sont devenues les ambassadrices. Comment savoir si on est atteinte par cette maladie ? Quels sont les symptômes ? Qui consulter ? France 3 Provence-Alpes vous en dit plus.
Qu'est-ce que l'endométriose ?
"L’endométriose touche une personne menstruée sur 10. Maladie longtemps ignorée, parfois très difficile à vivre au quotidien, l’endométriose se définit comme la présence en dehors de la cavité utérine de tissu semblable à la muqueuse utérine qui subira, lors de chacun des cycles menstruels ultérieurs, l’influence des modifications hormonales", décrit le site Endo France, spécialisée sur cette maladie.
L'Institut de Médecine de la Reproduction de Marseille (IMR) travaille depuis 35 ans sur la procréation médicale assistée et traite notamment l'infertilité causée par l'endométriose. Ce centre s'est spécialisé dans le diagnostic et la prise en charge des patientes atteinte d'endométriose. D'autres centres et établissements de santé sur Marseille traitent également cette pathologie.
Selon l'IMR, cette pathologie touche généralement les femmes de 25 à 45 ans, n’ayant pas ou peu d’enfants et présentant généralement des antécédents gynécologiques opératoires (règles précoces, longues, douloureuses, etc). Le pourcentage de femmes touchées par cette pathologie est estimé entre 6% et 10% de la population féminine générale. "Ce chiffre atteint 35% à 50% des femmes ayant des douleurs pelviennes et une infertilité", précise l'IMR.
Comment reconnaître les symptômes de l'endométriose ?
De nombreuses associations, à l’image d’ENDOFRANCE et du BAMP, ont mis en place des dispositifs d’aide, de soutien et d’accompagnement, pour orienter au mieux les femmes touchées pour l’endométriose à rencontrer les meilleurs spécialistes.
"Ses symptômes, tout comme ses retentissements, sont variables d’une personne à l’autre, ce qui rend d’autant plus difficile sa compréhension, mais aussi son diagnostic dont le délai moyen est encore de sept ans. On a coutume de dire qu’il existe autant d’endométrioses que de personnes atteintes, il est donc impossible d’établir un profil type des personnes atteintes", précise la fondation de la recherche de l'endométriose.
Dans les symptômes assez récurrents pouvant déjà mettre la puce à l'oreille, il y a des règles douloureuses, des troubles digestifs, des troubles urinaires, des douleurs lors des rapports sexuels, des douleurs pelviennes ou encore de la fatigue chronique.
Quel professionnel de santé consulter ?
Face à des douleurs intenses pendant les règles, voire entre les règles, ou des difficultés à concevoir un enfant, le médecin pratique un examen clinique, et en particulier un examen gynécologique.
Tout d'abord, les femmes doivent consulter un médecin dans le cadre d'une première consultation pour exposer ses doutes et ses questionnements.
Un algorithme (Shiny Deva) et une application (Luna For Health) existent également et grâce à leurs questionnaires, les femmes peuvent déjà se faire une idée de la probabilité d'être atteintes ou pas, mais n'excluent en rien la consultation auprès d'un spécialiste.
"L’interrogatoire de la patiente, quand il est bien mené, par les médecins généralistes, gynéocologues ou sages-femmes, doit pouvoir orienter le diagnostic : questions sur le type de douleur, son intensité, sa fréquence, sa durée et ce qui la soulage. On doit également vous questionner sur les troubles associés : douleurs pendant les rapports sexuels, troubles digestifs, urinaires, saignements anarchiques, douleurs à la marche", détaille le site Endo France.
Comment se passe l'examen gynécologique ?
Un examen clinique (examen gynécologique) est souvent nécessaire pour aider au diagnostic et orienter la prescription d’une échographie ou d’une IRM. Il peut inclure un toucher vaginal et/ou un toucher rectal, qui peuvent se révéler utiles avant une prise en charge chirurgicale pour préciser la nature ou l’anatomie des lésions et leurs retentissements.
Ces examens doivent bien sûr être réalisés dans le respect des patientes et de leur intimité, avec une information préalable sur la nécessité de ces gestes techniques et sur leur caractère parfois douloureux compte tenu de l’endométriose. Ils seront pratiqués après avoir obtenu le consentement de la personne. Ils peuvent être stoppés si la douleur est trop importante et si la personne le demande.
L'IRM ou l'échographie ?
Selon les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS), l’échographie pelvienne est l’examen de première intention pour le diagnostic de l’endométriose.
"C’est un examen radiologique, utilisant les ultrasons, qui permet de visualiser les organes internes. Pour plus de précisions et pour visualiser le col de l’utérus, on pratique une échographie endo-vaginale ou endo-pelvienne par l’introduction d’une sonde dans le vagin. Cet examen, habituellement indolore, est surtout utile pour déceler la présence de kystes ovariens. Les autres lésions peuvent malheureusement passer inaperçues", détaille Endo-France.
En 2e intention, c’est l’IRM qui est proposée. Ces examens d’imagerie doivent être réalisés par des radiologues qui sont formés à l’endométriose.
"Cet examen utilise une technique d’imagerie par résonance magnétique permettant d’obtenir des vues en 2D ou 3D. Cet examen offre une observation précise des tissus 'mous', tels que les organes internes. Dans le cas d’une endométriose, l’IRM permet de détecter des kystes, des nodules ou des lésions d’endométriose profonde", précise Endo France.
Quelle prise en charge peut-on vous proposer ?
Si le mot est posé sur la pathologie, alors plusieurs types de prise en charge seront proposées suivant l'étendue et la spécificité de l’endométriose. Le choix du traitement est personnalisé.
Pour diminuer la douleur et les lésions d’endométriose, "différents médicaments peuvent être prescrits. Dans certains cas, une intervention chirurgicale est proposée pour retirer les lésions. Un soutien psychologique est parfois nécessaire", explique l'assurance maladie.
Dans les autres situations, un traitement est mis en route. Il associe un traitement hormonal et un traitement antalgique.
"Afin de réduire les lésions d’endométriose qui sont hormono-dépendantes et qui évoluent selon le cycle menstruel, le médecin prescrit des médicaments qui provoquent l'arrêt des règles (aménorrhée)" indique l'assurance santé. Grâce à la suppression des règles et donc la disparition des saignements au niveau des lésions d’endométriose, les douleurs s’atténuent ou disparaissent et les lésions régressent. Cependant, certaines lésions comme les adhérences et les lésions fibreuses cicatricielles sont insensibles aux hormones et ne régressent pas grâce à ce traitement.
"Les traitements hormonaux recommandés en première intention dans la prise en charge de l’endométriose douloureuse, sont la contraception par œstroprogestatifs", indique la Haute autorité de santé, (HAS).
"Les traitements hormonaux recommandés en deuxième intention dans la prise en charge de l’endométriose douloureuse sont des moyens de contraception microprogestative orale" ajoute la HAS.