Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille est revenu sur les 13 interpellations menées en lien avec le double homicide de Salou. Il assure avoir porté un grand coup à la criminalité organisée liée au trafic de drogue.
Neuf personnes, dont cinq femmes, ont été mises en examen dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de deux Marseillais, le 3 mai 2023, dans la station balnéaire de Salou, en Espagne, a annoncé Nicolas Bessone, le procureur de la République de Marseille aux journalistes ce lundi 22 janvier. Une enquête minutieuse qui a pu aboutir grâce à la coopération entre la Brigade criminelle de la PJ de Marseille et les services de police espagnols. France 3 Provence-Alpes vous résume ce qu'il faut retenir de cette conférence de presse conjointe des autorités marseillaises et catalanes.
Le plus jeune a 19 ans
Le plus jeune individu a 19 ans, le plus vieux a 55 ans, la majorité a entre 20 et 25 ans. Neuf personnes ont été déférées. "Nous estimons avoir mis en examen les quatre membres du commando auteur de l’assassinat”de Salou", a déclaré le procureur de la République de Marseille.
Le commando qui s'est rendu en Espagne pour assassiner les deux Marseillais au pied d'un hôtel de Salou sont affiliés à l’organisation criminelle marseillaise, DZ Mafia. Les victimes appartenaient au clan adverse Yoda. Selon le magistrat, ce double narchomicide a été "un élément paroxystique" du contentieux entre les deux gangs, démontrant la capacité de la DZ Mafia à "monter un commando, se projeter à l'étranger et assassiner" non pas des petites mains du trafic, mais des "membres éminents du clan adverse". A Marseille ces derniers mois, 35 narchomicides ont été directement liés à la rivalité entre ces deux clans, a souligné Pascal Bonnet, adjoint à la police judiciaire dans le sud de la France.
Une femme a "donné le go" à Salou
Les huit mois d'enquête ont débouché la semaine dernière sur l'interpellation de ces 13 personnes dans le sud de la France. "Nouveauté, il y avait huit femmes", pointe Nicolas Bessone. L'une des cinq femmes mises en examen aurait "donné le go" du règlement de comptes de Salou. Cette affaire illustre un "phénomène nouveau" au sein des organisations criminelles qui "n'hésitent pas à recourir à des jeunes femmes qui ont des rôles dans ces organisations", selon Nicolas Bessone.
Les quatre autres sont suspectées d'avoir aidé le commando après les assassinats. Les quatre hommes étaient déjà détenus dans le cadre d'autres assassinats imputés à la DZ Mafia, a précisé M. Bessone.
La coopération des services de police est "l'avenir"
L'interpellation récente de ces 13 personnes est le fruit d'une coopération entre l’Office Central de Lutte Contre le Crime Organisé, la Brigade criminelle de la PJ de Marseille et les services de police espagnols sous la direction des juridictions d’instruction de Marseille (JIRS) et de Tarragone. Le commissaire général Yann Sourisseau, chef de l’OCLCO, Philippe Frizon, chef du SIPJ de Marseille, et le commissaire Juan Carlos Granja Figueras, adjoint au chef du Comissaria General d’Investigacio Criminal de la Generalitat de Catalunya, participent également à la conférence de presse.
Le procureur estime que ce type de coopération entre les pays concernés par le trafic de drogue est "l'avenir" et "une des clés" pour lutter contre la criminalité organisée.
Nicolas Bessone se félicite de cette collaboration et de cette opération d'envergure. Il note une baisse des règlements de compte, puisqu'aucun narchomicide n'a été commis depuis le début de l'année.
Une criminalité qui "inquiète beaucoup" en Espagne
"La Catalogne peut être une base de repli pour les criminels marseillais, a rappelé le procureur de Marseille, ils ne s'arrêtent pas à la frontière française". Cette exportation de la criminalité marseillaise en Catalogne "inquiète beaucoup" en Espagne, a admis Francesc Moragas, responsable des investigations criminelles sur Tarragone.
L'Espagne est une des routes d'importation de la drogue en Europe, mais aussi un lieu de villégiature privilégié de la délinquance marseillaise, voire une "zone refuge" : une des deux victimes s'était ainsi installée en Catalogne, a souligné Joan Carlos Granja Figueras, adjoint au chef du commissariat général chargé des investigations criminelles en Catalogne.