Après l'évacuation en urgence de 150 personnes de deux immeubles à Martigues, pour péril imminent, les tensions sont vives entre les habitants et le bailleur social 13 Habitat.
Dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 septembre, près de 150 personnes ont dû être évacuées de deux immeubles, à Martigues, en raison de l'apparition d'une fissure sur le bâtiment K et sur le bâtiment M. Ce sont au total 54 appartements qui sont concernés.
Ambiance explosive au centre social, où l'organisation de la prise en charge des évacués était assez chaotique comme a pu le constater notre équipe de France 3 en reportage sur place. Évacués depuis ce week-end, les habitants attendaient des informations sur le relogement.
"Moi, je ne veux plus rester ici, c'est fini, je suis traumatisée, mes enfants ont peur", explique cette mère de famille à France 3 Provence-Alpes. Le flou persiste et ajoute du stress à la situation pour les résidents.
"Aucun recensement n'a été fait, ils ne savent pas s'il y a des morts ou pas, mon voisin du 1e est mort depuis deux jours, ils l'ont laissé", s'énerve un père de famille.
Des points de vue qui divergent
Selon des habitants, cette fissure n'est que la conséquence d'un manque d'entretien de longue date et de nombreux signalements sans suite avaient été faits depuis longtemps.
"Ces bâtiments, voilà cinq ans que je leur dis que qu'ils vont faire comme le Titanic et se couper en deux, ce n'est pas anodin, et cela ne date pas d'aujourd'hui qu'ils sont alertés sur l'état du bâtiment. Ils n'ont rien fait en amont et maintenant c'est la catastrophe", détaille un habitant qui estime n'avoir pas été pris au sérieux.
Son de cloche totalement différent du côté de 13 Habitat, " Je comprends parfaitement leur colère, je comprends qu'ils fassent des liens, mais aujourd’hui, je ne peux pas partager les liens entre les alertes qu'ils auraient pu faire sur des désordres que l'on qualifie nous de gestion, et cette fissure extrêmement particulière qui vient d'une force complémentaire qui a fait craquer le béton selon les experts".
"Ils n'ont plus rien"
Une divergence de points de vue qui met le feu aux poudres."Ils n'ont plus rien. Même les clefs de leur voiture ou les affaires d'école des enfants. Leurs logements sont inaccessibles." Gaby Charroux, le maire de Martigues fait face à l'urgence.
Les habitants qui n'ont pu être hébergés par des proches sont accueillis dans le gymnase Di Lorto, mis à disposition.
Par ailleurs des habitants d'autres bâtiments sont venus eux aussi signaler des problèmes, ce qui a engorgé les services déjà bien occupés par le relogement.
Cela a créé des tensions entre résidents. Le bailleur social gère 33.000 logements dans les Bouches-du-Rhône dont 22.000 doivent être prochainement rénovés dans le cadre d'un plan de 4 milliards d'euros. Les chantiers, qui devraient débuter fin 2024, s'étaleront jusqu'en 2040.