Des pédiatres des hôpitaux publics de Marseille tirent la sonnette d'alarme : en deux mois, 16 enfants ont été transportés aux urgences après une noyade. Trois d'entre eux sont décédés. D'autres ont gardé de graves séquelles. Les pédiatres rappellent les parents à la vigilance.
"Il suffit de 30 secondes pour basculer dans le drame"... Inquiet par le nombre importants d'enfants transportés aux urgences pour noyade (16 victimes en deux mois à l'hôpital de la Timone à Marseille), trois pédiatres urgentistes marseillais réagissent en rappelant le rôle ultra-important des parents pour la surveillance de leurs enfants.
500 décès par noyade en France chaque été
« Depuis début juin, nous avons accueilli 16 enfants aux Urgences pédiatriques après une noyade. Trois d’entre eux sont décédés, d’autres garderont possiblement des séquelles neurologiques », s’alarment les Dr Violaine Bresson, Aurélie Boutin et Sophie Pailhous, pédiatres aux Urgences enfants de la Timone (APHM), et Michaël Tsapis, médecin-réanimateur au SMUR (APHM).A l'hôpital de la Timone, un quart des jeunes victimes ont été admises en réanimation, les autres on dû être hospitalisées.
« La noyade n’est pas un événement anodin »
insiste le Dr Aurélie Boutin, dans un communiqué de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille.
" L’irruption d’eau dans les poumons entraîne une privation d’oxygène, en particulier au niveau du cerveau et du cœur, qui peut provoquer rapidement l’arrêt cardiaque et le décès si le patient n’est pas secouru à temps".
Chaque été en France, 500 cas de noyade sont répertoriés. Pour les moins de 15 ans, il s'agit de la première cause de mortalité par accident. 15% des enfants de moins de 6 ans en sont victimes.
Très peu d'eau suffit pour se noyer
« Contrairement aux idées reçues, il suffit de très peu d’eau pour se noyer", explique le Dr Michael Tsapis, avant de poursuivre :Le médecin réanimateur du SMUR explique que "89% des accidents se sont produits en bord de mer, et 69 % des victimes ont dû être hospitalisées"."inhaler l’équivalent d’un grand verre d’eau peut provoquer des lésions pulmonaires compromettant l’oxygénation"
Les autres noyades se sont produites dans une piscine privée, un lac et même des ruisseaux.
« La première surveillance, c’est celle des parents »
Pour les pédiatres, le rôle de surveillance des parents est primordiale. Beaucoup d'accidents pourraient ainsi être évités. Sur une plage fréquentée par des centaines de baigneurs, les maîtres-nageurs ne peuvent surveiller tous les baigneurs. Pour le Dr Violaine Bresson, "la première des surveillances, c’est celle des parents ». Particulièrement pour les moins de 3 ans.« Un adulte doit être désigné pour surveiller un enfant et ne pas le lâcher du regard. En 30 secondes, tout peut basculer : le temps de répondre au téléphone, d’aller aux toilettes ou d’acheter une boisson »
ajoute le Dr Sophie Pailhous. « Il faut être près de lui en permanence ».
Le port des brassards est nécessaire, même sous la surveillance des adultes. D'autant plus, comme l'indique l'APHM dans son communiqué, que "à Marseille 3 enfants sur 4 ne savent pas nager, faute d’équipements aquatiques adaptés, alors que la moyenne nationale est de 50%"
Le soleil, un autre danger
Les pédiatres en profitent pour prévenir d'un autre risque : le soleil. Sans prévention, la journée peut se terminer à l'hôpital.Ils préconisent ainsi de :
- Eviter de s’exposer au soleil entre 11h et 16h, en sachant qu’un parasol ne protège pas des rayons UV et donc des effets nocifs du soleil
- Appliquer au moins toutes les 2 heures une crème solaire indice 50 +
- Donner régulièrement à boire de l’eau aux tout petits pour éviter la déshydratation
- Eviter d’amener à la plage un enfant de moins de trois mois.